LA GAZETTE DU CLUB DES MONSTRES

NUMÉRO 56

VIDEO NASTIES

VIDEO NASTIES: Moral Panic, Censorship & Videotape - Jake West avec Ruggero Deodato, Neil Marshall, Christopher Smith, James Ferman, Mary Whitehouse, Patricia MacCormack, 2010, Royaume Uni, 72m, durée totale coffret 13hr

Jake West, RAZOR BLADE SMILE, EVIL ALIENS, PUMPKINHEAD: ASHES TO ASHES, nous offre un essentiel, le guide des Video Nasties, ce curieux phénomène qui a frappé longtemps l'Angleterre. L'historique est à la fois instructif, bien documenté et plein d'images d'archives ainsi que d'entrevues d'époque et d'aujourd'hui. C'est une véritable reconstitution de ce qui a amené les divers procès et la fameuse liste qui varia avec le temps et dont on présente les 72 titres infâmes. C'est aussi une magnifique illustration de poussée de bonne pensée qui s'exprime par la répression artistique dont nous sommes régulièrement à la merci. Si, il y a deux cent ans, Alexandre Dumas racontait comment la suite de son feuilleton sur la révolution française, ANGE PITOU, faillit ne pas sortir car les âmes bien pensantes de l'époque accusaient les romans populaires de corrompre la société, comme de tout temps l'art a été accusé de tous les torts en même temps qu'il peut élever l'âme. Pensons aussi aux multiples procès qu'ont eu à subir divers groupes de musique accusés d'avoir poussé au meurtre ou au suicide. C'est donc une autre époque ou l'arrivée de la vidéo permettait à toute une bande de petits éditeurs, bien avant l'emprise des géants de l'industrie, de nous ressortir les classique du film d'horreur, les plus gores et les plus terrifiants, du moins selon les campagnes de publicité. C'est bien du coté des publicités et pochettes sensationnalistes qu'il faut voir dans un premier temps une responsabilité pour le début de cette hérésie. Ajoutez la curieuse idée que les clubs vidéo pouvaient louer sans restriction d'âge les films de tout acabit, à l'exception des films dits pour adultes, cachés dans une pièce à part ou séparés par un simple rideau. C'est dire, et les témoignages de réalisateurs, critiques et écrivains sont nombreux, comment les jeunes adolescents se faisaient des partys ou ils regardaient les films les plus extrêmes, qui l'étaient parfois, qui souvent ne méritaient pas leur réputation, mais c'est une autre histoire. Le tout se retrouvant devant un député qui décide de sauver le pays de l'anarchie et la jeunesse d'une déchéance et d'une chute dans la folie meurtrière en interdisant les pires films !

Il faut entendre les explications d'époque des Mary Whitehouse, chasseuse de sorcière bien connue des amateurs de Doctor Who qu'elle a abondamment critiqué, et des députés du parlement impliqués dans l'affaire. Il s'avère, comme de raison, qu'ils n'ont souvent pas vu les films en question ou qu'ils n'en verront au mieux que des montages d'extraits dégoutants. Il faut entendre la déconstruction des études dites scientifiques qui prouvaient, comme d'autres avant ou après, comment la vision de ces pellicules allait s'incruster dans la rétine et le cerveau de pauvres chérubins qui allaient devenir une génération perdue de sadiques cannibales. Il faut par la suite regarder par exemple, Patricia MacCormack, conter, les yeux brillants, le party ou avec ses copines de 12 ans, elle voyait pour la première fois EVIL DEAD ! C'est bien là la plus belle illustration de la faute originale, celle d'imaginer que ces contes allaient produire autre chose que des adultes productifs et tout à fait normaux, si on excepte leur goût du macabre, qui semble bien salutaire.

Le magnifique documentaire est accompagné de deux dvds contenant des heures pendant lesquelles on présente d'abord les films bannis durant des années, présentés par des critiques connus, des réalisateurs, des experts en la matière et de fins connaisseurs, chacun son film, suivit de sa bande annonce. Si j'ai vu la plupart de ces films maudits, plusieurs m'étaient inconnus et si certains méritent le détour, d'autres sont tout à fait oubliables, des dires même de ces défendeurs du fantastique. Suit la deuxième galette qui présente les films qui n'auront été bannis que quelques mois, échouant à être condamnés par des jurys. Il y a aussi des titres incroyables, dont on se demande comment ils ont pu atterrir sur cette liste, comme ce film de Paul Naschy: THE WEREWOLF AND THE YETI qui ne laissera des cauchemars qu'aux plus petits enfants ou ce TERREUR CANNIBALE, piètre pantalonnade qui ne mérite pas l'attention qu'on lui apporte.

Pour les plus jeunes qui n'ont pas connu la fabuleuse épopée de la cassette vidéo, on nous montre de quoi avait l'air les copies de plusieurs générations ou perdant leur "tracking", un passage hilarant. Pratiquement tous ces films sont maintenant disponibles et montrent bien que la folie passagère s'est emparée non pas des amateurs de l'époque, mais bien de leurs députés et représentants de l'ordre et de la justice, clowns tragi-comiques. Une pièce maîtresse pour tout amateur de cinéma, de censure et tout étudiant des comportements extrêmes et des complots de parlementaires qui aiment partir en guerre sans raison ! Mario Giguère

LA LISTE DES 39 FILMS BANNIS - LES VIDEO NASTIES

- Absurd aka Anthropophagus 2 - Joe D'Amato, 1981

Un homme (Luigi Montifiori aka George Eastman) s'échappe d'un centre de recherche. Il se blesse sévèrement (ses intestins sont à nu !)sur une clôture après avoir tenté d'échapper à un prêtre. À l'hôpital où il est soigné, les médecins découvrent qu'il a la faculté de régénérer ses cellules mortes. Il est donc immortel, mais la régénération se fait mal et l'homme est donc un fou meurtrier. Après avoir tué une infirmière avec une seringue électrique, le carnage débute...

