Panoramique des films mettant en vedette Alain Delon, acteur, réalisateur, producteur, une suggestion de Mathieu Lemée.

Mise à jour le 11 novembre 2009

ADIEU L'AMI aka Honor Among Thieves aka Due sporche carogne - Jean Herman avec Charles Bronson, Alain Delon, Olga Georges-Picot, Brigitte Fossey, Bernard Fresson, 1968, France/Italie - 115m

Dino rencontre une femme prénommée Isabelle par hasard et apprend qu'elle a détourné des titres au porteur d'une importante société. Afin de lui plaire, il se propose de cambrioler le coffre-fort de la société afin d'y replacer les titres volés. Un dénommé Propp s'impose à lui pour cette opération afin de dérober les millions contenus également dans le coffre-fort. L'opération se déroule bien mais les deux hommes ont la surprise de découvrir que le coffre-fort est vide. Ils prennent la fuite mais Propp se fait arrêter par la police. Par amitié pour Dino, il refuse de le dénoncer, ce qui laisse le temps à celui-ci d'essayer de démasquer le véritable auteur du vol des millions pour se disculper.

Jean Herman est d'abord connu sous le pseudonyme de Jean Vautrin comme auteur de polars. Sous son vrai nom cependant, il a scénarisé plusieurs films policiers français et en a même réalisé quelques-uns. Pour ce film-ci, il a adapté avec adresse un roman et un scénario de Sébastien Japrisot. Les deux hommes ont d'ailleurs su donner au film un cachet bien personnel qui fait ressortir le sens de l'honneur et de l'amitié chez les deux héros. Le dialogue est quelque peu littéraire mais l'intrigue ne manque pas de punch et contient de bons moments d'action. La mise en scène est sûre d'elle-même grâce à de bons cadrages et un montage solide. Les éléments psychologiques sont intéressants dans l'analyse et la description des caractères et une certaine recherche de l'effet dans le ton du récit sont d'autres éléments originaux que l'on peut relever. Il s'agit donc d'un polar de grande qualité même si la fin apparaît quelque peu surchargée. Bronson et Delon offrent une interprétation digne de mention grâce à un lien de complicité tangible. Mathieu Lemée

ARMAGUEDON aka Armaggedon aka Quel giorno il mondo tremerà - Alain Jessua avec Jean Yanne, Alain Delon, Michel Duchaussoy, Renato Salvatori, Marie Déa, Gabriel Cattand, Michel Creton, Jeanne Herviale, Anna Gaylor, Robert Dalban, 1976, France/Italie, 95m

Un mécanicien pauvre et désenchanté, Louis Carrier, manoeuvre pour hériter d'une forte somme d'argent suite à la mort de son frère dans un accident. Devenu riche, Carrier décide de se servir de sa fortune pour se faire connaître à tout prix au monde entier afin de souligner la condition larvaire des personnes ayant la même situation que lui pour se venger de la société qui les maintient dans cet état. Avec l'aide d'un dénommé Einstein et sous le pseudonyme d'Armaguedon, il montre à la police comment il est facile d'approcher diverses personnalités pour les tuer en se faisant photographier avec eux et il menace d'assassiner un homme important. L'inspecteur Vivien fait alors appel à son ami, le docteur et psychiatre de grande renommée Michel Ambrose et ensemble, ils tendent un piège à Carrier après avoir fait son profil psychologique. Carrier échappe cependant aux flics et en guise de représailles afin de montrer le sérieux de ses intentions, il tue un couple de prostitués. De plus en plus mégalomane, Carrier/Armaguedon obtient finalement la permission de faire transmettre à la télévision un film où il expose ses conceptions idylliques de la société après avoir chargé son complice Einstein de faire exploser une bombe dans un théâtre rempli de gens. Vivien et Ambrose réussiront toutefois à contrer Carrier.

Tiré d'un roman de David M. Lippincott, ce thriller d'une actualité cauchemardesque est solide autant par les aspects de déséquilibre psychologique du personnage principal de Louis Carrier, les observations sociologiques pertinentes, voire avant-gardistes sur l'emprise grandissante des moyens de diffusion médiatiques (particulièrement la télévision qui se sert du voyeurisme macabre des spectateurs en jouant avec leurs peurs profondes pour fonder les bases de la société-spectacle) que la vigueur soutenue de l'action et du suspense. Il est dommage que le film n'ait pas eu l'accueil public et critique mérité à l'époque de sa sortie en 1977. Mis à part quelques invraisemblances dans le but de faire progresser l'intrigue sans laisser de temps morts, "ARMAGUEDON" se compare avantageusement aux meilleurs thrillers, surtout ceux racontant les exploits d'un tueur en série ou d'un asocial en marge. Les références sociales, politiques, économiques et culturelles sont nombreuses et le public devrait pouvoir les identifier sans problèmes, au point que ce long-métrage peut être considéré comme une sorte de suite thématique à l'oeuvre précédente de Jessua, "TRAITEMENT DE CHOC". La musique est de circonstance et la mise en scène est appliqué. Jean Yanne réussit un sacré tour de force dramatique dans la composition de son personnage de sociopathe mais Alain Delon fait plutôt pâle figure dans la rôle du psychiatre par son jeu froid et distant. Mathieu Lemée

ATTENTION, LES ENFANTS REGARDENT aka Careful, The Children are watching - Serge Leroy avec Alain Delon, Sophie Renoir, Richard Constantini, Thierry Turchet, Tiphaine Leroux, Adelita Requena, Henri Vilbert, Françoise Brion, Louis Navarre, Danielle Volle, Marco Perrin, 1978, France, 102m

Alors que leurs parents sont en Irlande, quatre enfants âgés de cinq à treize ans sont confiés à la garde d'une bonne espagnole autoritaire, Avocados, dans une villa situé sur la Côte d'Azur. Voulant se venger en faisant à la bonne une plaisanterie, celle-ci en vient à mourir noyée. Malgré que cette mort fût non-intentionnelle, les quatre enfants décident d'un commun accord de garder le silence sur cette affaire à la police et à leur entourage qui ne se résume qu'à la secrétaire du père, en visite de temps en temps. Les enfants espèrent donc avoir la liberté de faire ce qu'ils veulent, mais un inconnu se présente à eux et leur fait savoir qu'il a été témoin de leur manège tout en les menaçant avec les armes de leurs parents. Ce mystérieux homme agit alors avec les enfants comme un véritable dictateur et il faut donc trouver un moyen de se débarrasser de lui avant que les parents ne reviennent à la maison. Les aînés montent alors un plan pour liquider l'inconnu qui les menace à partir d'un film vu à la télévision.

Le réalisateur Serge Leroy a réalisé ses meilleures oeuvres dans les années 70 et cet échantillon en fait partie. Inspiré d'un roman noir à succès, Leroy a su aborder habilement plusieurs thèmes intéressants comme l'influence de la violence et de la télévision sur ceux qui la regardent, l'absence des parents et la fausse innocence des enfants pour confectionner un thriller prenant qui incite le spectateur à la réflexion tout en le divertissant. Bien sûr, cet amalgame entre le compromis commercial et la touche personnelle fait que tout ces thèmes ne sont pas traités avec toute la profondeur souhaitée et que les développements de l'intrigue se veulent un petit peu arbitraires. Pourtant, l'ensemble possède un intérêt évident grâce à la mise en scène d'une grande souplesse qui ne laisse pas de place aux digressions et qui par endroits utilise des effets symboliques efficaces. Alain Delon apparaît plus modeste et effacé que d'habitude, ce qui n'est pas rien alors que les enfants sont admirablement dirigés. Un très bon suspense à mettre sur votre liste de recommandations! Mathieu Lemée

Les AVENTURIERS - Robert Enrico avec Alain Delon, Lino Ventura, Joanna Shimkus, Serge Reggiani, Hans Meyer, Odile Poisson, Irène Tunc, Valery Inkijinoff, Guy Delorme, 1966, France/Italie, 112m

Deux amis, un pilote d'avion acrobatique qui s'appelle Manu et un mécanicien automobile, ex-pilote de course nommé Roland, travaillent ensemble depuis des années et n'ont pas peur de l'aventure. Aussi, après que Manu aie perdu sa licence de pilote après avoir passé en avion sous l'Arc de Triomphe à Paris, ils acceptent, sur la proposition d'un client, de partir à la recherche d'un trésor englouti dans l'océan au large des côtes du Congo. Une jeune femme qui est artiste-sculpteuse, Laetitia, ayant auparavant fait la connaissance de Manu et de Roland qu'elle considère d'ailleurs comme des frères, part avec eux à la chasse au trésor. Ils ignorent tous les trois qu'ils ne sont pas les seuls à convoiter le butin car un groupe de truands est sur leurs traces. Au moment où nos trois aventuriers mettent enfin la main sur le précieux trésor, les bandits les attaquent. Roland et Manu se défendent et parviennent à conserver leur butin mais Joanna est tuée sur le coup. Attristés, les deux copains rentrent à Paris suivis par leurs adversaires. Un règlement de comptes s'avère donc imminent surtout que Roland et Manu sont prêts à venger la mort de Joanna.

Après le succès de son film d'aventures "LES GRANDES GUEULES" tiré du roman de Jose Giovanni, le réalisateur Robert Enrico s'est de nouveau inspiré de cet auteur pour faire un autre film dans le genre. Soucieux d'éviter la comparaison avec son précédent long-métrage, Enrico ne s'est servi que d'un seul chapitre du livre de Giovanni et a imaginé tout le reste pour raconter une histoire d'amitié entre deux hommes peu communs et une femme particulière qui sont portés beaucoup plus par le souffle de l'aventure et du risque que par l'appât du gain et la stabilité économique. Étrangement, ce qui confère le souffle épique à ce film s'avère être les moments d'égarement qui ne semblent rien apporter à l'intrigue en soi. Ainsi, au lieu d'être des digressions et des longueurs inutiles, ces scènes épousent le rythme de vie des protagonistes en plus de représenter l'âme du film ainsi que sa grande originalité par rapport aux oeuvres de ce genre. Tout cela est d'abord dû à une mise en image irréprochable et à une musique de circonstance signée François de Roubaix. De par sa construction joyeusement relâchée et détendue, ce film magnifique se veut aussi un hommage à la beauté et à la joie de vivre, même si la mort y survient de façon imprévisible. Les principaux interprètes réunis pour cette occasion composent avec naturel des personnages tout aussi sympathiques que l'atmosphère d'ensemble. Mathieu Lemée

LE BATTANT aka Ice - Alain Delon/Robin Davis avec Alain Delon, François Périer, Pierre Mondy, Anne Parillaud, Andréa Ferréol, Gérard Hérold, Marie-Christine Descouard, Michel Beaune, Richard Anconina, Jean-François Garreaud, 1983, France, 121m

Après avoir purgé une peine de huit ans de prison pour vol de bijoux, Jacques Darnay retrouve la liberté. Il est à peine sorti que des meurtriers inconnus s'en prennent à ses proches. Comprenant que les assassins recherchent sûrement les bijoux qu'il a dérobé et réussi à cacher avant son arrestation, Darnay demande l'aide d'un ancien truand et ami, Ruggeri, actuellement propriétaire d'un club. Celui-ci procure à Darnay de l'argent et lui "prête" même sa propre maîtresse, Nathalie, pour l'aider à se réfugier et bien évidemment à se "détendre". L'inspecteur Rouxel, qui avait arrêté Darnay il y a huit ans, cherche à le suivre cependant en espérant qu'il le conduise également à la cachette des bijoux. Lorsque les assassins retrouvent quand même sa trace, Darnay en vient à suspecter Ruggeri d'être leur commanditaire et le vrai responsable de la mort de ses amis. Devenue amoureuse de Darnay, Nathalie lui confirme ses soupçons, ce qui fait que l'ex-prisonnier a bien l'intention de régler ses comptes avec Ruggeri et de disparaître avec le butin à l'insu de Rouxel.

