Cinque bambole per la luna d'agosto - 1970
aka
Cinco muñecas para la luna de agosto |
Réalisateur - Mario Bava |
Scénario - Mario Di Nardo |
Acteurs - William Berger, Ira von Fürstenberg, Edwige Fenech, Howard Ross, Helena Ronee, Teodoro Corrà, Ely Galleani, Edith Meloni, Mauro Bosco, Maurice Poli |
Musique: Piero Umiliani |
Quatre couples sont réunis sur une île, avec deux domestiques, afin de discuter affaires; l'un d'entre eux vient en fait d'inventer une formule scientifique qui permettra à son possesseur de s'enrichir à coups de millions. Il y a là l'allumeuse typique, les industriels véreux de service et leurs épouses, dont deux lesbiennes qui n'ont pas envie qu'on apprenne leur liaison. Leur week-end de vacances se gâtera quand le corps d'un domestique sera retrouvé sur la plage avec une jolie plaie béante à la poitrine. Dès lors ils se rendront compte que pour certains d'entre eux, la vie humaine ne vaut pas cher la livre. Après une période surtout marquée par des films de commande réalisés à contrecoeur ou pour l'argent, avec de gros budgets, le retour de Bava au giallo à petit budget se déroulant dans un seul et même lieu, pratiquement sans effets spéciaux, est un huis-clos plutôt réussi. Le style photographique du maître transpire dans chaque plan, et ses zooms de ponctuation n'ont jamais été aussi bien utilisés. On ne ménage pas les orgies psychédéliques de couleurs qui se fondent l'une dans l'autre dans une sublime sarabande visuelle. Edwige Fenech joue la séductrice impénitente et on regrette qu'elle ne figure que dans quelques scènes. La musique tropicale et envoûtante est un agrément qu'il serait difficile de négliger, créant une ambiance touffue que vient confirmer la végétation quasi tropicale de l'île. L'intrigue bien ficelée se déroule sans une seule anicroche, et on est loin de l'incohérence parfois reprochée au genre en général. Un bon film pour s'initier à l'univers feutré et coloré d'un des meilleurs réalisateurs italiens de l'époque. P.A. Buisson Coincé avec la trame connue d'un Agatha Christie et n'ayant qu'une fin de semaine pour préparer le film, Bava s'amuse encore à nous amener sur plein de fausses pistes. Sa caméra racole Edwige Fenech, ici en garce mignonne, les éclairages sont toujours soignés. La musique est du tonnerre, le ton léger, l'ironie et l'humour noir abondent. On ne croirait pas du tout que Bava était mal pris. Et il signe le montage.
Le
dvd offre une image et des couleurs superbes. En version anglaise ou
originale sous-titrée, le noeud de l'intrigue, que je n'avais
pas saisi en voyant la version française, nous rappelle les
fins légères de ses films comme THE GIRL WHO KNEW TOO
MUCH, l'original BLACK SABBATH ou le futur BAY OF BLOOD. Il est quand
même curieux qu'un cinéaste qui pratiquait l'humour dans
ses films au scénario sombre n'aie pas tellement réussi
la seule vraie comédie qu'il ait signée, son DR
GOLDFOOT. Mario Giguère Ce film mineur de Mario Bava a quand même quelques qualités : l'habituel style du cinéaste italien, une équipe d'acteurs plaisants (dont William Berger et Edwige Fenech) et une bande son lounge de Piero Umiliani. Pour le reste, il s'agit clairement d'une commande : transposer (sans trop souligner le démarquage) à l'écran le célèbre roman d'Agatha Christie, Les dix petits nègres. On retrouve donc dix personnages sur une île. Trois d'entre eux désirent acheter une formule industrielle à un scientifique, lequel ne désire pas la vendre, malgré l'offre alléchante. Bientôt, les meurtres commencent à survenir et l'on suppose que quelqu'un parmi les dix manigance en vue d'obtenir l'argent, la formule ou les deux. Comme souvent dans ce genre de films, la logique est un peu malmenée au profit des coups de théâtre. Je n'ai rien contre la logique malmenée, soit dit en passant, lorsqu'elle s'inscrit dans un cadre fantastique ou irréel, mais lorsqu'on baigne dans un cadre tout à fait réaliste, il s'agit plutôt de paresse scénaristique que d'un effet voulu délibérément. Le style très distancié dans lequel baigne le film finit par laisser le spectateur indifférent au sort des personnages. Chaque mort n'a pas grand impact, et la musique légère d'Umiliani semble indiquer que tout cela n'est qu'un jeu un peu vain. Même les personnages ne s'en formalisent pas, préférant batifoler dans l'île, boire ou jouer aux échecs. Il faut donc prendre le film pour ce qu'il est, qui, hélas, signalait déjà la tournure prise par la carrière de Mario Bava à partir de ce moment-là : sauf exception, des films de commande sympathiques mais sans grandes conséquences, entrecoupés de périodes de silence. Seule la fin de ce long-métrage fait sortir le " vrai " Bava, une fois l'intrigue des Dix petits nègres expédiés, on l'on retrouve tout à coup la griffe scénaristique et visuelle du cinéaste, l'espace d'une dizaine de minutes, hélas trop furtivement écoulées. Howard Vernon |