Voilà un film que je voulais voir depuis longtemps. Et comme je suis tombé devant un pre-record en français du film (intitulé PSYCHOSE INFERNAL édité par Sovicom) c'était le moment pour moi de le voir. Et je dois avouer que je suis assez déçu. Pourtant, tous les éléments étaient là pour donner un bon slasher: Une réalisation de Joe D'Amato, les présences de Georges Eastman, Annie Belle et de Michele Soavi et du bon gore bien rouge. Mais comment dire... Même avec les meilleurs ingrédients, il me semblait pour moi que la sauce ne prenait pas. Annie Belle, notamment, ne se dénude même pas ! Et c'est vraiment impardonnable pour un film bis! D'autant plus que c'est D'amato (le king du Softcore) qui est derrière la caméra. Par contre, Luigi Montifiori se débrouille bien avec ce qu'on lui donne à faire. Mais, il était vraiment plus menaçant dans Anthropopagus qu'ici. De plus, il y a un petit garçon avec un chandail de laine rouge qui est vraiment infligeant que l'on voit partout dans le film. Enfin, le film à quand même de bons moments Gore mais c'est vraiment peu à mon avis. C'est dommage parce que j'aurais aimé apprécier le film. Black Knight

- Anthropophagus Beast aka Grim Reaper - Joe D'Amato, 1980

Gloire à toi, Anthropophagus Man, car en deux mois, toi seul est capable de bouffer un village complet! Quel grand gourmand tu fais.

L'Anthropophage est un p'tit film pas très poussé en terme d'histoire, mais ce n'est qu'un détail car il est judicieusement rempli d'ambiance et de gore. George Eastman y fait office de père de famille qui a pété les plombs après un naufrage et un coup de soleil trop fort. Après cette petite aventure océanique, il retourne vraisemblablement sur son île pour y dévorer toute la populace locale et même les touristes occasionnels, dont nos joyeux protagonistes de passage. Ces jeunes gens atterrissent sur l'île sans, bien sûr, se douter qu'ils serviront d'hors d'oeuvre au barbu looké façon zombie.

Cinématographe de genre, s'il en est un, Joe D'Amato donnait dans l'horreur et le cul. Original, n'est-ce pas? Sa filmographie regroupe pas loin d'une centaine de titres dont les éloquents "Porno Holocaust", "Killing Birds et une couple d'Emanuelle. Anthropophagus ne laisse pas croire que le D'Amato se spécialise dans la fesse, car il n'y a pas de, ne serait-ce qu'une seule, paire de tétons. Avouons toutefois que les scènes de bla-bla "construction de personnage" ressemblent certes à de mauvais dialogues entre-coïtaux de softporn ennuyeux. Ceci dit, Monsieur Cannibale fout sérieux les jetons grâce à sa gueule à la fois "guy next door" et "undead bûcheron". Ses victimes, dont Tisa Farrow (la soeur de Mia), se font adroitement croquer le cou, trancher la gorge ou extraire le foetus. Et on y croît dur comme fer. L'atmosphère étrange est appuyée par la curieuse trame musicale qui varie entre folklore grec électro et obscure space musique.

Bref. Anthropophagus, c'est un must pour le fan d'euro-horreur tendance gore, malgré l'aspect 1970 qui vieillit mal et le scénario pauvre. À voir en version uncut, évidemment (pour ce faire, évitez la version américaine intitulée "The Grim Reaper").

"Va t'en! Je ne t'ai rien fait! Regarde, ma femme est enceinte! Ne lui fais pas peur!" Anthropophaluc

- Axe - Frederick R. Friedel, 1977 

Trois truands brutaux investissent une bâtisse isolée après avoir perpétré un meurtre crapuleux et terrorisé une tenancière de drugstore en se prenant pour Guillaume Tell. Cette bâtisse abrite Lisa, une jeune et jolie jeune fille complètement à coté de la plaque et suicidaire qui décapite des poulets le regard vide et nourri son grand-père réduit à l'état de légume avec des oeufs crus. Lisa accueille dans l'indifférence totale la petite bande de criminels, obéit aveuglément à leurs ordres sans opposer la moindre résistance. Elle s'en fout.

Comme Lisa est plutôt jolie, et toute fraîche, il fallait bien qu'un des salopards se décide pour la culbuter à son insu, et c'est le gros de service qui s'y colle. Manque de pot, son air absent dissimule en réalité une fougue meurtrière à toute épreuve: Lisa se munit d'un rasoir et découpe le porc avant de le finir à la hache dans la baignoire. Elle finira par manipuler les deux autres, poussant la perversion jusqu'au cannibalisme...

Parrainé par Harry Novak, ce micro-budget qui tente de surfer sur la vague MASSACRE A LA TRONCONNEUSE (d'où le aka CALIFORNIA AXE MASSACRE) se veut glauque et malsain. Si l'ambiance fait effectivement illusion par moment, il faut bien admettre que l'ensemble - totalement amateur par ailleurs - ne réussit pas à susciter un intérêt bien élevé. Le film part tout de même d'une louable intention et ravira les amateurs de Revenge flick à la LAST HOUSE ON THE LEFT. Mention spéciale tout de même à la fille qui joue Lisa, saisissante de passivité. Kerozene

- The Beast in Heat aka Holocauste Nazi - Luigi Baztella, 1977

- Blood Bath aka La BAIE SANGLANTE aka Bay of Blood - Mario Bava, 1974

J'avoue, j'avoue, à 15 ans j'avais pris ce film avec un oncle cinéphile, uniquement pour me moquer, la jaquette nous semblait vraiment hideuse, on sentait le bon film d'horreur italien à deux balles, de plus, ma faible culture cinéma faisait que j'ignorais le nom de Mario Bava.

Et on s'est bien moqué pour tout dire, on trouvait les couleurs horriblement laides, le doublage nul, et le scénario, mon dieu le scénario !!! Une enfilade de meurtres qui nous semble à peine justifiés par le récit, on s'amusait à deviner à quelle mode serait tués les prochaines " innocentes " victimes (je mets entre guillemets parce que tous sont un peu pourris), on a facilement deviné que le couple copulant serait transpercé par la lance africaine (trop facile), par contre la fin nous avait un peu surpris en bien.

Et depuis, je regrette tous ses lazzis et sarcasmes, entre-temps j'ai vu le masque du démon, la corps et le fouet, et me suis passionné pour le cinéma de genre. Les visions suivantes de la Baie Sanglante ont été bien différentes, je me suis régalé de l'ironie des situations, j'ai apprécié la manière dont Bava filme et monte ses scènes, et ce qui me semblait sordide... me semble toujours sordide mais maintenant j'aime ça !! Les personnes sont beaucoup plus complexes psychologiquement que je ne l'avais pensé, mais pour la fin j'ai pas changé d'avis, elle est vraiment géniale !!! Je le revois régulièrement sans me lasser.

Bravo BAVA. Richard Ludes

- Blood Feast - Hershell Gordon Lewis, 1963

Blood feast ! tout un programme...

1963, sortie de Blood Feast: embouteillage devant les cinémas, vomissements et malaises lors des séances, et une certaine perplexité de la censure qui se demandait comment réagir face à un tel carnage!