Commencé par Robin Davis, Alain Delon a vite pris le relais à la barre de la réalisation de ce film policier. Cette nouvelle adjonction ne sert qu'à confirmer que le personnage incarné par Delon à l'écran, qu'il soit truand ou flic, est pratiquement interchangeable d'un long-métrage à l'autre, tellement les caractérisations sont semblables. On retrouve en fait Delon dans la peau d'un autre loup solitaire un peu froid (développé depuis "LE SAMOURAÏ" en 1967), viril auprès des dames et n'ayant pas peur d'user de violence contre ses adversaires. Ce qui veut dire que dans son ensemble, "LE BATTANT" n'apporte rien de neuf au genre, et l'intérêt n'est maintenu que grâce au savoir-faire technique acquis par Delon au fil de sa carrière. En effet, si l'intrigue n'est pas originale, elle est assez bien concoctée et filmée avec assez d'adresse pour être au minimum satisfaisante pour les amateurs d'action. Les détracteurs de Delon y trouveront toutefois matière à alimenter leurs arguments. Quant à l'hommage à René Clément signalé au générique du début, il apparaît déplacé car le film n'a rien à voir avec l'oeuvre de ce réalisateur. Le jeu des acteurs est généralement honorable sans être mémorable. Mathieu Lemée

BORSALINO - Jacques Deray avec Jean-Paul Belmondo, Alain Delon, Michel Bouquet, Catherine Rouvel, Françoise Christophe, Corinne Marchand, Julien Guiomar, Arnoldo foa, Nicole Calfan, Daniel Ivernel, Mario David, Mireille Darc, André Bollet, 1970, France, 127m

À Marseille en 1930, deux jeunes truands aux dents longues, Roch Siffredi et François Capella, font connaissance et entament une amitié fondée sur l'estime et la confiance réciproque. La ville est à ce moment divisée entre deux chefs de la pègre; Poli, qui fait le racket de la viande et Marello, qui s'occupe des salles de jeux clandestines. Grâce à Rinaldi, avocat marron des deux caïds, Siffredi et Capella obtiennent du boulot pour l'un ou l'autre mais l'ambition les gagne vite et ils décident tous les deux de monter leurs propres affaires et d'être les gros bonnets de la ville. Siffredi et Capella abattent donc Poli, Rinaldi et Marella à tour de rôle et deviennent donc les rois de la pègre de Marseille. Les deux jeunes loups découvrent cependant rapidement qu'ils sont seuls et exposés face à de nouveaux ennemis aspirant à leur position. Craignant de subir le même destin que ses prédécesseurs, Capella fait savoir à Siffredi qu'il abandonne afin de partir pour l'Italie avec sa maîtresse Lola. Il est cependant assassiné avant même son départ et Siffredi, bouleversé par la mort de son ami, décide de disparaître de la circulation.

Produit par Alain Delon, le film réussit le pari difficile de le réunir à l'écran avec son rival au box-office français, Jean-Paul Belmondo. Bizarrement, cet affrontement entre les deux stars ne s'avère finalement pas un duel d'acteurs, mais plutôt une rencontre se signalant par un respect mutuel et une amitié sincère. Pour y arriver, les auteurs se sont inspirés des aventures de deux gangsters marseillais des années 30: Carbonne et Spirito, qui étaient parmi les chefs de la pègre à l'époque. Cette intrigue à caractère nostalgique et particulièrement violente a été mise en scène habilement et intelligemment par un réalisateur qui a déjà travaillé avec les deux vedettes: Jacques Deray. Il a su faire une superbe reconstitution historique du climat de la prohibition en France et de la loi de la jungle qui y sévissait tout en puisant avec flair dans des éléments traditionnels du film de gangsters américain. Le résultat est un film soigné, puissant et brutal, avec des moments d'humour savoureux qui viennent tempérer le tout sans en diminuer la force d'impact. La présence incontestable de Belmondo et Delon suffit d'ailleurs à emporter l'adhésion générale, même si les auteurs n'ont pas tablé uniquement sur leurs présences. Bref, c'est de l'excellent cinéma. Soulignons que le terme du titre, "BORSALINO", fait référence à une marque de chapeaux de feutre aux larges bords, alors très à la mode. Mathieu Lemée

BORSALINO & CO. - Jacques Deray avec Alain Delon, Riccardo Cucciolla, Adolfo Lastretti, Catherine Rouvel, Gabriella Farinon, André Falcon, Daniel Ivernel, Reinhard Kolldehoff, Lionel Vitrant, 1974, France/Italie/Allemagne, 110m

Marseille, 1934: Le célèbre gangster Roch Siffredi enterre son ami et associé, François Cappela, assassiné par un gang rival dirigé par un certain Giovanni Volpone, représentant la mafia italienne. Celui-ci veut absolument détenir le monopole du contrôle des rackets de la ville et pour cela, il s'arrange pour anéantir définitivement l'empire et la puissance de Siffredi. Il y réussit si bien, jusqu'à transformer Siffredi en loque humaine et en alcoolique notoire. Siffredi parvient toutefois à se cacher en Italie et après s'être guéri de sa dépendance à l'alcool et avoir repris des forces, il revient à Marseille et avec l'aide de quelques amis, il s'emploie à se venger de Volpone et de sa bande tout en cherchant à reprendre le contrôle de son empire.

Cette suite à "BORSALINO" réalisé quatre ans après celui-ci risquait de présenter moins d'attrait étant donné l'absence de Belmondo au générique, car sa présence aux côtés de Delon dans ce succès du cinéma de gangsters français y donnait cet intérêt indéniable. Mais Jacques Deray, réalisateur du premier "BORSALINO", est de retour aux commandes et fait montre de son talent de vieux routier dans la mise en scène de ce film, qui se présente un peu comme un pastiche du genre. Le scénario n'est pas irréprochable mais il contient sa part de fusillades excessives et d'affrontements violents attendus par les admirateurs et la reconstitution d'époque se veut à nouveau appliquée. Quelques effets de style cartoonesque sont décelables lors du déroulement du métrage, ce qui témoigne de la volonté de l'auteur à fignoler son travail avec une qualité toute professionnelle, à défaut d'originalité et de renouveau. Alain Delon fait montre d'une sobriété glaciale efficace dans le rôle de Siffredi. Mathieu Lemée

  CARAMBOLAGES - Marcel Bluwal avec Jean-Claude Brialy, Louis De Funès, Michel Serrault, Sophie Daumier, Henri Virlojeux, Anne Tonietti, Alfred Adam, Marcelle Arnold, Alain Delon, 1963, France, 88m

Employé dans une agence de publicité, Paul Martin entretient une liaison avec sa secrétaire, Solange, mais s’est fiancé à Danielle Brossard, la fille de son supérieur hiérarchique proche de la retraite, dans l’espoir de récupérer la place de ce dernier. Mais quand il apprend qu’une nouvelle loi vient retarder l’âge de la retraite, Paul, criblé de dettes, réalise qu’il ne peut pas se permettre d’attendre le départ de son futur beau père pour obtenir de l’avancement. Il imagine alors de se débarrasser du grand patron de l’agence, l’agité et bouillonnant Norbert Charolais. Ses tentatives vont cependant entraîner une succession d'événements, où les supérieurs de Paul meurent accidentellement ou doivent quitter leur poste. Grimpant rapidement les échelons jusqu'au poste de grand patron, Paul fait alors la connaissance d'un jeune employé ambitieux qui...

Construit comme un théâtre de marionnettes où les personnages se bousculent comme des boules de billard, le scénario de cette comédie grinçante décrit sous une forme satirique la culture d'entreprise et l'ascension vers le patronat. Tous les personnages du film sont présentés comme des imbéciles agissant selon leurs propres intérêts, mais dont leurs actions pour monter en grade se retournent littéralement contre eux de façon inattendue. Sur un ton d'humour noir constant, le dialogue acide et percutant, signé Michel Audiard, ne fait pas dans la dentelle. La mise en scène est parfois imaginative, surtout dans sa façon d'exploiter les décors, bien qu'on y décèle certains accrocs passagers. En plus de faire un sort aux réparties amusantes d'Audiard, Louis De Funès, dans le rôle du grand patron, en profite pour mettre en valeur son talent comique dans la conception de savoureux gags visuels. Michel Serrault, quant à lui, s'amuse follement dans son rôle caricatural d'inspecteur de police gestapiste. Mathieu Lemée

Le CHOC aka The Shock aka Contract in Blood - Robin Davis avec Alain Delon, Catherine Deneuve, François Perrot, Étienne Chicot, Philippe Léotard, Stéphane Audran, Jean-Louis Richard, Catherine Leprince, Féodor Atkine, 1982, France, 95m

Martin Terrier est un tueur à gages efficace. Le meilleur de sa profession. Il vieillit et veut raccrocher de sa profession. Cependant Cox, le chef de son organisation, ne l'entend pas ainsi et refuse de lui donner le dernier magot qu'il lui doit. Terrier, maintenant propriétaire d'une ferme d'élevage de dindon, fait la rencontre avec Claire, qui s'occupe des dindons. Mais lorsqu'on cherche à le supprimer une bonne fois pour toutes, Terrier ne cherche qu'à retrouver son pognon et à se venger.

Adapté du roman de Jean-Patrick Manchette "La position du tireur couché", ce troisième film de Robin Davis a été massacré par les critiques à sa sortie en France en 1982. Impressionné par le film précédent de Davis (LA GUERRE DES POLICES réalisé en 1979), Delon cherchait un nouveau véhicule pour se mettre en valeur avec ce polar assez sympathique. Le film n'a (paraît-il, puisque je ne l'ai malheureusement pas lu) strictement rien à voir avec le roman de Manchette. Remanié par quatre scénaristes, dont Delon, son personnage a été adapté afin qu'il soit conforme à l'image de la vedette principale et qu'il soit un prétexte à édifier le mythe Delon.

Même si le scénario part dans tous les sens, le film se laisse agréablement regarder à défaut d'une véritable commotion. Étant un fana de Delon depuis ma tendre enfance, je dirais qu'il se situe parmi ses oeuvres mineures mais qu'il est loin d'être le "navet colossal" tel que décrit par Télérama. On y recèle des moments forts réussis et un humour involontaire et déplacé y trouve dans certaines scènes (la scène des dindons notamment mais aussi une scène hilarante où Phillippe Léotard cabotine à outrance en mimant du "free jazz" complètement ivre sous le regard stoïque de Delon. À part cela, les scènes d'action sont bien emballées et Delon est égal à lui-même. On se demande par contre pourquoi Catherine Deneuve a accepté de jouer aux côtés de Delon car le scénario laisse toute la place à Delon et ne provoque nullement le choc tant attendu de ces deux grandes vedettes. Son personnage ressemble davantage à ceux qu'incarnait Anne Parillaud dans les deux seules réalisations de Delon (l'excellent POUR LA PEAU D'UN FLIC et le respectable LE BATTANT) tournées à la même époque. Veerana

Martin Terrier est un tueur à gages qui travaille pour une mystérieuse organisation. Après un contrat, il fait savoir à son chef qu'il veut se retirer du métier. Ayant appris que sa conseillère financière a investi son argent dans un élevage de dindons en Bretagne, Terrier décide de s'y rendre pour y loger et la visiter, non sans avoir auparavant échappé à un piège. Arrivé en Bretagne, Terrier découvre que l'entreprise d'élevage de dindons est administrée par un couple, Félix et Claire Chevalier. Son mari ayant un tempérament violent, Claire s'amourache de Terrier et une liaison s'entame entre eux. Des terroristes surgissent alors pour venger la mort d'un camarade abattu par Terrier, en prenant Félix et Claire comme otages. Ils en arrivent à tuer Félix, mais Terrier parvient à sauver Claire et à éliminer tous les terroristes. Fuyant à Paris avec Claire, Terrier s'aperçoit que son coffre de sécurité qui renfermait toutes ses économies, a été vidé. Son ancienne organisation lui fait alors savoir qu'il récupérera son argent s'il reprend du service pour commettre un nouveau meurtre, sinon lui et Claire seront supprimés. N'ayant pas le choix, Terrier accepte le contrat, mais il n'a pas dit son dernier mot.

