L'HISTOIRE DE MARTIN LE MALIN par CHLORO

  Il s'agit de bribes de correspondance avec un auteur de fanzine belge, alors c'est un peu décousu...

La véritable histoire de Martin

 «Tout d'abord, j'aimerais préciser que si je suis un "connaisseur" c'est surtout dû au fait que pratiquement personne d'autres (dans les pays francophones) n'est vraiment au courant des faits. Malheureusement, je n'ai plus l'original de mon article. Je l'ai donné à Numa Sadoul qui s'en est servi, entre autres, pour documenter le procès Hergé-Mulder (SCHTROUMPF- Les Cahiers de la Bande Dessinée, N° 14/15, page 79: "Hommages, contrefaçons, imitations, plagiats,etc...", réédition 1978).

    Mais, en me servant de mes notes -retrouvées en filières- et de ma mémoire, je peux esquisser un petit survol de l'oeuvre.

     En 1926 naît Josef Hans Koeleman (1), à Utrecht en Hollande. Attiré très jeune par le milieu de la peinture, mais issu d'une famille pauvre, ce n'est qu'en mars 1950 qu'il arrive à Amsterdam pour s'inscrire à l'École de Graphisme & des Beaux Arts. Il loge, à cette époque, chez son frère aîné, Pieter Koeleman. Ce dernier - fait très important pour la suite de l'histoire - est marié et père de 2 jeunes enfants, âgés respectivement de 6 et 7 ans.

   Dans la mansarde où il réside, Josef reçoit souvent la visite de ses neveux... qui, à l'occasion, apportent des... bandes dessinées. Très vite, le jeune peintre se rend compte que les enfants, sachant à peine lire, sont un peu rebutés par leurs "Tintin". Et, il lui vient une idée: pourquoi ne pas dessiner une histoire mais en empruntant un style de dessin un peu (et volontairement) maladroit, plus proche de ce que font tous les enfants du monde lors de leur incontournable période "On dessine 5 à 10 dessins par jour, Na!"! C'est ainsi que naît, en 1951, "De Avonturen van Pinkie Pienter", tome 1: "De Grote Overwinning" & tome 2: "Het Geheïm van de Gouden Tempel" (2).

    Devant l'enthousiasme de ses neveux et de leurs amis, Koeleman emprunte et (en 1952) édite, à compte d'auteur, les deux volumes. Succès d'estime... mais désastre financier!

    L'histoire pourrait se terminer ici. Mais, en janvier 1953, une vieille et très réputée maison d'édition hollandaise, "Mulder en Zoon" (= Mulder & sons = Mulder & fils), offre un contrat au jeune homme de 26 ans. Ce sera le début d'une association de près de six ans au cours de laquelle, J.H. Koeleman dessinera 12 albums (qui ne seront jamais égalés par les successeurs!) et 24 couvertures pour les "Albums Tricolores", qui reprennent les histoires en feuilletons. Le succès sera foudroyant en Hollande d'abord, puis dans les pays scandinaves, en Allemagne, en Belgique, au Canada...

    Ce sera aussi une période marquée par de nombreuses disputes entre Mulder et Koeleman, qui prendra de plus en plus ses distances jusqu'à l'inévitable rupture, lors de l'exposition universelle de Bruxelles, en 1958. Koeleman retourne donc à sa chère peinture.

    Mulder se retrouve sans dessinateur... avec une demande inouïe et pressante! On engage, sans trop vérifier ses états de service, le jeune Alexo ("Lex") Overeijnder (1931-1984) qui se révélera surtout un faussaire insolent. Assez vite, on le remplace par Berend Dam (B.Dam ou Bédam), dessinateur-maison qui vient de produire 24 albums de "Bully Dog", une série animalière, en 2 ans!

   Puis, vient le procès avec Hergé. Overeijnder avait décalqué plus de 100 dessins (au minimum!) du père de Tintin. C'en était trop! Et après un long combat légal entre la Belgique et la Hollande, on appose définitivement le mot "FIN" aux aventures de Martin le Malin... qui aura finalement trouvé plus malin que lui.

  Une bien triste fin pour cette série. D'autant plus, qu'au cours des années soixante, une nouvelle distribution, dans un format légèrement plus petit a relancé le succès de la série. En fait, Martin n'a jamais été aussi populaire!

   Mais, Hélas?, c'est au tour de J.H. Koeleman de poursuivre Mulder en justice. En effet, pour produire les nouveaux albums (cartonnés ET brochés), on n'a pas réduit les dessins des couvertures; non, pour simplifier (lire $$$) on a tout simplement "coupé" les images pour les faire entrer dans le nouveau format! Devant cette mutilation de son oeuvre, Koeleman se rebiffe et gagne facilement son procès. Cette fois-ci, c'en est bien fini.

  Sauf, bien sûr, dans le souvenir des nostalgiques maintenant devenus collectionneurs.

 

(1) Et non pas "Johan", comme je l'avais préalablement écrit par erreur.