Bref, c'est l'histoire d'un restaurateur égyptien du nom de Fuad Ramses qui massacre des jeunes filles pour ramener à la vie Ishtar, une antique déesse égyptienne. Et ça commence vraiment fort avec l'arrachage de l'oeil d'une fille par un tueur au regard halluciné et la découpe de sa jambe à grands coups de couteau !

En résumé, ce film est un catalogue de tout ce qui ne doit pas être fait: dialogues ringards ( ha ! Le flic qui se demande si les meurtres ont un lien entre eux ! ), acteurs nuls ( Connie Mason, actrice exécrable mais aussi poster central de Playboy Juillet 1963 ), situations surréalistes, cadrages foireux, musique de supermarché...

Et pourtant comment ne pas prendre de plaisir face à cet étalage de ringardise et de mauvais goût assumé ? J'ai visionné ce film 10 fois sans jamais m'en lasser et je ne sais pas pourquoi. C'est grave docteur ? Frédéric Chantraine

- Blood Rites aka The Ghastly Ones - Andy Milligan, 1968

- Bloody Moon aka LUNE DE SANG aka Profonde Tenebre - Jess Franco, 1981

Un maniaque défiguré qui est affublé d'un masque de Mickey Mouse poignarde une fille avec une paire de ciseaux dans l'estomac. Il est envoyé dans un hôpital psychiatrique. 5 ans plus tard (ou 2 ans selon la jaquette du film ou après seulement 1 mois selon une protagoniste du film, faites votre choix !), il en sort. Sa soeur jumelle qui en a la garde ne doit absolument pas, selon notre docteur Jesus Franco, l'exposer à des situations où il pourrait se souvenir de ce triste événement. Or, sa soeur, ne trouve rien de mieux à faire que le ramener sur la même île où avait eu lieu le meurtre ! Ca tombe bien, puisqu’il y a un camp d'été qui offre des cours de langues et où de nombreuses étudiantes sexy résident sur place. Et bien entendu, les meurtres recommencent...

LUNE DE SANG est visiblement une oeuvre de commande pour Jess Franco. Ce film reprend à l'européenne les ficelles du slasher américain cheap à la FRIDAY THE 13TH et autres HALLOWEEN. Le film bénéficie d'un scénario plus travaillé que d'habitude pour une production Franco et son style n'est aucunement présent à l’exception de quelques scènes de voyeurisme. Au début du film, nous avons affaire à un film de psychokiller typique et conventionnel. Mais à mesure que la fin approche, le film se démarque par quelques rares trouvailles scénaristiques qui permet au film de surpasser le créneau des slasher bas de gamme pour s'élever à un bon produit. La trame sonore offre une musique typiquement disco qui est conforme à l'époque du film. D'après ce que j'ai pu constater de ma copie pan&scan, la photographie était assez mauvaise et le cadrage affreusement nul. Mais peut être que dans la version écran panoramique du film, ca peut être mieux. En général, le film demeure très moyen. Par contre, il y a une scène très intéressante qui mérite la location de ce film: une jeune fille avide de sperme embarque dans la voiture d'un inconnu affublé d'un masque, elle n'a aucun soupçon. Ensuite, elle se laisse attacher sur une planche par ce même type, croyant avoir affaire à un amant fétichiste. Et elle ne commence à se douter qu'il y ait quelque chose de pas normal que lorsque notre ami mets en marche une énorme scie circulaire qui est destinée à la tuer ! Une scène particulièrement originale, dans un film particulièrement moyen.  Black Knight

- The Burning aka CARNAGE - Tony Maylam, 1981

"Une nuit d'été, dans un camp de jeunes, au bord d'un lac. Ce qui devait être une farce vaguement morbide de gosses aux dépens de Cropsy, un employé du camp, qu'ils détestent, tourne à l'horreur. Cropsy ouvre les yeux, tiré de son sommeil par les cris des garçons. Dans la nuit de sa chambre, un crâne éclairé par une bougie et les visages des garçons collés à sa fenêtre. Cropsy est pris de panique. La bougie tombe, le lit s'enflamme, un bidon d'essence explose. Cropsy n'est plus qu'une torche vivante qui déchire la nuit avant de plonger dans le lac. Les interventions chirurgicales ne réussissent pas à lui rendre un visage humain. Il sort de l'hôpital défiguré, dans des vêtements qui le protègent des regards... Cinq ans plus tard, la légende de Cropsy court dans les camps d'été."

Bénéficiant d'effets spéciaux gorissimes de Tom Savini et d'une jolie jaquette française, ce slasher est sans doute celui de tous qui s'inspire le plus ouvertement de VENDREDI 13... Après un premier quart d'heure en fanfare (voir le pitch recopié sur la vidéo SVP d'époque), le film cherche à instaurer un suspense autour de la question suivante : Cropsy est-il une légende ou est-il vraiment revenu se venger ? L'incertitude est rapidement levée. On assiste alors à un massacre au camp d'été dans les règles de l'art. Armé d'une paire de cisailles, le "freak" décanille tout ce qui bouge. C'est du slasher, banal et sans surprise, avec tous les passages obligés du genre. Partagé entre scènes diurnes et nocturnes, l'action exploite au mieux le décor champêtre. On ne s'ennuie pas, mais pour les surprises on repassera. Pour vraiment frissonner, préférer HALLOWEEN ou ROSEMARY'S KILLER. Et pour vraiment se marrer, mieux vaut se rabattre sur GRADUATION DAY ou LE SADIQUE A LA TRONCONNEUSE ! Stelvio

- Cannibal Apocalypse aka Apocalypse domani - Antonio Margheriti, 1980

Vietnam: des militaires délivrent des prisonniers américains qui ont eu le temps de devenir cannibales. De retour au pays, il semble bien que ces poussées de cannibalisme soient contagieuses, chaque personne mordue a envie d'en mordre d'autres. John Saxon, mordu durant de l'opération sauvetage, qui a de drôles d'envies lui aussi, va retrouver ses collègues qui ne se contentent pas de Big Mac.