Pour la troisième fois, Alain Delon s'est tourné du côté d'un roman de l'auteur de polars Jean-Patrick Manchette, pour trouver le sujet d'un nouveau film policier. L'adaptation à l'écran déçoit néanmoins, car l'intrigue ressemble par trop et en moins bien à celle du "SAMOURAÏ" de Jean-Pierre Melville, où Delon avait mis au point son personnage de héros solitaire froid. En effet, l'intrigue est des plus conventionnelles avec ses traîtrises d'usage, sa romance à l'eau de rose et ses supposés revirements de situation. Ayant déjà réalisé un polar à succès avec "LA GUERRE DES POLICES", Robin Davis ne semble pas du tout à son aise ici, car sa mise en scène ne fait pas montre d'une grande ferveur, même sur le plan technique. Visiblement, le réalisateur a semblé intimidé par le poids de ses vedettes Delon et Deneuve, et leur rencontre à l'écran ne possède pas la vigueur souhaitée, car elle est présentée en termes artificiels. Les scènes d'action ne sont pas forcément excitantes, mais elles demeurent honorables dans l'ensemble et le rythme est bon. Les acteurs se défendent du mieux qu'ils peuvent alors que Delon ne renouvelle aucunement son jeu; ce qui est dommage! Un autre long-métrage qui se regarde sans désagrément, mais qui ne nous fait pas jouir comme on l'espérait. Mathieu Lemée

Le CLAN DES SICILIENS aka The Sicilian Clan aka El Clan Siciliano - Henri Verneuil avec Jean Gabin, Alain Delon, Lino Ventura, Irina Demick, Amedeo Nazzari, Sydney Chaplin, Danielle Volle, Philippe Baronnet, Elisa Cegani, Marc Porel, Yves Lefèbvre, César Chauveau, 1969, France, 120m

Un jeune bandit, Roger Sartet, parvient à s'évader du fourgon cellulaire qui l'emmenait en prison. Cette évasion a été mise au point par le clan des Siciliens, une organisation criminelle d'origine italienne établie en France et dirigée par Vittorio Manalese et sa famille. En "remerciement" pour sa liberté, Sartet propose aux Manalese un plan pour voler une collection de bijoux qui doit quitter Rome pour New York. Vittorio Manalese fait alors appel à un ami de New York, Tony Nicosia, véritable "professionnel", afin de peaufiner le plan de Sartet et d'aider celui-ci à exécuter le vol. Bien que Sartet, devenu l'ennemi public no.1 en France, soit traqué sans relâche par le commissaire Le Goff, il se déguise en diamantaire et réussit à prendre place à bord de l'avion transportant les bijoux sous prétexte de les convoyer à destination. Mais en plein vol et avec l'aide d'un complice, Sartet détourne l'avion et force le pilote à se poser sur une autoroute désaffectée près de New York où des compères américains du clan attendent sur place pour s'emparer du butin. Une fois le coup accompli, Vittorio Manalese fait revenir Sartet en France et le tue parce qu'il a appris entre-temps que celui-ci avait eu une liaison avec Jeanne, sa belle-fille. Le commissaire Le Goff, mis au courant du vol des bijoux et du meurtre de Sartet, est cependant sur les traces du clan de Siciliens.

Bénéficiant de l'un des plus gros budgets jamais accordé à un film français, le réalisateur du "samedi soir", Henri Verneuil, en a profité pour confirmer à nouveau son talent et manifester sa grande efficacité technique en même temps que ses aptitudes à conduire un récit spectaculaire et enlevant qui ne contient aucun temps mort, comme si l'on se retrouvait devant une superproduction à l'américaine. L'intrigue est développée avec une fluidité indéniable et comporte un souci du détail qui la rende susceptible de faire rebondir l'action à point nommé. Le film contient plusieurs morceaux de bravoure et bon nombre de moments vigoureux, mais c'est la séquence du hold-up aérien qui suscite le plus l'admiration grâce à ses rebondissements surprenants et à l'incroyable précision du cadrage et du montage. D'ailleurs, la mise en scène est d'une virtuosité digne d'un grand chef d'orchestre car le tout est illustré de main de maître avec beaucoup d'ampleur. Une extraordinaire musique composée par Ennio Morricone vient apporter un bénéfice supplémentaire à cet excellent long-métrage. Les personnages sont bien dessinés et ils sont incarnés solidement par une savoureuse distribution, dominée bien évidemment par un trio vedette de rêve comme on ne risque plus d'en voir de sitôt: Gabin-Delon-Ventura. Difficile de ne pas adorer ce film! Mathieu Lemée

COMME UN BOOMERANG aka Like a Boomerang - José Giovanni avec Alain Delon, Carla Gravina, Charles Vanel, Louis Julien, Dora Doll, Suzanne Flon, Pierre Maguelon, Rino Bolognesi, Monique Chaumette, Christian de Tillière, Jacques Rispal, 1976,  France/Italie, 100m

Un adolescent, Eddy Batkin, a tué un policier alors qu'il était sous l'effet de la drogue et qu'il n'était donc pas responsable de ses actes. Son père Jacques, un industriel, se bat avec dynamisme pour le sauver d'une forte condamnation. Il évoque les circonstances atténuantes et tente d'obtenir la confiance et le pardon de la veuve du policier tout en confiant à un vieil ami avocat le soin de défendre Eddy en court. Mais Jacques Batkin traîne derrière lui un lourd passé de truand ayant fait de la prison, ce qui contrecarre toutes ses tentatives d'autant plus que le juge d'instruction est de parti pris. Malgré que Jacques ait pu remonter la filière de la drogue prise par son fils et retrouvé les trafiquants, Eddy est condamné à une lourde peine de prison. Après qu'Eddy ait tenté de se pendre dans sa cellule, Jacques, mettant en jeu sa position sociale, décide alors de le faire évader et il sollicite l'aide d'anciens amis du milieu des gangsters pour y parvenir. L'évasion est réussie et Jacques tente avec Eddy de fuir en Italie en passant par les montagnes. Les policiers les traquent cependant sans relâche.

L'écrivain et cinéaste José Giovanni s'associe à nouveau avec l'acteur et producteur Alain Delon pour un nouveau film policier au ton romantique rempli d'humanisme touchant et d'éléments critiques envers l'administration judiciaire. Le scénario élabore d'ailleurs des aspects susceptibles d'infléchir l'action de la justice. Cette vision n'est toutefois pas entièrement nuancée et l'on sent le caractère partial de l'auteur qui penche un peu trop du côté du héros. Le traitement se veut donc plus chargé par rapport aux oeuvres précédentes de Giovanni mais il n'a pas perdu son sens du rythme ni ses facultés de réalisateur car la mise en scène est toujours aussi souple et les scènes d'action et de violence sont de nouveau magnifiquement soutenus. L'amour paternel du héros est bien souligné avec sincérité par ailleurs, mais l'on sent que l'apport de Delon à l'écriture n'a pas été sans lui ménager des effets le montrant à son avantage dans la peau d'un personnage entreprenant et fonceur, ce qui risque fort d'agacer ses détracteurs. Comme tel, ce film demeure tout de même un polar enlevant et divertissant autant pour les fans de Giovanni (comme moi) que pour le reste du public si l'on fait abstraction de ses quelques lacunes. Soulignons également la conviction générale des interprètes. Mathieu Lemée

DEUX HOMMES DANS LA VILLE aka Two Men in Town - Jose Giovanni avec Alain Delon, Jean Gabin, Michel Bouquet, Mimsy Farmer, Victor Lanoux, Ilaria Occhini, Guido Alberti, Jacques Monod, Cécile Vassort, Malka Ribowska, Gérard Depardieu, 1973, France/Italie, 95m

Gino Strabliggi est un détenu qui est libéré suite à une remise de peine obtenue par un éducateur social, Germain Cazeneuve. Gino peut donc aspirer à une vie normale sous certaines conditions. Désireux de se réhabiliter et de mener une existence honnête, Gino résiste aux offres d'anciens complices qui veulent le convaincre à revenir à une vie criminelle rentable et il décroche un emploi chez un imprimeur dans une petite ville. Le cas de Gino s'avère donc encourageant et promis à être en bonne voie d'une réinsertion sociale complète, mais un policier méfiant ne cesse de harceler Gino, persuadé que celui-ci va replonger tôt ou tard dans le crime. Devant la trop grande insistance du policier qui ne cesse de le provoquer, Gino, ne pouvant plus se contenir, en vient à l'étrangler dans un moment de rage. Arrêté pour ce meurtre, Gino risque la peine capitale. Cazeneuve cherche à le défendre en cour en expliquant les circonstances et le contexte dans lequel Gino a tué le policier, mais le jury n'est pas convaincu et Gino sera finalement exécuté.

Devant les nombreux films à caractère socio-politique qui sont sortis en France au cours des années 70, le romancier et réalisateur Jose Giovanni a voulu à son tour faire un film dans la même veine. Le sujet qu'il a choisi, en l'occurrence les problèmes entourant la réintégration des anciens détenus dans la vie sociale face aux préjugés des citoyens et des forces de l'ordre, lui ressemble beaucoup puisqu'il a été lui-même un ancien gangster et prisonnier avant de mener une vie honnête d'écrivain et de cinéaste. L'approche qu'il propose n'est pas sans rappeler les films à thèse d'André Cayatte où un fait réel est illustré à l'écran pour démontrer les faiblesses d'une quelconque administration, dans ce cas-ci la justice, mais l'auteur a su intégrer dans son film au ton réaliste des éléments de fiction pour faire monter le niveau dramatique de l'intrigue, sans pour autant en diminuer l'impact. C'est que la mise en scène vigoureuse parvient à conserver la sincérité de l'exposé en laissant les divers incidents du récit se dérouler de façon naturelle, sans artifices. L'ensemble se veut donc alerte et d'une grande souplesse, si bien que le spectateur appréciera le film sans problèmes. Pour la troisième et dernière fois, Alain Delon partage la vedette avec Jean Gabin, ce dernier nous offrant une composition étonnante et émouvante du personnage de l'éducateur social, un rôle bien plus humaniste que les précédents personnages réactionnaires qu'il a interprétés à l'écran précédemment. Mathieu Lemée

Le DIABLE ET LES DIX COMMANDEMENTS - Julien Duvivier, 1962, France 

Dans la nouvelle collection Québécoise de Dvd avec Louis de Funes, voici une très belle surprise, un film à sketches qui détourne les dix commandements sous le regard du diable ! Voyez la brochette d'acteurs : Françoise Arnoul, Charles Aznavour, Jean-Claude Brialy, Danielle Darrieux, Alain Delon, Fernandel, Mel Ferrer, Micheline Presle, Michel Simon, Lino Ventura et ... Louis de Funes ! Un Fernandel touchant dans le rôle de Dieu, un De Funes tordant dans un rôle d"arroseur arrosé. De Funes se fait vraiment remarquer dans ce petit rôle presque muet.

Les scénaristes se sont donnés à coeur joie pour dépeindre les transgressions si humaines des dix commandements d'un dieu fort incompréhensible. Et le Diable de rigoler, sous la forme d'un serpent qui nous présente toutes ces histoires sur deux bonnes heures. On pourrait parler de tous les acteurs, on se contentera de vous recommander ce petit bijou, pour tous ceux qui apprécient le glorieux noir et blanc et les péchés capitaux. Mario Giguère

DOUCEMENT LES BASSES aka Easy Down There! - Jacques Deray avec Alain Delon, Nathalie Delon, Paul Meurisse, Julien Guiomar, Paul Préboist, André Bollet, Serge Davri, Carlo Nell, Philippe Castelli,  1971, France, 85m

Simon Médieu est un musicien qui a décidé de devenir prêtre suite au décès de son épouse Rita. Maintenant curé d'une paroisse situé sur la côte bretonne, Simon est tout étonné de voir reparaître Rita bien vivante et lui faisant savoir qu'elle avait feint sa mort pour le libérer car elle lui rendait la vie impossible. Bien qu'elle se soit remarié avec quelqu'un d'autre, Rita est à nouveau amoureuse de Simon et elle tient farouchement à se remettre en ménage avec lui, allant même jusqu'à le menacer de se prostituer en cas d'un refus de sa part. Très embarrassé par la situation, Simon va voir son évêque afin de lui demander conseil mais celui-ci embrouille davantage le problème par des remarques et des commentaires étranges. Le pauvre Simon n'est pas au bout de ses peines lorsqu'il apprend que Rita songe même à devenir une bonne soeur pour le faire céder. Le tout ne se règlera qu'après bien des mésaventures pour le jeune curé Médieu.

