LA GAZETTE DU CLUB DES MONSTRES

NUMÉRO 37

Universal Classics

DRACULA

DRACULA - Tod Browning avec Bela Lugosi, Helen Chandler, Dwight Frye, Edward Van Sloan, 1931, États Unis, 75m

Reinfield débarque en Transylvanie pour régler la location de l'abbaye de Carfax par le comte Dracula. La population locale a beau l'avertir, il remplit sa mission. Après une traversée en mer tragique, Reinfield devient l'homme à tout faire de Dracula, mais il est rapidement interné dès son arrivée dans l'asile pour fous dirigé par le docteur Seward. Dracula visite le docteur Seward et vampirise rapidement la copine de sa fille Mina, Lucy. Mina est la prochaine sur sa liste mais le Professeur Van Helsing découvre la nature horrifique du comte et avec l'aide du fiancé de Mina, Jonathan Harker, décide de détruire le vampire.

Voici un classique que j'avoue avoir plus apprécié aujourd'hui que durant ma jeunesse. Pour cause, le vampire y est très sage, toutes les actions horrifiques se passant hors caméra et sa mort étant une affaire précipitée. Qui plus est, techniquement, on ressent les limites de l'époque, ne serait-ce qu'au niveau du son et de la musique uniquement présente lors du générique d'ouverture. J'avais obnubilé les séquences ou le comte se promène dans un Londres bon chic bon genre dont se fera écho le Dracula de Coppola. Je serait même porté à affirmer que Dwight Frye, dans le rôle de Reinfield, est encore plus efficace que Bela Lugosi, mais c'est surtout à cause de son rôle de dément, joué de manière magistrale. Une partie du problème est surement dû au scénario adapté d'une pièce de théâtre, d'ou les décors en nombres limités. Ceci dit, ces décors, particulièrement ceux du château et des caves de Carfax, sont pleins d'atmosphère et bien exploités par Browning.

Bela Lugosi s'apprécie avec l'âge, plusieurs de ses répliques étant devenues de classiques, répétées dans moults adaptations. On se doute parfois que Lugosi semble prononcer certains dialogues à l'oreille, son anglais étant très approximatif, mais ca ajoute à l'étrangeté du personnage. Edward Van Sloan dans le rôle de Van Helsing est aussi maniéré dans ses dialogues, livrés plutôt lentement, chaque syllabe étant soigneusement détachée.

Pour ses répliques mythologiques, la présence indéniable de Bela Lugosi, le jeu formidable d'un Dwight Frye au sommet de son art et l'iconographie devenue pratiquement partie prenante du patrimoine fantastique, il fait bon revoir ce premier Dracula, devancé par le magnifique Nosferatu, certes, mais première adaptation officielle, suivie par une flopée de films au succès régulièrement plus approximatif.

DRACULA aka Drácula - George Melford avec Carlos Villarias, Lupita Tovar, Barry Norton, Pablo Álvarez Rubio, 1931, États Unis, 104m

Essentiellement le scénario du Dracula de Tod Browning, allongé surtout dans la dernière partie du film, ce qui la rend plus satisfaisante, à mon avis. C'est à cause des difficultés techniques du doublage à cette époque lointaine et l'importance du marché hispanique que certains films étaient tournés simultanément dans les deux langues. Ou dans ce cas, l'équipe de Tod Browning tournait de jour et celle de Melford de nuit, dans les mêmes décors. Cette version que l'on a longtemps crue disparue à jamais (quelques rares séquences viennent d'une pellicule en fort mauvais état) a la chance de nous offrir une vision du sujet très différente.