RAMBO rencontre DAWN OF THE DEAD. Lorsqu'un des militaires est retranché dans un marché aux puces, on pense à Rambo et aux films de Romero, un des rares moments intéressants de ce film qui arrive tardivement dans le sous-genre cannibale. Margheriti et le scénariste Sacchetti enfile les clichés du genre sans trop de conviction. Saxon est toujours intéressant mais son rôle est difficile à suivre. Le virus qui a dormi longtemps chez les soldats semble agir en quelques heures chez les civils. Je préfère de loin les Deodato et Lenzi dans dans le genre. Mario Giguère

- Cannibal Ferox aka Make Them Die Slowly - Umberto Lenzi, 1981

Deux filles et un gus s'enfoncent dans la jungle amazonienne. Une des filles est anthropologue et tient à prouver ses dires, comme quoi le cannibalisme n'est qu'une cruelle légende urbaine. Pas de pot, ils tombent nez à nez avec deux truands qui ont en réalité fait les couillons avec une tribu qui veut leur faire leur fête.

Au menu donc: énucléation, castration (avec dégustation du zob, "Where's my Johnson ?" aurait pu dire notre victime), éviscération, démembrementations (ça se dit ça ?), décalotage crânien, énichonération (suspendre une victime par les seins à l'aide de crocs de boucher), piranhasisation, et violence gratuite à l'encontre de plein de bestioles, tel opossum, singe, larve et autre tortue.

Bref, du gore bien trash, mais force est de constater que l'effet gerbif autrefois ressenti s'est quelque peu estompé. Le DVD présente une belle image, un bon son avec une chouette musique pleine de basse funky. J'ai hâte d'entendre ce que Lenzi raconte dans son commentaire pour sa défense !

Le film est en quelque sorte justifié par un message humanitaire, lorsqu'à la fin l'anthropologue publie son bouquin, affirmant qu'effectivement le cannibalisme n'existe pas, malgré le fait qu'elle ai perdu son frangin et sa meilleure amie. Tout ça parce que ces gens ne demandent rien à personne et que la violence engendre la violence. Il faut donc les laisser vivre en paix, et tout le monde s'en portera mieux. Bref, un film à faire voir aux talibans. Kerozene

- Cannibal Holocaust - Ruggero Deodato, 1980

Une expédition part à la recherche de quatre journalistes disparus au pays des cannibales. Après avoir découvert qu'ils sont tous morts et avoir récupéré leurs films, on s'aperçoit que leurs méthodes de reportages non orthodoxes a causé leur perte.

Quelques constats: les séquences véridiques de mises à mort en direct d'animaux sont insupportables, Deodato affirme aujourd'hui qu'il ne les referait pas, il a eu des problèmes avec la justice, entre autre, à ce propos.

Je suis d'accord avec Deodato, le film parle bien de l'hypocrisie des médias, mais il y est allé fort sur les moyens pour passer le message.

Les scènes à New York ne font pas le poids avec l'intensité des scènes en Amazonie, les acteurs y étant mièvres.

Heureusement la musique de Riz Ortolani fait le contre-poids.

Je ne pense pas le regarder à nouveau de si tôt. Mario Giguère

- The Cannibal Man - Eloy de la Iglesia, 1972

- The Devil Hunter aka MANDINGO MANHUNTER - Jess Franco, 1980

Une pin-up blondasse, actrice de cinéma, montrant ses seins sans faire de chichi, se fait kidnapper par une bande de voyous composés de trois hommes et d'une femme. Ils l’emmènent sur une île tropicale peuplée par une tribu de sauvages qui offre en sacrifice des femmes nues à une sorte de créature divine, en réalité un grand black se promenant à poil avec des yeux aussi rouge que Cheech Marin lors de la belle époque de Cheech & Chong. Le producteur ayant investi du pognon dans la fille engage une sorte de mercenaire (Al Cliver) pour retrouver la fille, et si possible ramener le fric de la rançon. Bien entendu, sur place, la transaction ne se fait pas sans mal.

Franco surf sur la vague des films de cannibale. Comme d'habitude, les moyens à disposition sont minimes, et ça se ressent légèrement, en particulier lorsque que cet être aux yeux explosés bouffe une fille, et que la caméra s'attarde sur sa bouche qui mâchouille un bout de fausse viande pendant 45 secondes. Les dialogues sont plats, les personnages sont assez comiques malgré eux (le pote d'Al Cliver arrivant sur l'île entend des explosions comme au Viet Nam et a les boules, détail qui est totalement oublié le reste du métrage) mais les filles sont plutôt jolies et Franco fait des plans de fesses totalement gratuits pour notre plus grand plaisir. Pour ce qui est du gore, il y en a un peu, mais c'est fauché (le type allongé par terre dont le corps est recouvert de feuilles pour faire croire qu'il a la tête coupée). Et le doublage est assez mauvais mais atteint un sommet lorsqu'Al Cliver et un méchant se batte dans la mer, on imagine très facilement les doubleurs faisant des clapotis dans une bassine pour simuler le bruit de l'eau. Risible. Le film est mal rythmé, voire pas du tout rythmé, mais la naïveté de la mise en scène, les filles, le cannibale asthmatique aux yeux éclatés et le gore suffisent pour plaire aux amateurs de bis zède. Kerozene

- Don’t Go in the Woods&ldots;Alone aka Le Tueur de la Forêt -  James Bryan, 1980

Des randonneurs se font éliminer de façon brutale par un homme des bois, cousin lointain de l'homme des cavernes. Ce film crétin ne vaut pas grand chose. Il y a quelques scènes gores, mais elles ne sont franchement pas innovantes. Le tout est atrocement filmé. La musique est hallucinante et se trouve être le seul intérêt du film (attention, j'ai pas dit que la musique était bien !). Kerozene

- The Driller Killer - Abel Ferrera, 1979

- Evilspeak - Eric Weston, 1981

- Expose - James Kenelm Clarke, 1976

"Reclus dans sa maison de Straw Hill, Paul Martin s'atèle avec difficulté à l'écriture de son second roman. Pour rompre sa solitude et se faire aider dans son quotidien il engage Linda, une secrétaire aussi jeune et jolie qu'ingénue. Dès lors il s'instaure une atmosphère vaporeuse aux relents libidineux qui déstabilise Paul, déjà hanté par de violents cauchemars récurrents. Le retour de son amie Suzanne le pousse vers un gouffre où la folie rime avec érotisme et violence. Entre rêve et réalité, où se cache la vérité, quel est donc le terrible secret ?"

Ce résumé-jaquette est tiré de la récente réédition (de qualité très honorable) du film, par Bach Films, jeune structure déjà bien connue des amateurs de bis. Il résume bien le contenu sulfureux de cette jouissive petite bande, entourée en Angleterre d'une aura scandaleuse. EXPOSÉ fait en effet partie des "videonasties", films interdits au Royaume Uni parce qu'ils développent à la fois des scènes de sexe et de violence. A ce niveau-là, le menu d'EXPOSÉ s'avère copieux : lesbianisme, masturbation, viol ponctuent le cauchemar éveillé dans lequel se débat le personnage principal, interprété par un Udo Kier au regard plus inquiétant et fiévreux que jamais. La porn-star anglaise Fiona Richmond et la starlette de films d'épouvante Linda Hayden, dans le rôle de la secrétaire (qui passe beaucoup de temps à se caresser), complètent ce remarquable casting.