Soucieux de diversifier sa carrière, l'acteur Alain Delon a décidé de jouer cette fois dans une comédie, un genre où personne ne s'attend à le voir paraître. C'est à l'un de ses réalisateurs de prédilection qu'il a confié la tâche de mettre en scène un tel film, Jacques Deray, qui en est lui aussi à son premier essai dans le comique. L'effort conjugué de ces deux hommes de métier était louable mais le résultat laisse un goût perplexe à la fois surprenant et douteux. En effet, l'intrigue, tant dans ses prémisses que dans sa progression, est si forcée que l'humour devient vite d'une facilité caricaturale avec des moments burlesques un peu lourd et des dialogues saugrenus (pourtant écrits par Pascal Jardin) qui ont l'air de sortir au hasard d'un recueil de citations franchouillardes. Cette pochade devrait faire rire néanmoins certains spectateurs, à condition de ne pas être trop difficile sur son contenu et de fermer les yeux sur la simplicité des gags. Quant aux autres, ils risquent d'être déçus. Chose certaine, le film est tellement abracadabrant que ses éléments médiocres deviennent subitement drôles à cause de leur caractère biscornu. Une comédie française étrange ou Delon interprète son personnage en se prenant pour Darry Cowl. Mathieu Lemée

FLIC STORY - Jacques Deray avec Alain Delon, Jean-Louis Trintignant, Claudine Auger, Marco Perrin, Renato Salvatori, Paul Crauchet, André Pousse, Denis Manuel, Mario David, Françoise Dorner, Maurice Barrier, Henri Guybet, Maurice Biraud, 1975, France/Italie, 112m

En septembre 1947, un inspecteur de la Sûreté Nationale, Roger Borniche, se voit chargé de retrouver un meurtrier dangereux, Émile Buisson, qui a réussi à s'évader de l'asile psychiatrique où il était interné. Borniche fait libérer un prisonnier, Raymond Pelletier, en échange de tuyaux pouvant mener à l'arrestation d'Émile Buisson. En suivant le frère d'Émile, Jean-Baptiste, Raymond permet aux policiers de localiser le meurtrier en compagnie de sa maîtresse. Celle-ci est arrêtée de même que son frère et Jean-Baptiste mais Émile a réussi à fuir et à liquider peu de temps après Raymond parce qu'il avait mouchardé. Borniche tend un nouveau piège pour coincer Émile mais il échoue et se voit retirer l'affaire. Il y revient pourtant par hasard en enquêtant sur la mort d'un ancien complice d'Émile après que celui-ci ait commis un hold-up où il a tué deux ouvriers. Borniche retrouve un autre ancien complice, Paul Robier, et le convainc de l'aider à arrêter Émile. Le criminel est toutefois méfiant et ce n'est qu'après plusieurs jours de patience que Borniche arrive enfin à l'arrêter dans une auberge de province. En venant le voir deux fois par semaine pour l'interroger, Borniche développe un lien de complicité avec Buisson, lien qui demeurera jusqu'à l'exécution du meurtrier le 28 février 1956.

Après avoir pastiché les gangsters marseillais des années 30, le producteur et acteur Alain Delon et son complice le réalisateur Jacques Deray ont décidé d'explorer les mémoires du policier français d'après-guerre Roger Borniche. L'adaptation qui en est ressortie (avec la complicité de l'auteur de polars Alphonse Boudard) est fort rigoureuse et riche en détails véridiques. Comme pour "BORSALINO", Deray a su évoquer avec authenticité le climat d'époque où le récit se situe dans sa mise en scène tout en faisant preuve de sobriété dans l'illustration pour présenter avec netteté une conception objective des événements relatés. Mieux encore, l'emploi habile du montage parallèle afin d'agencer sans bavures à l'écran les activités du policier et du criminel contribue beaucoup à alimenter et à faire accroître le suspense, jusqu'à la fameuse scène de confrontation entre les deux principaux protagonistes qui sert de point culminant. Ces choix esthétiques des auteurs donnent aussi aux moments de violence un impact plus grand et moins superficiel aux yeux du public. C'est du cinéma policier de grande qualité pouvant plaire autant aux cinéphiles puristes qu'aux fans du genre, quel que soit leur goût. Alors que Delon interprète Borniche avec une relative discrétion, Jean-Louis Trintignant s'impose de façon impressionnante dans le rôle de l'inquiétant Émile Buisson. Mathieu Lemée

Le GANG aka The Gang aka La Gang del parigino - Jacques Deray avec Alain Delon, Nicole Calfan, Roland Bertin, Adalberto Maria Merli, Xavier Depraz, Maurice Barrier, Laura Betti, Raymond Bussières, Giampiero Albertini, Catherine Lachens, 1977,  France/Italie, 104m

En 1945, peu de temps après la fin de la Deuxième Guerre Mondiale, cinq copains ont formé ensemble un gang de voleurs dirigés par l'un d'eux, Robert dit "le Dingue". Au cours d'un rixe dans un club, Robert fait la connaissance de Marinette, une préposée au vestiaire dont il s'éprend. Celle-ci en vient vite à connaître l'angoisse de l'attente alors que Robert et son "gang des tractions avant" commettent une série de hold-up où elle craint pour la vie de son amoureux. Le gang devient vite célèbre en France et la police cherche à leur mettre la main au collet. Après un fructueux hold-up où Robert a été arrêté en couvrant la fuite des siens, celui-ci s'évade pour aller assister au baptême de son filleul dans une auberge avec ses copains du gang. Les policiers arrivent toutefois sur les lieux et ils encerclent l'auberge, mais Robert fait en sorte que les forces de l'ordre s'opposent entre elles pour permettre au gang de prendre la fuite. Plus tard, Robert et son gang réussissent un coup fumant en dévalisant les bureaux du Crédit Industriel. Après cet audacieux hold-up, Robert a l'intention d'acheter un bijou à Marinette mais une fois dans la bijouterie, son goût du vol le reprend. En se défendant, la femme du bijoutier lui tire dessus et le blesse gravement. Ses amis ramènent alors leur chef en lieu sûr mais il expire après avoir revu Marinette une dernière fois.

Après "FLIC STORY", le réalisateur Jacques Deray et l'acteur-producteur Alain Delon ont de nouveau adapté une oeuvre écrite par l'ancien policier Roger Borniche. Ce film-ci se démarque cependant en tout points de l'adaptation précédente. Il s'agit en quelque sorte d'une transposition à l'écran des exploits d'une bande de voleurs célèbres (dirigés par le fameux Pierrot le Fou) après la Deuxième Guerre Mondiale où le personnage de Borniche n'apparaît pas, élément qui est l'une des rares entorses faites au livre original. Situé dans une ambiance d'époque très bien reconstituée par les costumes et les décors, l'intrigue est traitée de façon décontracté par Jacques Deray grâce à une mise en scène vivace pleine d'aisance et un ton léger rempli de sympathie pour les personnages malgré leurs activités de voleurs. Toutes les séquences d'action et de hold-up sont d'ailleurs filmées avec intelligence et elles sont considérées comme autant de morceaux de bravoure par le réalisateur. Ce long-métrage se veut donc récréatif et digne d'intérêt pour le spectateur sans pour autant être simpliste et complaisant car la base réelle du récit reste solide et convaincante sous ses allures badines. Malgré qu'il soit la vedette du film, Alain Delon laisse beaucoup de place à ses partenaires, ce qui est tout à son avantage d'autant plus que le jeu des acteurs est tout bonnement dégagée. Mathieu Lemée

Le GITAN aka Histoire de fou aka The Gipsy aka Lo Zingaro - Jose Giovanni avec Alain Delon, Paul Meurisse, Annie Girardot, Marcel Bozzuffi, Renato Salvatori, Bernard Giraudeau, Maurice Barrier, Maurice Biraud, Jacques Rispal, Mario David, 1975, France/Italie, 102m

Hugo Sennart dit le Gitan est un criminel révolté qui vole pour venir en aide à son peuple rejeté par la société et condamné à une vie d'errance. Après un séjour en prison, Hugo continue ses exploits en réussissant plusieurs hold-up en France avec l'aide de deux braqueurs qu'il a rencontré en cellule. Après avoir abattu lors d'un règlement de comptes le maire d'une ville qui avait refusé l'autorisation de camper à des nomades gitans, Hugo devient vite l'ennemi public numéro un en France. L'odyssée du Gitan croise souvent celle de Yann Cuq, un perceur de coffres-forts recherché pour le meurtre de son épouse. Les deux hommes sympathisent et développent une véritable amitié. Un tenace commissaire de police chargé des deux affaires est cependant sur leurs traces. Hugo parvient toutefois à rejoindre sa famille en Belgique mais il ne peut empêcher leur expulsion du pays. Revenu en France, le Gitan voit ses complices rejoints et éliminés par la police. Yann Cuq est même arrêté mais Hugo échappe aux autorités policières car il tient à conserver définitivement sa liberté.

Spécialiste du polar français, l'ancien truand Jose Giovanni adapte ici lui-même l'un de ses romans en restant fidèle à son approche romantique personnelle du milieu des gangsters dans le ton. Étant lui-même d'origine gitane, Giovanni profite de l'occasion pour souligner dans ce film l'ostracisme dont les gitans sont victimes en France et ailleurs en faisant de son personnage principal, un criminel endurci enclin à la violence, un héros. Au niveau de l'écriture, le scénario débute par deux actions parallèles, celle de Hugo le Gitan et celle de Yann Cuq, illustrées avec beaucoup d'habileté dont les éléments s'emboîtent et se rejoignent parfaitement en cours de route grâce au talent de l'auteur. La mise en scène est sûre car elle évite les temps morts et conduit les scènes d'action de façon alerte et vive. La musique intéressante de Django Reinhardt (avec la collaboration de Claude Bolling) est en complet accord avec le thème central du film. On est donc certain de passer un bon moment en visionnant ce long-métrage où Delon se montre à l'aise dans la peau d'un personnage familier pour lui et entouré d'un casting convaincant. Mathieu Lemée

JEFF - Jean Herman avec Alain Delon, Mireille Darc, Frédéric De Pasquale, Georges Rouquier, Gabriel Jabbour, Nathalie Nerval, Robert Lombard, Georges Jamin, Suzanna Flon, 1969, France, 92m

Un gang de voleurs a réussi un audacieux vol de bijoux. Selon le plan prévu, les voleurs attendent leur chef Jeff au lieu de rendez-vous fixé par celui-ci pour partager le butin, mais Jeff ne se présente pas. Un des voleurs, Diamant, parvient à convaincre les autres que Jeff les a tous trompés, à l'exception de Laurent qui continue de lui faire confiance. Diamant part alors à la recherche de Jeff avec les autres membres du gang pour lui faire payer sa trahison très cher. Laurent part lui aussi de son côté sur les traces de Jeff en compagnie de la maîtresse de celui-ci, Eva, en espérant pouvoir le retrouver avant Diamant. Les anciens complices de Laurent, à la solde de Diamant, lui tendent plusieurs pièges auquel il échappe hardiment. Laurent et Eva retrouvent finalement Jeff en Belgique et obtiennent ses explications justifiant son absence, sauf que l'affrontement sanglant entre Jeff et ses hommes demeure cependant inévitable.

Devant la réussite du film "ADIEU L'AMI", l'acteur et producteur Alain Delon a de nouveau fait confiance à Jean Herman pour réaliser un nouveau polar. Si l'histoire raconte une conventionnelle lutte entre truands, elle est au moins présentée dans une mise en scène sobre et elle tient le spectateur en haleine grâce à un suspense fort prenant. Donc, en plus d'être un très bon auteur de romans policiers et un scénariste productif, Herman se montre fort à l'aise dans l'utilisation de la caméra; la photographie tirant partie à merveille des extérieurs brumeux des environs d'Anvers. En plus, Herman ménage savamment autant les scènes d'attente que les scènes d'action et de violence, laissant luire avec évidence des sentiments humains chez ses principaux protagonistes à l'intérieur de moments comportant pourtant des actes crapuleux. Alain Delon et Mireille Darc forment un excellent tandem dans ce film et ont un jeu retenu en accord avec la sobriété de l'ensemble. Dans le rôle de Jeff, le réalisateur Georges Rouquier fait une étonnante apparition grâce à une performance qui donne beaucoup de lustre au punch de la conclusion.  Mathieu Lemée

Le LION - José Pinheiro avec Alain Delon, Anouchka Delon, Ornella Mut, Heino Ferch, 2003, France, TV d'après le roman de Joseph Kessel

Au Kenya durant les années 50, sur fond de guerre qui s'approche, on suit la vie d'une jeune fille qui a élevée un lion. Fille du gardien de la réserve, John (Alain Delon), Patricia (Anouchka Delon) est plus à l'aise avec son lion qu'avec sa mère (Ornella Muti), tant et soit-il que je la croyait née d'une autre relation. Un journaliste photographe de passage va être témoin des questionnements du couple sur le sort de la jeune de 12 ans, pendant qu'un jeune guerrier ose la demande en mariage.