Tout d'abord la photographie. On apprécie beaucoup les lumières qui sortent des tombeaux qui s'ouvrent. Au niveau des costumes, la jeune vedette Lupita Tovar a des décolletés que n'ose pas la version plus prude de Browning. D'ailleurs le producteur, visiblement sous le charme, allait épouser la belle Tovar deux ans plus tard. Plus sensuel et plus agressif aussi, voir la séquence du miroir présenté à Dracula, que Bela Lugosi fait tomber du revers de la main, mais que Carlos Vilarias fracasse en mille morceaux avec sa canne. Si Pablo Álvarez Rubio est d'abord moins convaincant en Reinfield, il se donne à fond par la suite, étant aussi efficace que Dwight Frye. La mise en scène est également plus inventive et on se demande si l'équipe a pu voir les séquences tournées par Browning pour essayer de les surpasser, à tout le moins essayer d'être plus inventif. Il n'y a à vrai dire que Villarias qui détonne parfois, qui ne dégage pas l'exotisme et le regard fatal de Lugosi. N'empêche qu'il fait bon voir cet exercice devenu rareté et c'est fort apprécié !

DRACULA'S DAUGHTER - Lambert Hillyer avec Gloria Holden, Otto Kruger, Marguerite Churchill, Edward Van Sloan, 1936, États Unis, 71m

On débute à l' instant où Dracula se terminait. La police arrive dans les sous-sols de Carfax, découvrent Renfield mort et rencontrent Van Helsing qui dit avoir tué le comte Dracula, mort depuis 500 ans ! Scotland Yard n'entend pas à rire et Van Helsing est accusé de meurtre. Il demande alors à un ancien élève, le psychiatre Jeffrey Garth, de le défendre. Garth n'est pas plus enclin à le croire, mais sa rencontre avec la Comtesse Marya Zaleska va l'amener à douter. Zaleska veut son aide pour la débarrasser de l'emprise de son père, décédé. Elle est en fait la fille de Dracula et espérait que la mort du paternel allait lui enlever ses habitudes de nuit. Remarquez, son serviteur, Sando, ne l'aide pas, ne voyant que la mort dans les yeux de sa maîtresse. Qui plus est la secrétaire de Garth, la mignonne Janet est affreusement jalouse de la comtesse et ne comprend toujours pas pourquoi le docteur ne lui tombe pas dans les bras. Les meurtres se multiplient et Zaleska s'enfuie vers la Transylvanie avec Janet comme otage pour forcer Garth à s'occuper de son mal de vivre.

L'idée de commencer une suite dans les secondes qui suivent l'original n'est donc pas si nouvelle et même si on a vu semblable plus tard, il fait bon de voir les conséquences devant la justice pour ce pauvre Van Helsing. Cependant tout cela est très sage, en fait ceux qui apprécient énormément le premier Dracula vont probablement y trouver leur compte. À part la séduction d'une jeune femme qui doit poser pour la comtesse, peintre à ses heures, aux relents de lesbianisme sous-jacent, on parle beaucoup, mais on agit peu. Beaucoup d'ambiance avec une Gloria Holden neurasthénique qui ne dégage pas la force animale de Lugosi, mais plutôt la malédiction du Loup Garou de Londres, sorti un an plus tôt, ou celle à venir de Larry Talbot. Otto Kruger, qui fait penser à Fred Astaire, est excellent dans son rôle, tout comme Marguerite Churchill dans celui d'une Janet qui aurait eu plus de succès avec plein de mâles normalement constitués. Vu il y a des années, ce n'était pas pour moi le film le plus mémorable da la saga vampirique et je trouve encore que c'est le plus discret. À chacun son plaisir. Mario Giguère

SON OF DRACULA - Robert Siodmak avec Lon Chaney Jr, Robert Paige, Louise Allbritton, Evelyn Ankers, 1943, États Unis, 80m