Paranoïa, voyeurisme malsain et hallucinations morbides se mêlent en un cocktail capiteux et bien dosé. Issu du documentaire, James Kenelm Clarke garde toujours la haute main sur sa mise en scène : son film reste chiadé d'un bout à l'autre. Le rythme est lent et la violence se veut autant psychologique que graphique, aussi on se demande parfois ce que les censeurs pouvaient trouver de si scandaleux à ce film, même si l'Angleterre est un pays très puritain. Baigné dans une lumière très estivale, situé dans un cadre champêtre il n'en est pas moins assez claustrophobe et étouffant. Le tout donne une sorte de prolongement déviant de STRAW DOGS de Sam Peckinpah, les deux œuvres présentant plus d'un point commun, outre la paille du titre. Une réjouissante découverte ! Stelvio

- Faces of Death - John Alan Schwartz - 1978

- Fight for Your Life aka OTAGES EN SURSIS - Robert A. Endelson, 1977

Trois prisonniers évadés prennent en otage une famille afro-américaine catholique composée du père, de la mère, de la fille adolescente, du fils de douze ans et de la grand-mère en chaise roulante. Les trois psychopathes, qui n'hésitent pas à tuer de sang froid, "s'amusent" avec la famille, prenant leur pied en les humiliant, et particulièrement le caucasien de la bande, une sorte de White trash décérébré et profondément raciste. La situation finira par déraper, permettant aux victimes de prendre le rôle de bourreaux.

Film d'exploitation dans la veine des DERNIERE MAISON SUR LA GAUCHE et autre I SPIT ON YOUR GRAVE, FIGHT FOR YOUR LIFE traîne une réputation de film trash et abjecte. Force est de constatet que sa réputation est quelque peu exagérée, car même si on nage en plein politiquement incorrect, on est loin du trip malsain des films précités. Il ne faut pas se méprendre pour autant, il s'agit tout de même d'un film d'exploitation relativement malsain mais qui, malgré son côté dur, reste étonnamment divertissant. Kerozene

- Forest of Fear - Charles McCrann, 1980

- FLESH FOR FRANKENSTEIN - Paul Morrissey/Antonio Margheriti, 1973 

Voulant créer une descendance surhumaine (c'est le cas de le dire) et parfaite, le docteur Frankenstein (Udo Kier) avec l'aide de son assistant Otto, a réussi à créer une femme à partir de morceaux de cadavres. Il ne reste plus que l'homme à trouver. Et pas question de prendre n'importe quoi. Il faut que l'homme " choisit " soit beau et qu'il ait un appétit vorace sexuellement parlant. Pensant le trouver dans un bordel, le docteur et son assistant tuent la mauvaise personne et se retrouvent avec un "monstre" qui n'est pas du tout intéressé par la chose.

Paul Morrissey signe avec FLESH FOR FRANKENSTEIN, co-réalisé avec Antonio Margheriti, une relecture psycho-sexuelle du roman de Mary Shelley. Avec une imagerie gothique, une interprétation plus que théâtrale des acteurs (Udo Kier en est complètement hallucinant) et un penchant pour la comédie grotesque sans oublier une finale grand-guignol assez surprenante. FLESH FOR FRANKENSTEIN s'avère un must pour les amateurs du genre.

On y retrouve parmi la distribution Arno Juerging en Igor de service se faisant dominer par son maître, Monique van Vooren (Le Décameron), la femme du docteur qui laisse libre cour à sa forte libido avec le servant, interprété par nul autre que Joe Dallesandro, beau ténébreux qui sera le premier à se douter que des choses pas catholiques se passent dans le laboratoire. Et il ne faut pas oublier les apparitions des deux enfants du couple soit Marco Liofredi et Nicoleta Elmi que plusieurs connaissent pour l'avoir vue dans pas mal de films d'horreurs italiens dont Deep Red, Baron Blood et Demons.

Voyez l'édition de Criterion et n'acceptez pas les versions tronçonnées en vhs. 

Au menu : sexe, sang et Udo Kier. Mathieu Prudent

- Gestapo's Last Orgy aka L' Ultima orgia del III Reich - Cesare Canevari,  1976

Ce film aurait pu être un énième "prison de femmes" chez les nazis, sous-genre minable truffé de films tous plus ou moins mauvais que les autres (peut-être déclenché par le "succès" d'Ilsa), mais il n'en est rien.

Largement au-dessus du lot, il met en scène une "joy division" de la 3ème guerre mondiale, chargée de fournir en "filles" les soldats allemands. Toutes les horreurs de la chose seront détaillées lors de la première partie, mais par la suite, une jeune femme (la très belle Daniela Poggi) va dérouter le commandant par son attitude suicidaire et sa froideur devant la mort. A tel point qu'il va en tomber amoureux, ce qui causera sa perte car la jeune femme a la vengeance patiente!

Ce film relativement peu connu mérite d'être redécouvert, de très nombreux plans et "effets cinématographiques" sont très bien vus et originaux, la musique est très bien, et même s'il faut s'accrocher pour supporter certaines scènes, la violence et la nudité ne sont pas si gratuites ici. Franfran

- House By the Cemetery aka Quella villa accanto al cimitero - Lucio Fulci, 1981

La famille Boyle, Papa, Maman ( Catriona Mac Coll ) et blondinet fiston, s'installent dans une maison en banlieue de Boston. Papa a six mois pour compléter une recherche sur le suicide, recherche entamée par le type qui y habitait, qui s'est suicidé après avoir tué sa femme. Mais l'ancienne demeure appartenait au docteur Freudstein et sa maison semble porter malheur à tous ses occupants, comme l'annonce une petite fille, que seul le blondinet fiston semble voir...