Sur une histoire simple dont on devine le dénouement, Delon père et fille nous offrent un bon duo. Si les interactions entre le lion et les hommes donnent parfois lieu à des effets visuels pas franchement réussit, l'ensemble est bien fait et les décors naturels somptueux. Ornella Muti est effacée dans son rôle ingrat de la mère qui ne comprends pas sa fille, n'aime pas l'Afrique, mais voue un amour inexplicable et éternel à son mari. Une jolie fable qui évite bien des pièges dramatiques. Mario Giguère

MÉLODIE EN SOUS-SOL aka Any Number Can win aka The Big Grab - Henri Verneuil avec Jean Gabin, Alain Delon, Maurice Biraud, Viviane Romance, Carla Marlier, Georges Wilson, Claude Cerval, Jean Carmet, Dora Doll, Henri Virlojeux, 1963, France, 104m, 116m version européenne

Après avoir passé 5 ans derrière les barreaux, Monsieur Charles n'a pas l'intention de se réhabiliter dans la société maintenant qu'il est libre. Pendant son séjour en prison, il a d'ailleurs mis au point un coup fumant préparé par un de ses amis afin d'assurer ses vieux jours: cambrioler le Casino de Cannes. Son ami étant malade, il s'adjoint pour ce faire un jeune truand qu'il a rencontré en prison, Francis et le beau-frère de ce dernier, Louis. Après quelques préparatifs, le trio s'installe à Cannes dans deux hôtels différents; Charles joue les mondains avec son "chauffeur" Louis afin de mieux surveiller les allées et venues du directeur du Casino lorsqu'il va déposer les recettes dans son coffre-fort. De son côté, Francis doit séduire l'une des danseuses de l'établissement afin d'avoir accès aux coulisses de la scène où se trouve la conduite d'aération qui mène tout droit à la salle des coffres. Le vol a lieu comme prévu au jour J et malgré quelques ennuis imprévus, Charles et Francis réussissent leur coup en dérobant près d'un milliard de centimes. Les deux hommes cachent le magot dans un endroit sûr mais Francis a commis l'erreur de se laisser prendre en photo au Casino avant le vol et celle-ci est publiée dans les journaux. Charles et Francis doivent donc trouver un moyen de fuir plus rapidement que prévu avec l'argent et le tout se terminera de façon inespérée.

Après la réunion Gabin-Belmondo pour le film "UN SINGE EN HIVER", le réalisateur Henri Verneuil et le scénariste-dialoguiste Michel Audiard ont voulu cette fois réunir le vétéran Gabin avec l'autre jeune star montante au cinéma: Alain Delon. Adaptée d'un polar américain, Audiard en a transposé l'intrigue en sol français avec beaucoup d'aisance. Bien que le récit, qui décrit minutieusement les préparatifs, la technique et l'accomplissement d'un vol audacieux et difficile, ne s'avère pas nouveau sous le soleil, il est à tout le moins bien charpenté et raconté de façon fort intéressante. Si le traitement se veut sérieux et en dehors des parodies habituelles du genre chez Audiard, les dialogues de l'auteur demeurent toujours habiles, percutants et pleins de brio. La mise en scène de Verneuil est tout aussi rigoureuse que le scénario, même si l'approche reste commerciale. En résumé, malgré une ou deux longueurs, ce film policier français est une réussite indubitable et dont le succès en salles à l'époque de sa sortie fût pleinement mérité. Encore aujourd'hui, ce long-métrage est découvert en grand nombre par une nouvelle génération de spectateurs qui l'apprécient et l'ont élevé au rang de film-culte. Si le jeu de Jean Gabin demeure toujours efficace, il se fait toutefois voler la vedette ici par Alain Delon, qui a su s'imposer avec talent et avec beaucoup de prestance. À voir donc (disponible en DVD au Québec). Mathieu Lemée

MORT D'UN POURRI aka Death of a Corrupt Man - Georges Lautner avec Alain Delon, Ornella Muti, Michel Aumont, Klaus Kinski, Jean Bouise, Stéphane Audran, Julien Guiomar, Daniel Ceccaldi, Maurice Ronet, Mireille Darc, Xavier Depraz, François Chaumette, Henri Virlojeux, 1977, France, 123m

Un matin, alors que Delon dort, son ami Dubaye, député dont il représente les intérêts, le réveille à 5 heures du mat' pour lui annoncer qu'il a tué une crapule qui le soutenait tout en le faisant chanter. Delon décide de le couvrir, lui fournit un alibi, et retourne se coucher. Un petit problème se dresse le lendemain, alors qu'il est interrogé par deux commissaires : le tueur a volé un carnet dans lequel la crapule du titre notait soigneusement tous les pots-de-vins et transactions irrégulières allouées à un bon paquet de gens importants, et ces gens veulent à tout prix éviter d'être compromis. On règle son compte à Dubaye et les tueurs, le trouvant les mains vides, décident de reporter leur affection sur Delon, après lequel ils vont courir pour récupérer ce "journal intime de la corruption".

Thriller politique fortement teinté d'une paranoïa criminelle typiquement 70's, MORT D'UN POURRI fut réalisé par un Georges Lautner au sommet de sa forme, disposant ici d'une équipe de rêve et d'un casting enviable. Avec Michel Audiard aux dialogues et à la co-scénarisation, nous sommes donc certains de retrouver des perles dans la bouche de tous les personnages !

Adaptation d'un roman de Raf Vallet, habitué de la Série Noire, cette super-production, bien que durant légèrement plus que deux heures, se laisse regarder sans problèmes en raison de son rythme vif et des relations noueuses entre les personnages. Retournements multiples, espérance de vie réduite, magouilles de toutes sortes, voilà une recette toute simple mais ô combien efficace !

Delon, dans le rôle principal, est bien fier de lui, et frime tant qu'il peut, entouré qu'il est de la crème de la série B française; Michel Aumont, gueule de fouine qui allait ré-apparaître en '90 dans un film au thème similaire, RIPOUX CONTRE RIPOUX; Maurice Ronet, le Dubaye refroidi, apparu dans de nombreuses productions des années '60-70 avant de sombrer dans MADAME CLAUDE; Jean Bouise, éternel moustachu fin finaud, habitué d'Yves Boisset vu dans FOLLE À TUER; Mireille Darc, la copine de Delon, déchaînée dans le surréaliste FANTASIA CHEZ LES PLOUCS ('71); Stéphane Audran, la veuve Dubaye qui ne rechigne pas à vider des bouteilles, superbe brunette mature, icône de Chabrol apparue entre autres dans LE TIGRE AIME LA CHAIR FRAÎCHE en '64...

Mais les deux véritables surprises sont ici Ornella Muti, en maîtresse de feu Dubaye, poitrine rebondissante et lèvres charnues, véritable tableau vivant et émouvant. Puis Klaus Kinski, avec sa classe habituelle, en haut dignitaire allemand aux sombres desseins, qui par sa seule présence sème une profonde inquiétude dans chaque scène où il apparaît, non doublé, ce qui nous donne l'occasion d'apprécier son petit accent tout mignon.

MORT D'UN POURRI est donc un grand cru européen, film policier presque sans police, action non-stop et scénario de qualité, qui n'ennuie pas une seule seconde et qu'on rêverait de voir apparaître sur le grand écran contemporain si seulement les artisans d'aujourd'hui n'étaient pas aussi obnubilés par le profit facile et les récits débiles. Orloff

Après avoir tué un ministre nommé Serrano, qui voulait le forcer à démissionner pour des raisons de corruption, le député Philippe Dubaye demande l'aide de son ami Xavier Maréchal pour se constituer un alibi. Xavier accepte par amitié mais apprend de la police que Philippe a aussi dérobé à Serrano un document compromettant pour la majorité des politiciens au pouvoir. Xavier parvient à les récupérer chez la maîtresse de Philippe mais celui-ci est assassiné peu après. Par la suite, de nombreuses personnalités haut placés entrent en contact avec Xavier Maréchal et lui enjoignent de leur remettre le dossier Serrano. La police, qui le suspecte du meurtre de Philippe, de leur côté encourage Xavier à remettre ces documents aux autorités concernés. Xavier s'entête à refuser toutes ces demandes afin de découvrir coûte que coûte l'identité de l'assassin de Philippe malgré les tueurs lancés à ses trousses. Lorsque l'épouse de Philippe meurt assassinée, Xavier publie quelques documents du dossier Serrano aux journaux, ce qui déclenche un scandale politique profond. L'étau se resserre donc autour de Xavier mais celui-ci est tenace dans sa tentative de démasquer le meurtrier de son ami.

Il arrive de temps en temps que Georges Lautner délaisse un peu la comédie pour réaliser des films plus sérieux. Avec son complice, le scénariste-dialoguiste Michel Audiard, il s'est aventuré comme beaucoup de ses collègues avant lui sur les sentiers de la critique politique au sein d'une intrigue policière. Avec la diversité des ramifications et le nombre élevé de personnages impliqués, c'est dire si le récit est assez complexe et ambitieux. Le spectateur ne risque pourtant pas de s'y perdre puisque la mise en scène est bien huilée, le rythme est rapide et les rebondissements sont bien ingénieux. Les scènes d'action et de suspense interviennent toujours au moment voulu et sont techniquement impeccables. N'oublions pas encore une fois la qualité des dialogues de Michel Audiard qui n'a pas son pareil pour écrire des réparties brillantes au vocabulaire et au verbe dénonciateurs qui mitraillent sans relâche sur la corruption généralisée des milieux de la politique, des affaires et même des corps policiers. Ce long-métrage se veut donc une réussite du genre, d'autant plus que le propos critique qui y est présenté est toujours d'actualité aujourd'hui, comme quoi il n'y a pas eu une grande évolution des moeurs parmi les gens du pouvoir depuis trente ans. Une superbe équipe d'interprètes, incluant entre autres le suave Klaus Kinski et la ravissante Ornella Muti, vient solidifier davantage la distribution autour d'un Alain Delon assez efficace. Mathieu Lemée

NE RÉVEILLEZ PAS UN FLIC QUI DORT aka Never Wake a Cop - José Pinheiro avec Alain Delon, Michel Serrault, Patrick Catalifo, Xavier Deluc, Raymond Gérôme, Serge Reggiani, Stéphane Jobert, Roxan Gould, Consuelo De Haviland, Bernard Farcy, Féodor Atkine, 1988,  France, 97m


Trois criminels restés impunis par la loi sont assassinés lors d'une même nuit à Paris. Le directeur de la police judiciaire charge le commissaire Grindel de l'enquête, tout en lui assignant deux assistants, Péret et Lutz. Suite aux meurtres d'un témoin important, d'un groupe de gendarmes et d'un terroriste communiste, Grindel commence à penser que tous ces crimes serait le fait d'une organisation secrète qui s'arroge le droit de punir tous ceux qui ont violé la loi. Lorsque l'un de ses indicateurs est tué, Grindel commence à soupçonner l'un de ses adjoints, Lutz, d'avoir parti lié avec les tueurs à cause de sa réputation de propagandiste d'extrême-droite. C'est alors que toutes les fréquences de police reçoivent un message d'un groupe appelé "Fidélité de la Police" qui revendique tous les attentats et qui annonce son intention ferme d'éliminer tous les criminels, toute la corruption et tous les communistes du pays. L'affaire étant devenue politique, Grindel doit redoublé de prudence pour éviter de donner l'éveil aux policiers membres de cette association clandestine. Il cherche à faire parler Lutz, mais il se suicide. Péret tombe ensuite dans un piège où il est abattu, tandis que Grindel échappe de justesse à une embuscade meurtrière. Devant les suicides successifs des suspects qu'il a démasqué, la seule piste qui reste à Grindel se trouve à mener vers le commissaire Scatti, qui a toujours été le mentor de Lutz et qui semble être le maître d'oeuvre de cette société secrète avec l'appui de gens hauts placés.