(2) Les Aventures de Martin le Malin, La Grande Course, Le Mystère du Temple d'Or.

Mini fiche technique

 Dessins de couverture des albums brochés (16 pages):

1 à 24: J.H. Koeleman  |  25 à 41: Dlexo  |  42 à 50: A. Overeijnder  |  51 à 60: B. Dam

Dessins de couverture des albums cartonnés (54 pages):

En principe, les auteurs des 22 histoires dessinent la couverture. Mais, il y a un doute sur l'album 12 "La Malette au Trésor" qui "pourrait" être de Dlexo?

"La Serviette de Cuir Brun" a été partiellement dessinée, par Overeijnder, d'après des croquis laissés par J.H. Koeleman. Idem pour une partie de "La Couronne de Tchoung-Ho".

Formats des albums cartonnés:

D'abord 28.9cm X 19.6cm, puis réduit à 27.5cm X 19.5cm.

Formats des albums brochés:

D'abord 28.4cm X 21.2cm, puis réduit à 26.4cm X 19.15cm.

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   Voilà. C'est un résumé, mais vous en savez maintenant plus que 99.9% des gens sur Martin le Malin.»

   Autres précisions nécessaires:

1. « En 1964, les Éditions Mulder tentèrent de relancer la série Martin le Malin en publiant sa 22e aventure en UN album broché de 16 pages contenant une histoire complète. Ce fut le 60e et dernier album Tricolore intitulé: "La Base Mystérieuse". J'en ai un exemplaire en double. Mais, aujourd'hui, il est absolument introuvable!»

2.« J.H. Koeleman n'a jamais, mais alors là absolument jamais été impliqué dans quelque forme de plagiat que ce soit. C'est un homme "propre", dans tous les sens du terme. J'ai eu une longue conversation avec lui, à Grimbergen.»

3. «L'album utilisé lors du procès ( # 48 ) est le seul à avoir été "impliqué". Je pense que Hergé ignorait qu'il y avait d'autres plagiats (?). Si vous allez sur le site martinlemalin.com, à la rubrique "Tintin et Martin", et que vous cliquiez sur le n° 48, vous verrez tous les "emprunts" de Overeijnder pour cet album. Ou, plus simplement suivez ce lien,  le chargement est un peu long mais ça vaut la peine!

martinlemalin.com/emprunts/no48.html

D'après le webmestre, Berend Dam aurait été lui aussi impliqué dans quelques cases plagiées. Surprenant, mais devant l'évidence... »

4. «Oui, il y a deux formats aussi pour les albums cartonnés. Ces "grands formats" (GF) sont bien supérieurs aux autres. D'abord l'image est "entière", l'impression supérieure, les cases plus grandes, la reliure véritable, etc... même la surface des couvertures possède un "relief" étonnant.»

5. «Une copie de l'édition originale hollandaise du "Temple d'Or" qui s'est vendue à un prix exorbitant sur un site d'enchères scandinave, 733 euros! Comme quoi, il n'y a pas que Tintin qui cote!»

6. «Parmi les sujets de dispute entre Mulder et Koeleman, il y avait l'idée de reprendre les albums cartonnés en fascicules brochés. Koeleman était contre, car trois fois 16 pages, ça donne évidemment 48 pages. Il pensait donc que, amputées de 6 pages, les histoires (originalement de 54 pages) seraient plus difficiles à suivre pour les enfants. Lorsqu'il a quitté les éditions Mulder, ces derniers ont décidé de se venger, de façon très mesquine, en publiant son dernier album terminé, "La Malette au Trésor", en seulement 2 fascicules de 16 pages (N° 40 & 41). Du coup, l'histoire passant de 54 à 32 pages devenait complètement incompréhensible. Plutôt salaud, si vous voulez mon avis.»

7. «La dernière chose qui a motivé le départ de Koeleman, est qu'on ait imprimé la couverture de l'édition française de l'album "Martin le Malin Pilote d'Essai" à l'envers (pas de haut en bas, mais de gauche à droite comme dans un miroir). Mulder n'a jamais voulu rectifier l'erreur, prétextant que ça aurait coûté trop cher. On se demande vraiment comment le créateur de Martin a pu demeurer aussi longtemps chez des... hum!... zèbres pareils!»

8. «Les albums brochés auraient des images "véritablement réduites"? Tonnerre de Brest! Il faut que je vérifie cela...»

9. «Tout ça me fait penser que dans les Martin grand format, chaque histoire possédait des pages de garde différentes, personnalisées avec des dessins inédits se rapportant à l'album en question. Avec l'arrivée des petits formats, les pages de garde de tous les albums sont toujours celles de l'EO de "La Grande Course"... encore une "économie" Mulder. Cordialement,  Jean-Claude aka Chloro

ERRATUM: Les albums brochés (16 pages) ont des illustrations de couverture RÉELLEMENT réduites et non tronquées. Seuls les albums cartonnés (54 pages) ont des images de couverture mutilées.

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