Après ses délires zombiesques, Fulci s'attaque à créer un nouveau mythe dans le sous-sol d'une maison peu commune. L'horreur venant du sous-sol, on ne compte plus les descentes dans le lieu maudit, toutes plus énervantes les unes que les autres. Je n'avais pas revu le film depuis sa sortie en salle et je dois admettre qu'il tient bien le coup. Les meurtres sont sanglants, l'atmosphère macabre à souhait et le final dérange encore. Probablement le dernier des grands films de Fulci, il a le défaut du môme que l'on a envie de trucider, mais Fulci restera dans la veine pour un Manhattan Baby malheureusement sans l'efficacité de ce film. Un incontournable. Mario Giguère

- House on the Edge of the Park - Ruggero Deodato, 1980

Alex est un bon bougre qui, de temps à autres, ne crache pas sur des instants de qualité. Il est cependant incapable d'être excité sans violence et se surprend souvent à étrangler les filles qu'il baise jusqu'à ce qu'elles en meurent. Il sera un soir invité à une petite fête, chez des bourgeois, qui se tient dans une maison isolée au fond d'un parc. Les festivités glisseront peu à peu dans le sordide jusqu'à ce qu'il sorte son rasoir à main et qu'il prenne le contrôle des opérations, car il entend bien s'amuser à sa manière...

David Hess (HITCH HIKE, LAST HOUSE ON THE LEFT), après avoir fui une Amérique qui ne l'avait pas compris, s'est retrouvé en Italie et a hérité de plusieurs rôles névrotiques, qu'il a honoré avec une conscience toute professionnelle. Celui qu'il interprète dans ce thriller sordide de Ruggero Deodato est sans doute le pire; sa déviance est mise en évidence du début à la fin, la caméra le quittant rarement. On pourrait parler d'exploitation sans se gêner, mais la pudeur consécutive à l'admiration que je porte à ce film m'en empêche. Car Hess joue le jeu du tordu à la perfection, tellement qu'on se demande s'il n'est pas un peu fêlé en dehors de ses heures de travail. Le huis-clos est efficace, et n'ennuie guère. La musique un peu kitsch de Riz Ortolani, par contre, finit par mettre les nerfs en boule. Outre la performance de Hess, tous les seconds rôles sont de parfaites victimes. Les séquences plus "corsées" vont-elle trop loin ? Certes non... Quelques plans ont même l'air un peu fauchés, notamment pendant les bagarres. Le retournement de situation final me paraît cependant tiré par les cheveux, mais n'enlève rien au reste, se contentant de ternir les dernières minutes du doux parfum de l'amertume scénaristique. Orloff

- I Spit on Your Grave

- Island of Death aka ISLAND OF PERVERSION- Nico Mastorakis, 1975   

Nico Mastorakis, un grec improbable qui est surtout connu en Amérique du Nord pour ses films familiaux, a déjà été un dur de dur de cinéaste trash et nous le prouve ici avec une oeuvre plutôt déjantée.  Le film raconte les déboires d'un jeune et séduisant couple américain qui débarque sur une petite île grecque afin d'y passer des heures mémorables.  Ils ont un fort penchant pour l'amour physique et nous le démontrent plutôt rapidement alors que le mari téléphone à sa mère en même temps qu'il s'envoie en l'air dans une cabine téléphonique.  Le lendemain, il se lève avec une érection matinale que sa femme refuse de régler; il s'attaque donc au petit chevreau qui trottine dans le jardin.  Ensuite, honteux, il l'égorge et le jette dans le puits.  Mais ils ne s'arrêtent pas là.  Suivront des victimes humaines, individus qui seront sauvagement éliminés pour être punis de leur "perversion".  La liste des assassinats est longue, et les méthodes utilisées sont fort imaginatives et surprenantes, et je vous laisse le plaisir de les découvrir par vous-même car j'en ai déjà trop dit.  Terminons simplement en constatant que le film, à l'époque de sa sortie, a du créer un certain remous "choc" et qu'encore aujourd'hui il n'est pas selon moi dépassé. Orloff

- The Last House on the Left

- Love Camp 7 - Lee Frost, 1969

- Madhouse aka There Was a Little Girl - Ovidio G. Assonitis, 1981 

- Mardi Gras Massacre - Jack Weis, 1978

- Night of the Bloody Apes - Rene Cardona, 1971

Ah, les joies du cinéma populaire mexicain ! Quand on parle de plaisirs coupables, ils sont, je crois, à inscrire au sommet de la liste. Ce Night of the Bloody Apes n'y fait pas exception. Il contient d'ailleurs les éléments essentiels du film mexicain " commercial ", à savoir : lutteurs (lutteuses, dans le cas présent), aspect pulp tout droit sorti d'un feuilleton, mélo, coups de théâtre invraisemblables et une bonne dose d'absurdité et d'humour involontaire.

Le présent film est réalisé par René Cardona, figure emblématique de la série B mexicaine, réalisateur protéiforme dont le fils a continué d'assumer la bizarre succession, à l'instar d'un Lamberto Bava. Comme Jess Franco, Cardona réutilise souvent les mêmes motifs et les mêmes thèmes. Night of the Bloody Apes, par exemple, constitue le remake mis à jour à la saveur 70s (lire : avec violence graphique et nudité) de son Doctor of Doom de 1962 - un meilleur film, à mon avis, d'ailleurs.

En effet, en cette année 1971, il fallait satisfaire un public devenu de plus en plus blasé, en quête de sensations fortes renouvelées et devenues plus piquantes. C'est le syndrome du romantique qui ne se sent exister que lorsqu'on l'ébranle. Cardona s'efforce de " livrer la marchandise " à l'aide de stock-shots d'une opération chirurgicale peu finement amenés (plan : un type tient le visage de l'opéré et un autre s'agite vers le cœur ; contre-plan : quatre mains de vrais médecins sont au travail), de viols commis par le " singe sanglant " du titre, d'effets gore aussi primaires qu'agressants et de femmes nues qui sortent de la douche (il en utilise tellement que ça doit être un fantasme récurrent chez lui).

Du coup, on se trouve face à un curieux hybride : sur le canevas du cinéma mexicain bon enfant et naïf se greffent des images de violence et de nudité décidément " pour adultes ". Le lien qui unit ces éléments est bien entendu l'humour involontaire qui permet à Night of the Bloody Apes de n'être absolument pas traumatisant. Le scénario suffirait à vous éclairer :

Julio, Le fils du brillant médecin Krauzman est très malade et va mourir. Le père inquiet a une idée : pourquoi ne pas lui greffer le cœur d'un gorille ? Or, il n'a pas prévu un hic : une fois greffé, son fils se transforme en singe dément qui tue tout ce qui bouge, redevenant humain de temps en temps (à la Jekyll et Hyde, ou encore à la façon d'un loup-garou). Parallèlement à cette première histoire se déroule celle d'une lutteuse qui a plongé une adversaire dans le coma sans le vouloir. Rongée par les remords, elle songe à abandonner sa carrière...