Si le roman d'origine de Frédéric Fajardie se voulait une dénonciation féroce de la montée de l'extrême-droite dans la police et la justice française, cette adaptation filmique se veut trop mécanique et simpliste pour réussir efficacement à illustrer les mêmes intentions. En effet, le récit semble plus servir l'auto-suffisance de la vedette-producteur Alain Delon que de critiquer avec verve les travers ou les visées racistes et extrémistes de certains flics prompts sur la gâchette pour rétablir l'ordre. Le thème manque donc de développement, d'autant plus que les motivations et les intentions profondes de ces policiers fascistes demeurent plutôt ambiguës. Par ailleurs, l'intrigue ne contient pas beaucoup de surprises et le spectateur peut aisément deviner les rebondissements, même celui de la conclusion s'il est le moindrement alerte. À la réalisation, José Pinheiro semble avoir voulu faire une copie carbone de son film précédent "PAROLE DE FLIC" en insistant davantage sur les scènes d'action brutales très virulentes que le sujet implique. Soulignons aussi que certaines scènes impliquant Delon et sa petite amie n'apportent strictement rien à l'intrigue. Le résultat est donc loin d'être concluant et le film se range davantage dans la catégorie des séries B policières françaises destinées à un public peu exigeant et friand de violence, malgré son objectif d'être une oeuvre politique au propos ambitieux. Le jeu de Delon ne rajoutera rien à sa gloire et il est dommage que Michel Serrault, impressionnant dans un très rare rôle de méchant, n'ait pas eu l'occasion de l'exploiter pleinement à sa juste mesure. Mathieu Lemée

PAROLE DE FLIC aka Cop's Honor - José Pinheiro avec Alain Delon, Jacques Perrin, Fiona Gélin, Eva Darlan, Jean-François Stévenin, Stéphane Ferrara, Vincent Lindon, Dominique Valera, Jean-Yves Chatelais, Jean-Philippe Lafont 1985, France, 98m

Ancien policier de Lyon qui s'est maintenant retiré en Afrique, Daniel Pratt apprend que sa fille adolescente restée en France a été assassinée avec des voleurs par des meurtriers inconnus. Revenu à Lyon pour l'enterrement de sa fille, Pratt est bien décidé à mener sa propre enquête malgré le conseil de son ami et ancien collègue Stéphane Reiner, de laisser tomber cette affaire. Pratt en vient à découvrir que les meurtriers forment un groupe de cinq justiciers masqués qui ont entrepris de nettoyer Lyon de toute sa racaille. Il parvient à retrouver leurs traces dans un club de tir et il s'attaque à eux un par un après avoir découvert leurs vraies identités. Pratt passe toutefois bien près de se faire tuer par les justiciers à quelques reprises lorsqu'il devient trop gênant. L'inspecteur Sabine Clément, qui est chargée officiellement d'arrêter ces justiciers, tout en surveillant les actions de Pratt dont elle s'est amourachée, se fait mortellement blesser par eux. Pratt accentue alors la pression pour en finir une fois pour toutes avec les membres restants de cette milice secrète. Il sera cependant amené à démasquer leur chef, dont l'identité ne manquera pas de le surprendre.

Après 2 ans et demie où il a joué dans des films d'auteur inhabituels, Alain Delon effectue un retour au cinéma d'action dans un long-métrage taillé sur mesure pour son image de marque. "PAROLE DE FLIC" n'hésite d'ailleurs pas à présenter le héros qu'il incarne comme étant en pleine forme pour son âge dans de nombreuses scènes de bagarres où d'entraînements. Comme en plus il est d'une assurance et d'une sagacité à toute épreuve pour affronter les dangers sur sa route et résoudre facilement l'enquête policière, il ne faut pas s'attendre à ce qu'il soit vraiment pris au dépourvu, ce qui en met un coup dans la vraisemblance de l'intrigue. Les auteurs ont tenté d'y donner de la profondeur en s'inspirant de l'actualité et du phénomène des "milices parallèles" ou des comités de vigilance urbain, mais cela semble plus pour développer les fantasmes brutaux des spectateurs adorant ce genre de polar, car le récit insiste fortement sur la violence et souvent de façon simpliste. Un jeune cinéaste mène pourtant la barque avec adresse et démontre même un sens du rythme dans sa réalisation, mais il aurait eu avantage à approfondir le sujet plutôt que de suivre un peu trop les instructions de son acteur-producteur vedette (qui en plus chante la chanson finale avec une artiste du disco). Il est d'ailleurs dommage que les autres interprètes ne servent beaucoup trop que de faire-valoir à Delon. Un film d'action pas ennuyeux, parfois divertissant, mais conventionnel et sans grand intérêt qui ne rajoute rien à la gloire de la star. Mathieu Lemée

La PISCINE - Jacques Deray avec Alain Delon, Romy Schneider, Maurice Ronet, Jane Birkin, Paul Crauchet, 1968, France/Italie, 115m

Jean-Paul, un écrivain raté, s'est installé avec sa maîtresse Marianne dans une villa cossue, prêtée par des amis, aux environs de St-Tropez pour passer les vacances d'été. Un ancien amant de Marianne, Harry, accompagné de sa fille de 18 ans, Pénélope, sont invités à venir les rejoindre. Dès que Harry commence à tourner autour de Marianne, Jean-Paul devient progressivement jaloux et ce, malgré son propre intérêt pour Pénélope qui s'est amouracher de lui par défi envers son père. Harry, quant à lui, avoue à Jean-Paul son mépris envers celui-ci en lui suggérant d'épouser Marianne pour pouvoir la reconquérir plus facilement. Bien vite, la vérité de chacun se révèle au grand jour; Jean-Paul et Pénélope passent de plus en plus de temps ensemble tout comme Harry et Marianne. Rentrant ivre une nuit à la villa, Harry reproche à Jean-Paul sa liaison avec Pénélope qui, selon lui, ne sert qu'à dissimuler sa lâcheté. Excédé, Jean-Paul fait basculer Harry dans la piscine et au lieu de l'aider à en sortir, il lui enfonce la tête sous l'eau et maquille son meurtre en noyade accidentelle. Après l'enterrement de Harry, Marianne découvre des preuves incriminant Jean-Paul mais elle ne peut se résoudre à le dénoncer à l'inspecteur de police chargé de l'enquête et qui le soupçonnait. Une fois Pénélope partie, Jean-Paul et Marianne devront vivre ensemble avec un lourd fardeau.

Ce thriller français se démarque des modèles hitchcockiens du genre de par la description fascinante et minutieuse de la psychologie de ses principaux protagonistes. Cette attention portée aux personnages jusque dans leurs moindres gestes permet au film d'avoir une certaine lenteur sans pour autant que l'intérêt du spectateur se perde durant la projection. La mise en scène précise et assurée de Jacques Deray rend avec un soin d'orfèvre le climat érotique dans lequel baigne ce quatuor de désoeuvrés. La photographie, le montage et les décors sont tout a fait en accord avec le climat d'ensemble et contribuent même avec habileté à ce que cette atmosphère soit une source de tension croissante. Deray a d'ailleurs eu la bonne idée de tourner son film dans la continuité scénaristique, ce qui renforce encore davantage l'efficacité du suspense psychologique et de la progression dramatique de l'intrigue. Aussi, malgré la lourdeur et le caractère artificiel que ce type de récit risque de contenir, le film évite avec agilité ces écueils et s'avère remarquable en tous points. La distribution regroupe un superbe carré d'as d'acteurs dont le jeu contrôlé de chacun représente l'une des qualités essentielles à mettre au crédit de la réussite de ce long-métrage. Après l'avoir vu, je pense même que ce film est devenu une source d'inspiration pour certains thrillers asiatiques modernes du même ordre (surtout japonais). Mathieu Lemée

POUR LA PEAU D'UN FLIC aka For a Cop's Hide - Alain Delon avec Alain Delon, Anne Parillaud, Michel Auclair, Daniel Ceccaldi, Xavier Depraz, Jean-Pierre Darras, Pascale Roberts, Gérard Herold, Annick Alane, Mireille Darc, Jacques Rispal, Pierre Belot, 1981, France, 105m

Un ancien policier, Choucas, est devenu un détective privé modeste pour pouvoir travailler en toute liberté. Il reçoit la visite d'une cliente, Madame Pigot, qui lui demande de retrouver sa fille aveugle disparue. Choucas commence l'enquête sans convictions particulières, mais il devient plus déterminé lorsque sa cliente est abattue sous ses yeux lors d'un rendez-vous et que des inconnus lui enjoignent d'abandonner l'affaire. Un commissaire de police lui rend même visite pour l'abattre, mais Choucas, plus rapide, le tue en état de légitime défense. Recherché par la police pour les deux meurtres, Choucas demande l'aide de son associé, Haymann alias Tarpon, pour retrouver la fille Pigot. Des gangsters sont cependant aussi sur les traces de Choucas, et ils ont tôt fait de kidnapper la secrétaire et maîtresse de celui-ci, Charlotte, pour le forcer à renoncer à cette affaire. Choucas persévère néanmoins, délivre Charlotte, et après plusieurs détours compliqués, il est convaincu que la disparition de la fille aveugle est reliée à un trafic de drogues, dont la base d'opérations serait une clinique médicale spécialisée dans les cures d'amaigrissements. Malgré l'aide d'Haymann, Choucas ne sera pas au bout de ses surprises dans son enquête, et il devra en plus passer par de rudes épreuves pour délivrer la fille Pigot, tout en faisant arrêter les bandits.

Déjà producteur depuis quelques années et parfois scénariste, l'acteur Alain Delon passe cette fois derrière la caméra, n'ayant pas peur de cumuler toutes les fonctions importantes dans la conception d'un long-métrage et de voir son nom répété inlassablement sur le générique. Il est donc évident que son image de marque de héros charmeur parfois solitaire au cinéma, ne soit pas du tout égratigné ici, et l'intrigue policière, tiré à nouveau d'un roman de Jean-Patrick Manchette, est tout au service de la vedette d'abord et avant tout. Le récit est volontiers embrouillé, juste assez pour satisfaire les exigences de tout bon polar, et il est parsemé judicieusement de scènes d'action et de péripéties mouvementées, avec exploits de cascadeurs et éclats de violences brutales efficaces. On y retrouve même un peu d'érotisme, par la présence d'une toute jeune Anne Parillaud, charmante dans un rôle féminin destiné à valoriser évidemment la star Delon. L'approche demeure sérieuse, mais un humour plutôt sardonique vient à l'occasion assaisonner l'ensemble. La conclusion ménage bien les rebondissements et surprend un peu, en nous montrant le personnage incarné par Delon plus vulnérable qu'à l'accoutumé. Au final, le film est très plaisant à regarder, malgré son côté usiné, sa musique à l'américaine et son hommage plutôt à côté de la plaque à Jean-Pierre Melville. Même si l'on n'aime pas Delon, son jeu a juste le ton qu'il faut et ses partenaires sont excellents. Mathieu Lemée

La RACE DES SEIGNEURS - Pierre Granier-Deferre avec Alain Delon, Sydne Rome, Jeanne Moreau, Claude Rich, Jean-Marc Bory, Jean-Pierre Castaldi, Louis Seigner, 1973, France, 90m

Le jeune Julien Dandieu est le chef d'un parti politique de gauche qui possède un fort potentiel pour devenir président. Dandieu est cependant follement amoureux d'une mannequin célèbre nommée Creezy qui est devenue sa maîtresse. Un beau jour, Dandieu reçoit une offre qu'il ne peut refuser: une place de ministre au gouvernement. Ambitieux, il veut accepter mais il doit convaincre les membres influents de son parti pour obtenir leur assentiment car certains d'entre eux répugnent à voir Dandieu être nommé pour ce poste important. Dandieu entreprend alors des démarches pour rassurer son entourage politique mais sa relation passionnée avec Creezy complique les choses d'autant plus qu'elle veut le quitter. Julien Dandieu fait tout ce qu'il peut pour concilier son avenir politique avec son amour pour Creezy mais cela s'avère compliqué et il n'est pas dit qu'il y arrive.