Katherine Caldwell attends avec impatience la visite du comte Alucard qu'elle a rencontrées à Budapest. Le Docteur Brewster, ami de la famille, est à la gare de train, mais seuls ses bagages arrivent et rapidement le doc se méfie du nom Alucard, devinant rapidement qu'il s'agit de Dracula à l'envers. Le paternel des soeurs Caldwell meurt le soir même et Katherine hérite de la maison tandis que sa soeur Claire hérite de sa fortune. C'est ce que Katherine souhaitait, Alucard arrivé, la maison lui appartenant, elle peut épouser rapidement le comte et vivre en paix, pardon, vivre sa non vie, car évidemment elle est rapidement vampirisée par le fils de Dracula. Ce qui ne fait pas l'affaire de son fiancé et ami de jeunesse, Frank, qui, fou furieux de jalousie, essaie de tuer Alucard, mais les balles le traversent et il tue sa bien aimée. Il se rend à la police, mais le docteur a vu Katherine le soir même, bien vivante. Tout se complique quand la police fait ses vérifications et découvre la belle dans un cerceuil. Aidé par un spécialiste européen, le professeur Lazlo, Brewster veut détruire Alucard et sauver l'âme de Katherine.

Innovations au menu, les vampires peuvent voyage sous forme de brume et pour la première fois on les voit bien se transformer d'apparence humaine à chauve-souris. Lon Chaney Jr dans le rôle titre a une belle prestance, mais sa jeune épouse lui vole pratiquement la vedette, car il y a anguille sous roche. Intéressant aussi. L'emplacement du cercueil du comte, placé sou l'eau dans un marais proche de la bâtisse, fallait y penser et rendre sa mort pas aussi évidente que celle du paternel ! Ca demeure un petit film de studio, mais bien mis en scène. Ce sont encore les vieux adultes, ici le docteur et le professeur, qui font la lutte au vampire, pendant que les jeunes adultes perdent la raison et la vie. Pour la performance de Chaney, celle de Louise Allbritton en belle vamp et quelques surprises du scénario fort intéressantes, le film satisfait beaucoup plus que le précédent, DRACULA'S DAUGHTER.

HOUSE OF DRACULA - Erle C Kenton avec John Carradine, Lon Chaney Jr, Onslow Stevens, Martha O'Driscoll, 1945, États Unis, 67m

Le comte Dracula, sous pseudonyme, débarque en pleine nuit chez le docteur Franz Edelman, pour lui demander de guérir sa maladie. Larry Talbot débarquera plus tard pour les même raisons, il tient toujours à guérir de sa lycanthropie. Edelman peut l'aider, mais seulement dans quelques semaines, le temps de récolter assez de matériel pour l'opérer sans danger. Talbot, découragé, se tire à l'eau en bas de la falaise près de l'institution d'Edelman. Le docteur le retrouve sans les grottes au pied de la falaise et découvre également le monstre de Frankenstein et le squelette du docteur Gustav Niemann, que nous avions laissés en train de se noyer dans les marécages dans HOUSE OF FRANKENSTEIN. Edelman essaie d'aider tout le monde mais, trahi par Dracula qui veut vampiriser sa belle assistante, se retrouve avec du sang de vampire dans ses veines. Pas assez pour se transformer en vampire, mais assez pour le rendre fou. À chacun ses excuse pour essayer de faire revivre la créature de Frankenstein !

C'est une rare fois, de mémoire, que le bossu et le rôle d'une assistante du professeur sont jumelés, sous les traits de la belle Jane Adams dans le rôle de Nina. On la verra sans sa bosse qui la déforme dans une remarquable séquence de rêve ou l'on voit entre autre des extraits des Frankenstein précédents. Ce n'est qu'un des points d'intérêt du film, certes court et au scénario tarabiscoté, mais fort atmosphérique et ou le personnage d'Edelman vole pour ainsi dire la vedette aux monstres. Car Dracula n'est pas là tout le log du film et Frankenstein n'y est vraiment présent que durant les brèves dernières minutes. N'empêche qu'on ne s'ennuie pas et qu'on voit à regret la dernière apparition sérieuse des classiques de la Universal avant longtemps. La prochaine vague de monstres sera intégrée à la série des comiques Abbott et Costello, parfois avec bonheur, mais loin des drames fantastiques de la belle époque. Mario Giguère

voir aussi FRANKENSTEIN * WOLFMAN index des articles

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BELA LUGOSI

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