Comme film " psychotronique ", on ne fait pas mieux, et Night of the Bloody Apes, pour peu qu'on soit disposé à l'accueillir dans des conditions favorables, peut créer une certaine euphorie, grâce au jeu imperturbable des acteurs, au doublage anglais douteux et à l'aspect incroyablement bizarre du mélange (stock-shots + nudités improbables de lutteuses + effets gore + scénario pulp + musique mélodramatique + combats de catch, etc.). Les surréalistes auraient apprécié. Howard Vernon

- Night of the Demon - James C. Wasson, 1980 

Le professeur Nugent et quelques-uns de ses élèves vont explorer une forêt ou est réputé vivre un bigfoot, possiblement responsable de la mort de plusieurs personnes. C'est ainsi que débute le récit de Nugent, à l'hopital, seul survivant, défiguré, racontant son histoire... Il y aura une femme muette qui a eu un enfant difforme il y a des années, une cérémonie païenne dérangée par nos étudiants, et un énorme bigfoot, tel un tueur en série, un Jason poilu qui détruit tout dans son coin de pays pour une raison que nos jeunes découvriront un peu trop tard. Et des tripes qui se balancent au vent !

Un film de Bigfoot gore, voilà une première. La série de meurtres n'a rien à envier à un slasher typique. Si les effets spéciaux ne sont pas extraordinaires, ils font la job et sont nombreux. Mais les acteurs amateurs ne sont pas toujours crédibles, il faut dire que le scénario et surtout une flopée de dialogues sont pour le moins ridicules. Mais l'histoire se complexifie et prend des tournures inattendues et au final le film laisse sa marque. C'est le seul film recensé de ce réalisateur dont certains voient une influence sur BLAIR WITCH. Faudrait leur expliquer que ca vient d'ailleurs ! Mario Giguère

- Nightmares in a Damaged Brain aka Bightmare - Romano Scavolini, 1981

- Snuff - Harvey Fenton, 1976

- SS Experiment Camp - Sergio Garrone, 1976

- Tenebrae - Dario Argento, 1982

" L'impulso era diventato irresistibile. C'era una sola risposta alla furia chelo torturava. E cosi commise il suo primo assassinio" (" L'impulsion était devenue irrésistible. Il n'y avait qu'une réponse à la furie qui le torturait. C'est ainsi qu'il commit son premier meurtre. ").

La voix off du mystérieux lecteur, ses doigts gantés de cuir noir qui parcourent les lignes du roman policier de Peter Neal à la couverture noire et rouge, et le mot " homicide " en lettres capitales au milieu de la page : l'instant d'après le livre est jeté dans la cheminée, ce geste lance le générique d'une immolation dans le vacarme des Goblins.

Les fans d'Argento connaissent cela par cœur, et bien entendu toutes les péripéties qui suivent autour du personnage de Peter Neal, débarquant de New York pour la promotion de son thriller dans une Rome aux drôles d'allures d'Alphaville.

Cette première séquence est d'ailleurs réexploitée à fond par le compositeur Claudio Simonetti, qui réarrange le thème pour le " Dario Argento tribute " de son récent groupe Daemonia : aïaïaïe mes oreilles délicates, le rock-fusion-électro-jazz-italo-progressif des années soixante-dix serait-il soluble vingt ans après dans le hard-rock-métal FM à la suédoise ? Ah oui, la double-pédale de grosse caisse du cirque Barnum, merci Daemonia j'en ai sursauté deux ou trois fois.

Quoi qu'il en soit, en 1982, pour son retour au genre du pur giallo, Argento lâchait les ciseaux, les couteaux, les poinçons et autres canifs de poche des scouts pour se concentrer attentivement sur la hache.

Bon sang quelle expérience fracassante de fréquenter ce registre si particulier, oscillant sans cesse entre l´intello et le vulgaire.

D'un côté :

Le cinéma brûle la littérature.

Le voyeurisme, attitude du spectateur par postulat, est renforcé par le jeu des entrebâillements, des vitrines, des cloisons, des fenêtres, et des grilles qui s´interposent avec constance. Si jamais la vitrine protectrice éclate, la violence se déchaîne.

La caméra est souvent subjective mais de quel regard s'agit-il : victime ou bien coupable, le réalisateur lui-même, un personnage et alors lequel ?

La noirceur coutumière de la thématique policière est contredite par des clartés surexposées, ou bien accentuée par des décolorations qui confinent au noir et blanc.

Tout le monde utilise les truquages, le cinéaste autant que ses propres personnages.

Le propos est volontiers social et libertaire ; par exemple, les communautés minoritaires sont représentées : à l'aéroport un personnage serre la main et tapote l'épaule d'un bagagiste noir (ça fait beaucoup de gestes), les lieux et les mœurs des gays et des lesbiens sont évoqués.

De l'autre côté :

La caméra s'amuse, tous les prétextes sont bons, comme faire décoller un avion de la compagnie Alitalia, ou encore risquer de la varappe autour d'un immeuble.

Dans des élans de symbolisme lourdingue, la plomberie devient paillarde : une jeune fille vierge s'agenouille devant un homme mûr pour ouvrir un robinet dans sa chambre d'hôtel. Évidemment, si cette même jeune fille grimpe ensuite sur une moto, l'engin se cabre immédiatement, ou alors la culbute en pétaradant tandis qu'elle proteste.

Argento confie aussi le rôle d'une bimbo latine à un acteur transsexuel, et leurre en riant la concupiscence de ses spectateurs.

En guise de conclusion, Argento apporte cette fois avec beaucoup de swing la réponse à la suspicion que lui opposent systématiquement ses détracteurs : l'imagination d'abominations fictives ne sortent-elles pas nécessairement de l'esprit d'un artiste pervers ? Bigeyes

-Werewolf and the Yeti - Miguel Iglesias, 1975

Suite à la prise en photo d'un abominable homme des neiges dans les montagnes népalaise, le brave Waldemar Daninsky (Paul Naschy) se voit demander par son anthropologue de beau-papa d'accompagner une expédition à laquelle participe sa chère et tendre. D'autant plus que ça tombe bien : Waldemar parle couramment le népalais (!). Malheureusement, les choses ne se déroulent pas comme prévu : Waldemar se perd dans les hauteurs enneigées et trouve refuge dans une grotte habitée par deux sauvageonnes sexuellement émoustillées par son physique d'athlète bourru. Mais les cochonnes ont soudain du poil qui leur pousse un peu partout et parviennent à mordre notre héros à la poitrine. Après leur avoir collé une bonne raclée, il retrouve sa femme qui lui apprend que son scientifique de papa s'est fait kidnapper par un cruel seigneur local victime d'une maladie de la peau et chez qui plein de filles se font torturer de manière gratuite.