Sevrée de films à connotations socio-politiques, La France n'a pourtant pas craint le remplissage puisque les oeuvres de ce genre se multiplièrent dans les années 70 au pays du rossignol et du coq. Le présent échantillon se veut complexe à souhait, mais demeure toujours clair grâce à un habile emploi de retours en arrière dans l'intrigue et l'assurance de la mise en scène experte de Pierre Granier-Deferre. Cependant, le film n'est qu'à moitié réussi. En effet, alors que la portion politique du récit retient l'intérêt de façon fort constante sur plusieurs points, la partie sentimentale présente fort peu d'éléments captivants et déçoit énormément. Il convient de regarder ce film en vous servant de la touche fast-forward de votre télécommande pour éviter de passer par intermittence de la concentration au sommeil. Néanmoins, ce film soigné (peu être trop) possède beaucoup de passages ou de scènes dignes de mentions qui méritent d'être vus. Alain Delon rend à merveille à l'écran le vide affectif de son personnage d'arriviste mais sa partenaire Sydne Rome, bien que très belle, a un jeu plutôt fade. Mathieu Lemée

SCORPIO - Michael Winner avec Burt Lancaster, Alain Delon, Paul Scofield, John Colicos, Gayle Hunnicutt, J.D. Cannon, Joanne Linville, Melvin Stewart, Vladek Sheybal, 1972, États Unis, 114m

Scorpio, de son vrai nom Jean Laurier, est un ancien soldat ayant fait la campagne d'Algérie qui est maintenant devenu tueur à la pige pour la CIA. Il travaille généralement sous les ordres d'un dénommé Cross mais un jour, MacLeod, un gros ponte de la CIA lui donne l'ordre d'abattre Cross parce qu'il est devenu un agent double. MacLeod ne lui laissant pas le choix d'accepter la mission, Scorpio retrace Cross à Vienne où il se cache avec l'aide d'un agent russe, mais Cross décèle aussitôt la présence de Scorpio. Le tueur veut cependant savoir si réellement Cross est un agent double avant de l'abattre. Pendant ce temps, MacLeod organise le cambriolage de la maison de Cross aux États-Unis, mais au cours de l'opération, la femme de celui-ci est tuée. Désireux de se venger, Cross revient aux États-Unis et tue MacLeod. De son côté, Scorpio, qui s'apprêtait à renoncer à son contrat de tuer Cross, découvre que sa petite amie Susan a partie liée avec lui pour vendre des secrets aux Tchèques. Se sentant trahi, Scorpio abat Susan pour ensuite affronter Cross dans une rencontre mortelle et décisive.

Quand il est question de cinéma d'espionnage, le spectateur s'attend à se voir raconter une intrigue aux développements complexes où les protagonistes sont protéiformes. "SCORPIO" ne fait pas exception à la règle et en plus, les éléments compliqués du récit sont présentés clairement grâce à une judicieuse utilisation de l'ellipse dans leur mise au point ultra-précise. Michael Winner nous livre une réalisation à la fois alerte et personnelle en se basant sur l'actualité de l'époque pour enrichir le sujet et en insérant des réflexions abstraites sur la déshumanisation du milieu de l'espionnage à cause de la duplicité et du climat de suspicion qui y domine, tout en obéissant habilement à des impératifs commerciaux lors des moments de suspense ou des séquences de poursuites. L'intérêt du spectateur ne peut donc que croître au fur et à mesure que le film progresse, surtout qu'aucune chute de rythme n'est à signaler tout au long du parcours. Burt Lancaster compose à merveille son personnage de Cross autant au niveau des variations athlétiques que dramatiques tandis qu'Alain Delon incarne le tueur Scorpio avec moins de froideur que son allure et son jeu habituel. Bref, du très bon thriller comme on en fait hélas bien peu. Mathieu Lemée

Les SEINS DE GLACE aka Icy Breasts aka Someone is Bleeding aka Esecutore oltre la legge - Georges Lautner avec Mireille Darc, Alain Delon, Claude Brasseur, Nicoletta Machiavelli, André Falcon, Fiore Altoviti, Emilio Messina, Michel Peyrelon, 1974, France/Italie, 105m

Sur une plage de Nice, un scénariste de feuilletons pour la télévision, François, fait la rencontre d'une jeune femme étrange, Peggy. Celle-ci vit dans une villa isolée où elle est protégée par des gardiens vigilants. Devenu amoureux de Peggy, François cherche à la revoir malgré la protection qui l'entoure. C'est ainsi que François rencontre l'avocat de Peggy, Marc Rilson, qui a une étrange relation avec elle et qui lui affirme qu'elle est accusée d'avoir tuée son mari. Rilson fait également savoir à François qu'elle est actuellement dans un état dépressif car elle est une droguée et que les hommes qui l'approchent meurent tous mystérieusement. Toujours amoureux de Peggy, François s'entête à la revoir mais de mystérieux meurtres se produisent autour d'elle dont Rilson, qui veille un peu trop jalousement sur elle, efface toutes les traces pouvant inculper sa cliente. François à son tour, ne tarde pas à être la cible de l'assassin. Parviendra-t-il à s'en sortir et à résoudre ce mystère?

Bien qu'il se soit spécialisé dans la comédie policière, le réalisateur Georges Lautner a aussi travaillé sur des projets plus sérieux avec autant d'adresse. Il adapte ici assez fidèlement un roman de l'auteur américain Richard Matheson (également scénariste du film "DUEL") riche en suspense psychologique, en passions troublantes et en morts violentes. Comme il se doit, l'intrigue contient son lot de révélations ou de revirements de situations destinés à surprendre le spectateur et à enrichir la tension au moment voulu. Les motivations de l'assassin apparaissent d'ailleurs plus importantes que son identité car on devine qui est le tueur bien avant la fin sans que notre intérêt ne faiblisse pour autant. La mise en scène conduit le récit à coups mesurés dans un style froid qui convient parfaitement au contexte d'une telle histoire. Seule ombre au tableau: le métrage possède quelques moments répétitifs qui en atténuent l'atmosphère intrigante. La qualité de l'interprétation joue cependant un rôle majeur dans la réussite et la crédibilité du film. Comédienne préférée de Lautner, Mireille Darc fait montre de tout son talent dans un rôle dramatique ambigu fort éprouvant et elle est en plus soutenue par des partenaires de haut-calibre comme Alain Delon et Claude Brasseur. Du très bon thriller pimenté d'une touche d'horreur et de fantastique qui n'a pas besoin d'être exceptionnel pour être plaisant. Mathieu Lemée

SOLEIL ROUGE aka Red Sun - Terence Young avec Charles Bronson, Toshiro Mifune, Alain Delon, Ursula Andress, 1971, Espagne/Italie/France, 114m

Un bandit, Gotch, et sa bande attaquent un train ou voyage l'ambassadeur du Japon. Ils parviennent à s'emparer d'une cargaison d'or ainsi que d'un sabre cérémonial que l'ambassadeur devait donner au président des États-Unis. Alors que les bandits s'enfuient, Gotch cherche à se débarrasser de son lieutenant Link. Mais il survit et compte bien se venger de son chef. Dans sa traque, un samouraï l'accompagne afin de récupérer le sabre volé. Link accepte sa présence bon gré mal gré. Au-delà de leurs différences culturelles, les deux hommes parviennent à retrouver Gotch et sa bande dans une mission abandonnée. C'est alors que des Indiens attaquent la mission, ce qui complique et facilite à la fois la tâche de Link et du samouraï.

Ce western est devenu culte grâce à la présence originale et incongrue d'un samouraï japonais dans le vieil Ouest américain. Cela donne lieu à de nombreuses scènes humoristiques et stylisés, qui renouvellent le genre. Par ailleurs, la distribution est nantie d'un superbe carré d'as alors que les quatre principaux acteurs proviennent d'un pays différent. Terence Young, habitué du cinéma d'action, sait mener son film avec mouvement et souplesse et la photographie est soignée. Tous les interprètes ont visiblement du plaisir à incarner leurs personnages respectifs. Un classique du genre western. Mathieu Lemée

TONY ARZENTA aka No Way Out aka Big Guns - Duccio Tessari avec Alain Delon, Richard Conte, Umberto Orsini, Carla Gravina, Roger Hanin, Anton Diffring, Marc Porel, Nicoletta Machiavelli, Guido Alberti, Erika Blanc, 1973, Italie/France, 100m

Tony Arzenta est un des meilleurs tueurs à gages à travailler pour un syndicat du crime italien. Il annonce cependant un beau jour à ses patrons qu'il désire se retirer des affaires. Par mesure de sécurité. Ceux-ci décident d'un commun accord de supprimer Tony, mais les tueurs qu'ils envoient commettent une erreur fatale en tuant l'épouse et le jeune fils de Tony au lieu de celui-ci. Voulant se venger, le redoutable tueur entend bien éliminer un à un ses anciens chefs. Se doutant des intentions de Tony, les dirigeants du syndicat se préparent à défendre chèrement leurs vies tout en continuant d'envoyer des tueurs pour descendre définitivement Tony, mais celui-ci n'est pas une proie facile à tuer.

Enième variation portant sur la vengeance d'un tueur de la pègre contre ses supérieurs dans un milieu où règne la loi de la jungle, ce film se situe d'emblée parmi les nombreux filleuls du "GODFATHER" qui se sont manifestés en grand nombre dans le paysage cinématographique de l'époque. Si vous avez déjà vu ce type de métrage à plusieurs reprises, "TONY ARZENTA" vous apparaîtra vite comme peu original à moins que vous ne soyez pas trop chiche dans vos attentes. Reconnaissons toutefois que le réalisateur Duccio Tessari connaît son métier car sa mise en scène se veut compétente et parfois rafraîchissante; les séquences de poursuites en bagnoles et de confrontations violentes entre les protagonistes se déroulant en grand nombre dans des décors variés et à une allure palpitante. L'intrigue n'est évidemment pas neuve et comme vous le voyez dans le paragraphe ci-dessus, il se résume en peu de mots. L'ensemble, bien qu'un peu mécanique sur les bords, se regarde à tout le moins avec agrément et bénéficie d'une excellente musique et d'une interprétation intelligente de tous les acteurs, Alain Delon en tête. Un film d'action qui remplit donc le cahier des charges du genre, ce qui en fait un divertissement correct. Mathieu Lemée

Le TOUBIB aka The Medic - Pierre Granier-Deferre avec Alain Delon, Véronique Jannot, Bernard Giraudeau, Francine Bergé, Michel Auclair, Bernard Le Coq, Catherine Lachens, Jean-Pierre Bacri, Henri Attal, Dominique Zardi, 1979, France, 95m

Dans un avenir rapproché, un médecin militaire, Jean-Marie Desprée, est profondément marqué par le récent départ de sa femme. Comme la France s'engage dans une guerre contre un pays d'Europe, il est appelé à partir au front comme chirurgien dans un hôpital de campagne. Malgré une attitude taciturne cachant une profonde sensibilité, Jean-Marie se dévoue corps et âmes à la guérison de ses malades et des blessés sur le champ de batailles. Son travail l'amène à faire la connaissance d'une infirmière timide, Harmonie, qui exerce son métier un peu maladroitement. Critiquant sévèrement son travail au départ, Jean-Marie en vient à tomber passionnément amoureux d'elle mais il apprend qu'elle est atteinte d'une grave maladie qu'elle a contractée dans un secteur où des gaz délétères étaient répandus. Il cherche alors à la renvoyer en France chez sa soeur pour qu'elle soit soignée, mais les hasards de la guerre sont imprévisibles et peuvent fort bien en décider autrement.