Conscient de sa nouvelle condition de lycanthrope, Waldemar craint pour sa bien aimée. Cependant il retrouve espoir lorsqu'un vieux sage des montagnes lui apprend qu'une fleur poussant sur les montagnes a la faculté de le guérir. A peine a-t-il le temps de souffler que c'est au tour de sa belle et lui-même de se faire kidnapper. Mauvaise pioche pour le vil tortionnaire et sa sorcière acolyte qui auront à faire à sa colère ainsi qu'à sa formidable faculté de sauter dans tous les coins de l'écran. Ce n'est qu'une fois sortit du funeste repaire que Waldemar, tous poils et toute griffes dehors tombera nez à nez avec l'autre grand poilu de cette pelloche complètement folle : le yeti.

Cet épisode très premier degré des aventures de notre loup-garou espagnol préféré adopte un ton terriblement sérieux qui détonne quelque peu avec son contenu souvent amusant: les deux femmes des cavernes, le vieux sage vivant dans sa cabane remplie de bougies, et surtout la sorcière au service du méchant seigneur qui tente par quelques abjects moyens de le guérir de son acné bubonique dorsale. Son remède est radical : elle découpe et arrache de grands carrés de peau à même le dos de ses prisonnières nues afin de les appliquer comme cataplasmes sur celui de son maître. Malheureusement pour ceux qui espéraient un duel au sommet (c'est le cas de le dire) entre le loup-garou et le yeti, celui-ci ne s'étale que sur les cinq dernières minutes lors d'une scène nocturne pas très distincte. Dans l'ensemble le film est relativement violent, et les quelques scènes décrites ci-dessus permettent d'oublier sans peine les quelques longueurs qui parsèment le métrage. Kerozene

- Zombie Flesh Eaters aka Zombie 2 - Lucio Fulci 1979

Dans un hôpital de fortune au coeur d'une île tropicale, un "cadavre" enveloppé dans un suaire se "réveille" lentement, une détonation retentit  et un sang poisseux s'écoule de cette masse qui s'affale sur le lit:" -le bateau peut partir "! nous précise le "tireur".

Cela pourrait passer pour une hérésie de "présenter " pour l'énième fois cet incunable du gore transalpin que tout le monde a vu et revu jusqu'à satiété: Et pourtant ! Jusqu'à il y a peu, j'étais dans l'ignorance de ce à quoi pouvaient ressembler les zombies fulciens. Cette lacune est désormais comblée et ma foi, avec une certaine satisfaction.

L'intrigue ultra classique n'est d'aucun intérêt si ce n'est de revenir aux sources mêmes du mythe : à savoir le vaudou! La fille d'un célèbre professeur part à la recherche de son père sur une île des caraïbes infestée de zombies. Comme le dit un autochtone "quand les morts reviendront à la vie tu connaîtras l'horreur de tes péchés ", et l'horreur est à la hauteur de ses craintes ! Fulci ponctue son film de scènes chocs très efficaces, et n'hésite pas comme à son habitude à mêler malsainement le sexe et l'horreur. Dans une scène ahurissante de gratuité, une belle plongeuse dont nous avons pu à loisir observer les formes impeccables, se retrouve nez à nez avec un zombie subaquatique puis avec un requin, qui finira bien, malgré lui !, par lui sauver la vie en se faisant malmener par le monstre vindicatif ! Une rencontre quasi surréaliste tout aussi culte que la fameuse séquence dite de" l'écharde "et que certains "dégénérés" n'hésite pas à considérer comme la plus gratuitement sadique du cinéma : En effet, un zombie, mort revenue à la vie à la suite d'incantations maléfiques, n'a en tête qu'une faim inextinguible de chair humaine, réduit à l'état d'instinct ambulant cette "force qui va" a pourtant pour le spectateur la délicatesse d'user des procédés les plus répugnants pour le combler. La femme du docteur, rendue particulièrement nerveuse par les événements, prend un bain pour se calmer sous le regard d'un zombie voyeur, qui sans doute par la vision alléchée, se déchaîne ensuite pour la conquérir, et va jusqu'à lui "empaler" l'oeil sur une longue écharde de bambou avec une délectation toute professionnelle !

Mais contrairement au style laborieux que j'emploie à travers ces lignes, Fulci n'insuffle aucun humour dans ces péripéties contrairement à ce qui deviendra la règle dans la grande majorité des productions américaines à venir. Et l'on ne peut que s'en réjouir, son film est essentiellement, et je crois, uniquement, une réussite au niveau atmosphérique et ne peut s'apprécier que comme telle, Fulci ne portant aucun intérêt que ce soit à la direction d'acteur ou à la ligne dramatique.

On devrait donc "savourer "( les esthètes comprendront !) comme des tableaux de genre, ces séquences d'où semble sourdre une moiteur maléfique: parmi les plus réussies, celles de l'hôpital ou l'air surchauffé, immobile, est brassé comme une purée de manioc par les pales d'un ventilateur asthmatique; des remugles d'étuves putrides dans lesquels les vrombissements gras des mouches couvrent les râles des mourants . Fulci c'est le chantre de l'immondice liquide: sueur, sang, sérum, bave et sérosités saumâtres baignent tout le film comme s'il s'agissait d'un lien entre les vivants et les morts -"vivants" et la scène finale sera là pour nous démontrer que ce lien est plus étroit qu'on ne le croit.

Ce film restera sans doute comme l'incursion folle d'une imagination macabre prise très au sérieux au sein des plus plates conventions d'un sous genre en pleine expansion. Jess Cougoar

LES 33 FILMS BANNIS TEMPORAIREMENTS

The Beyond
The Bogey Man
Cannibal Terror
Contamination
Dead and Buried
Death Trap
Deep River Savages
Delirium
Don’t Go in the House
Don’t Go Near the Park
Don’t Look in the Basement
The Evil Dead
Frozen Scream
Funhouse
Human Experiments
I Miss You, Hugs and Kisses
Inferno

Killer Nun
Late Night Trains
The Living Dead at Manchester Morgue
Nightmare Maker
Possession
Pranks
Prisoner of the Cannibal God
Revenge of the Bogey Man
The Slayer
Terror Eyes
The Toolbox Murders
Unhinged
Visiting Hours
The Witch Who Came from the Sea
Women Behind Bars
Zombie Creeping Flesh

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