Alain Delon aime bien parfois délaisser le polar d'action pour s'essayer à des oeuvres inattendues comme c'est le cas ici. En fait, ce long-métrage est l'un des rares films, sinon l'un des premiers, à être un drame d'anticipation futuriste. La production fait montre d'ailleurs de moyens considérables pour illustrer de façon impressionnante un contexte futuriste guerrier où les armes ultra-modernes, l'horreur des champs de bataille et la technologie médicale avancée sont présentées dans un ton abstrait pour livrer un message pacifique antimilitariste convaincant. Malheureusement, tous ces éléments sont au service d'une intrigue sentimentale fade ne dépassant pas le registre du roman-photo fleur bleue. Le portrait et les états d'âmes des chirurgiens militaires ne sont évoqués qu'en termes de clichés et la mise en scène, bien que de grande classe, insiste beaucoup trop sur l'aspect tragique de la guerre et de l'histoire d'amour contenu dans le récit. Curieusement, on retrouve ces mêmes défauts dans un film du même réalisateur et avec le même acteur vedette: "LA RACE DES SEIGNEURS". Donc, vous devez regarder ce film partiellement (les portions guerrières) avec l'aide de l'avance rapide de votre télécommande. Heureusement, l'interprétation est assez solide. Une tentative honorable qui aurait pu être beaucoup mieux. Mathieu Lemée

TRAÎTEMENT DE CHOC - Alain Jessua 1972, France, 1h23

Avec Alain Delon dans le rôle d'un médecin, et Annie Girardot dans celui d'une patiente souffrant de surmenage. Ayant été invité par son copain dans une sorte de villa ou plusieurs personnes y sont traitées, ayant comme serviteur des portugais qui perdent assez souvent connaissance. Les traitements ne sont pas compliqués : piqûre et bain d’algue. Une nuit le copain d'Annie lui dit de quitter les lieux, car elle va s'en accrocher, que c'est pire que la drogue et qu'elle va tout dépenser ses économies. Le lendemain il est trouvé mort au pied d'une falaise. C’est a partir de là que s’installe l’intrigue. C’est alors madame Girardot qui prend les choses en main et fais son enquête, elle voit d'autres docteurs vider des brebis. Elle en voit même d'autres qui extraient le sang des portuguais, donc le remède miracle vient d'eux. Malheureusement ce n'est qu'aux 15 dernières minutes qu’il se passe de l'action : poursuite, bataille, découverte macabre et même la mort du pauvre Delon. Le film n'est pas si mauvais que pour autant, l’intrigue est bien ficelée et plus ca avance, plus on veut en savoir, y a juste la trame sonore qui m'agressais grrrrrr.  Rana


Annie Girardot se glisse dans la peau d'une riche designer parisienne qui se rend en Bretagne, recommandée par un ami, suivre une cure de santé basée sur l'injection de cellules fraîches qui lui "rendront sa jeunesse".  Dès son arrivée elle est charmée par l'endroit; l'accueil y est très amical, et la petite comunauté de bourgeois suivant la cure annuellement paraît très liée. Il semblerait que la cure est tellement appréciée que chacun revient d'année en année. Mais le charme n'opérera qu'un temps et Annie se mettra à déchanter à mesure que les détails incongrus s'accumulent; les employés
portugais semblent avoir de la difficulté à s'habituer au climat et tombent comme des mouches; certains comportements, dont celui du docteur (Alain Delon) sont plutôt étranges, mais il y a toujours une explication rationelle qui vient sauver la mise.  Jusqu'au jour où elle essaiera de s'enfuir.

Probablement basé sur la méfiance "populaire" à l'égard des techniques de pointes en médecine - domaine qui progressa nettement dès le début des années '70 - le scénario de ce film d'Alain Jessua est assez habile: la lente et inévitable progression des événements est savamment orchestrée, et le film atteint dès les dix premières minutes un rythme fascinant. L'interprétation est fort correcte: Delon est particulièrement inquiétant et charismatique en médecin libertin. Le faux sourire de Girardot finit cependant par agacer. Jessua parvient à créer un climat très inconfortable typique des productions françaises du genre avec le budget visiblement aisé dont il dispose. La finale paranoïaque peut sembler pessimiste, mais pourrait aussi être interprétée comme une brèche dans la morale rigide de l'époque, une parabole un peu exagérée pour illustrer les désavantages éventuels de la libération des esprits alors en vogue à ce moment-là en
Europe et partout ailleurs. Orloff

TROIS HOMMES À ABATTRE aka Three Men to Kill -. Jacques Deray avec Alain Delon, Dalila Di Lazzaro, Pierre Dux, Michel Auclair, Simone Renant, Pascale Roberts, Jean-Pierre Darras, François Perrot, Bernard Le Coq, Christian Barbier, 1980, France, 93m

Après avoir porté secours à un automobiliste blessé sur la route, Michel Gerfaut se retrouve entraîné malgré lui dans une sombre affaire où des tueurs cherchent à l'éliminer. C'est parce que le blessé qu'il a sauvé a été la victime d'une tentative d'attentat ordonné par le bras droit d'un important trafiquant d'armes. Malgré tous les tueurs à gages lancés à ses trousses, Michel Gerfaut, en vacances avec sa petite amie, parvient à leur échapper avec tellement d'habileté que ceux qui les ont engagés croient que Michel est un vrai professionnel à la solde d'un groupe opposé. Le chef des trafiquants, Emmerich, charge son bras droit, Leprince, d'entrer en contact avec Gerfaut pour lui faire une offre de collaboration. Gerfaut ayant refusé la proposition, son exécution est alors définitivement décidé.

Après Roger Borniche, le réalisateur Jacques Deray et l'acteur-producteur Alain Delon se sont tournés vers une oeuvre de Jean-Patrick Manchette, surnommé le "pape du néo-polar", pour concevoir un nouveau film policier d'action. Il n'y a cependant pas grand chose à dire sur cette pellicule. Le scénario apparaît vite plus conventionnel que le livre d'origine, mais grâce à l'habileté technique de la mise en scène de Deray, le récit est mené de façon percutante sans chutes de rythmes. Les scènes d'action défilent à un train d'enfer avec en plus une autre spectaculaire poursuite en bagnoles signée Rémy Julienne. Il n'y pas beaucoup d'humour dans cette intrigue et le ton est volontiers sérieux, mais la profondeur est délaissé au profit du mouvement. Le spectateur ne s'en plaindra pas toutefois puisqu'il ressortira diverti après le visionnement. Alain Delon ne se renouvelle pas particulièrement dans la peau d'un autre personnage de loup solitaire, mais ses partenaires ont toute l'aisance voulue dans leur jeu. Mathieu Lemée

La TULIPE NOIRE aka The Black tulip aka Il Tulipano Nero - Christian Jaque avec Alain Delon, Virna Lisi, Adolfo Marsillach, Dawn Addams, Akim Tamiroff, Laura Valenzuela, Georges Rigaud, Francis Blanche, Robert Manuel, 1964, France, 115m

En 1789, à quelques jours de la prise de la Bastille, un héros masqué, appelé la Tulipe Noire parce qu'il laisse cette fleur sur les lieux de ses exploits, vole les richesses des nobles pour les redistribuer aux pauvres. Malgré la grande sympathie du peuple français envers lui, le chef de la police, un dénommé La Mouche, entend bien arrêter le preux justicier. Il ne tarde pas à soupçonner un jeune noble, Guillaume de Saint-Preux, d'être la Tulipe Noire et il lui tend un piège, ce qui vaudra à Guillaume une balafre à la figure. Comme celui-ci est vraiment la Tulipe Noire et qu'il ne peut plus maintenant se présenter publiquement au risque de se démasquer, Guillaume fait appel à son frère jumeau, Julien, pour le remplacer dans les soirées mondaines, tandis que lui peut continuer ses exploits de justicier. Lorsque Guillaume est enfin capturé par La Mouche et condamné à la pendaison, Julien décide d'endosser le masque de la Tulipe Noire à son tour pour mettre fin aux injustices et anéantir les ennemis de son frère.

Rêvant de pouvoir incarner un héros de cape et d'épée du type "FANFAN LA TULIPE" ou "CARTOUCHE" afin d'égaler des acteurs comme Gérard Philippe, Jean Marais et même son rival à l'écran Jean-Paul Belmondo, la jeune étoile montante Alain Delon a tenu à jouer dans un film d'action spectaculaire dans la même veine épique. À partir d'un roman d'Alexandre Dumas, dont l'adaptation ici est fort éloigné du roman d'origine, le film rassemble donc toutes les conventions du genre, du style Zorro et Robin des Bois, dans le soucis de livrer aux spectateurs un récit léger et mouvementé rempli de fantaisie, de romantisme et d'aventures, ponctué de fabuleux combats à l'épée et de cascades acrobatiques. La mise en scène coordonne tout cela avec une grande virtuosité, ce qui ne surprend pas puisque le réalisateur, Christian-Jaque, est le fameux réalisateur de "FANFAN LA TULIPE". L'intrigue, tout comme la technique, est rondement menée et malgré quelques faiblesses, possède un charme désuet admirable et non démenti. Un très bon film de détente plaisante pour se délasser les neurones car on ne s'y ennuie guère. Alain Delon n'a aucun mal à dominer la distribution dans un double rôle où il se montre en pleine forme. Mathieu Lemée

UN FLIC - Jean-Pierre Melville avec Alain Delon qui s'exerce au tir avec un Manurhin, Richard Crenna qui se repeigne en robe de chambre, Catherine Deneuve maquillée comme un camion vole, un énorme aimant, un travesti et Andre Pousse, 1972, France

J'émerge à l' instant de "un flic" de Melville : un père noël sur un trottoir devant les vitrines de noël de grands magasins parisiens, interpelle discrètement par Delon depuis sa voiture banalisée, semble distribuer en guise de cadeaux... des tuyaux d'indic.

Faut-il rire ou pleurer de la fameuse scène train/hélicoptère ? Mince Melville aurait pu bifurquer avec talent vers la série Z. Il y a aussi cette autre scène ou la voiture démarre, le plan est coupe alors qu'elle approche a deux mètres du photo-décor géante de la rue nocturne qui se poursuit.

La scène hèlico/train dans "mission impossible" de De Palma semble quant-a-elle sortir d'un dessin anime, un hommage ?

L'ambiance des casses, une esthétique générale urbaine jazz cigarettes costumes, des solides comédiens dans le registre silencieux (silence = ambigüité grâce aux spectateurs imaginatifs), bref la touche Melville se retrouve facilement, probablement affectée ici par des incohérences. Reste un polar, un film noir "hard-boiled" a la française, un exercice de style académique 60/70 : pour un amateur de ce genre en soi, il ne serait guère envisageable d'en faire l'économie. Bigeyes

ZORRO aka El Zorro la belva del Colorado - Duccio Tessari avec Alain Delon, Stanley Baker, Ottavia Piccolo, Moustache, Enzo Cerusico, Giampiero Albertini, Adriana Asti, Giacomo Rossi-Stuart, Marino Masé, Raika Juri, 1975, Italie/France, 124m (87m version américaine)

Alors qu'il s'apprêtait à prendre son poste dans une lointaine province espagnole, le nouveau gouverneur est assassiné par les hommes du colonel Huerta, un commandant militaire corrompu qui dirige la région avec une main de fer pour s'enrichir davantage sur le dos des citoyens. Un ami d'enfance du gouverneur, Don Diego, emprunte alors son identité pour prendre ses fonctions. Pour être sûr d'éviter de possibles tentatives d'assassinat de la part des hommes d'Huerta, il s'affiche prétendument poltron, faible et indécis de façon à ce que Huerta ne le considère pas comme une menace et le laisse s'installer au palais. Une fois en place, Don Diego prend secrètement l'identité du justicier masqué Zorro pour mettre fin aux injustices d'Huerta et de ses hommes. Dans cette entreprise, il reçoit l'aide du moine Francisco et de la belle aristocrate Hortensia, qui s'est amourachée du héros. Le tout se terminera comme de juste par un affrontement décisif entre Don Diego aka Zorro et le colonel Huerta.

Profitant de son statut de vedette, Alain Delon a voulu incarner à l'écran l'un des plus célèbres justiciers mythiques déjà présentés au cinéma dans diverses versions: Zorro. Pour être certain de la réussite de ce nouveau projet, on y a apporté les moyens de production appréciables nécessaires et une mise en images entraînante pour concevoir une pellicule des plus divertissantes. Duccio Tessari, en bon faiseur italien du cinéma de genre s'applique avec soin et motivation à illustrer une suite de séquences très mouvementées qui a requis la participation de nombreux cascadeurs, en plus de confectionner pour notre plaisir les scènes habituelles de combats à l'épée jusqu'au traditionnel duel final très convaincant. Le film se veut donc un spectacle enlevant rempli de fantaisie, d'aventures spectaculaires comme il se doit avec évidemment la touche d'humour attendue venant des personnages secondaires. Seule la musique des frères De Angelis détonne un petit peu sur le résultat final à cause entre autres d'une chanson thème certes rythmée mais qui s'applique bien peu à ce type de film. Alain Delon force un peu la note dans sa composition du fameux héros masqué mais il est très bien entouré par ses partenaires. À voir dans sa version originale intégrale. Mathieu Lemée

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JEAN-PAUL BELMONDO

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