IL GATTO DAL VISO D'UOMO
Hommage assumé au Giallo entièrement tourné à Toulouse, c'est assez rare et ca vaut le détour. Marc Dray cite librement...                            lire 

Mise à jour le 7 septembre 2022

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MEURTRE PAR INTERIM aka UN POSTO IDEALE PER UCCIDERE aka Deadly Trap aka Dirty Pictures aka Oasis of Fear - Umberto Lenzi, Italie avec Ray Lovelock, Ornella Muti, Irene Papas, Michel Bardinet, Sal Borgese, Umberto Raho, 1971, Italie, 1h30

Dick et Ingrid, couple de jeunes hippies du Nord de l'Europe (lui est anglais, sa nana est danoise), partent en Italie à bord de leur vieux spider MG jaune. Avant de quitter Copenhague pour l'Italie, ils achètent un stock de revues polissonnes dans un sex-shop. La vente de ces revues aux autochtones leur permettra de financer leurs vacances d'été. Bientôt poursuivis par les carabiniers, les deux jeunes touristes trouvent refuge dans une grande maison isolée. Les voilà confrontés aux troubles desseins de la maîtresse des lieux...

Présenté comme un giallo, ce film mouvementé d'Umberto Lenzi est effectivement ordonné autour d'une disparition mystérieuse. Il y a bien des cadavres et des personnages qui se manipulent mutuellement, des zooms et un découpage habile (marques de fabrique habituelles de Lenzi), mais point de tueur masqués ou d'armes blanches en revanche. Qu'importe au fond si ce film laisse un peu sur sa faim le giallophile invétéré qui sommeille en beaucoup de nous. L'intérêt du film se situe davantage dans son humour et le sous-texte ironique véhiculé par les héros. Lenzi utilise en effet ses personnages de hippies nordiques pour régler ses comptes à l'Italie bourgeoise, présentée comme catholique et coincée. Les deux interprètes principaux sont bien distribués dans leur emploi : Ray Lovelock, Italien blond et longiligne, ne correspond en rien aux stéréotypes du macho latin et peut jouer les Anglais de manière crédible. Quant à Ornella Muti, mineure à l'époque du tournage (la belle est née en 1955), ses origines baltes lui permettent de faire une Danoise plus vraie que nature, les jambes rasées en plus... Tout le film baigne dans une atmosphère très pop et ensoleillée, par la grâce d'une bande-son soft-rock prodigieuse de l'inconnu Bruno Lanzi (les chansons me semblent interprétées par les deux jeunes acteurs principaux). Bref, Lenzi avait réussi là un giallo moyen mais sympathique. Son film est devenu avec le temps un grand moment de "lounge-cinema" nostalgique, qui se visionne (et s'écoute - la trame sonore est un régal, j'insiste) très bien accompagné d'un Martini blanc citron ! Stelvio

MIDNIGHT HORROR aka MORIRAI A MEZZANOTTE aka THE MIDNIGHT KILLER aka YOU'LL DIE AT MIDNIGHT - Lamberto Bava, 1987, Italie

Un flic surprend sa femme avec un autre type. Pas content, il est à deux doigts de la tuer, mais il se contrôle au dernier moment et s'enfuit. Juste après, un tueur massacre la femme sous sa douche à coup de pic à glace.

Le flic est bien entendu soupçonné, mais pour d'autres personnes, il est innocent - il s'agirait en fait d'un psychopathe mort dans un incendie 8 ans auparavant.

Bava junior s'adonne aux joies du gallo sans grand succès. Les images sont laides, les acteurs sont laids, et en plus ils jouent mal, le scénario est banal et la mise en scène aussi originale que celle d'un épisode de L'Inspecteur Derrick. Les scènes de meurtres n'ont rien d'originales. Bref, un film chiant, mais une belle affiche. Kerozene

La MORT CARESSE A MINUIT aka DEATH WALKS AT MIDNIGHT aka LA MORTE ACCAREZZA A MEZZANOTTE aka LA MUERTA ACARICIA A MEDIANOCHE - Luciano Ercoli avec Susan Scott, Simon Andreu, Peter Martell, Carlo Gentilli, Claudie Lange, 1972, Italie/Espagne, 1h37

La cover-girl Valentina (Susan Scott) accepte, pour le compte de son ami journaliste Gio (Simon Andreu), d'essayer un nouvel hallucinogène. Malgré sa parole, Gio publie les photos prises au cours du"trip". Mais Valentina a été témoin d'un meurtre alors qu'elle était sous l'effet de la drogue. Elle se retrouve bientôt menacée par le tueur...

Avec ce film joliment stylisé, Luciano Ercoli s'affirmait comme l'un des bons artisans du giallo. L'une des astuces du scénario (co-signé par Sergio Corbucci et Ernesto Gastaldi) est d'introduire, par trip hallucinatoire interposé, un doute supplémentaire dans l'esprit du spectateur. Le tueur à la griffe métallique est-il bien réel ? Ou bien n'est-il que le fruit du trip de Valentina ? Dans le rôle de cette dernière, la gourgandine Nieves Navarro (Susan Scott à l'écran) révèle, une fois n'est pas coutume, un talent certain pour la comédie. Rassurez-vous, Ercoli n'oublie pas pour autant de mettre en valeur ses courbes de méditerranéenne plantureuse... Les scènes de meurtre sont bien amenées, et la langoureuse musique de Gianni Ferrio flotte joliment sur les décors typiquement 70's agencés avec soin. On trouvera peut-être cet aspect "studio" des intérieurs un peu artificiel, mais il n'est pas pour rien dans le charme "vintage" dégagé par cet agréable film, réédité par l'excellente maison Mondo Macabro (en zone 0 avec une piste en français - que demande le peuple ?). Stelvio

MEURTRES A ROME aka LE CRIME DE LA VIA CONDOTTI aka SPECIAL KILLERS aka LA RAGAZZA DI VIA CONDOTTI aka LA CHICA DE VIA CONDOTTI - German Lorente avec Frederick Stafford, Claude Jade, Femi Benussi, Patty Shepard, Alberto de Mendoza, Michel Constantin, Simon Andreu, 1974, Espagne/France/Italie, 1h37 (ou 1 h 25 selon les versions)

Le détective Sandro Mattei (Frederick Stafford) trouve un soir sa femme Simone (Patty Shepard) etranglée. Au pied du lit il remarque une photo représentant un homme sur une moto et, en arrière plan, une femme. Il pense que cette photo a quelque chose à voir avec l'assassinat et la porte chez Tiffany (Claude Jade), une jeune amie qui possède un laboratoire photo, afin qu'elle l'agrandisse. Il découvre que la femme est une dénommée Laura (Femi Benussi), vaguement connue de Tiffany. Sandro et Tiffany la retrouvent une nuit dans une boîte de nuit à la mode, en train de danser avec Russo (Alberto de Mendoza), avocat bien connu de la bonne société, dont elle est la fiancée. L'enquête peut commencer...

Polar ou giallo ? Giallo teinté de polar ou polar teinté de giallo ? Ce film, réalisé par l'Espagnol German Lorente, hésite longtemps entre ces deux genres alors en vogue. Du giallo on retrouve une scène de meurtre sadique, un univers mondain et un acteur habitué du genre, Alberto de Mendoza, spécialiste des rôles de notable hypocrite et mielleux (c'est encore le cas ici). Sans oublier la référence, fréquente dans ce sous-genre, à BLOW UP d'Antonioni. Du polar, MEURTRES A ROME a son côté "enquête à la Simenon" (ou à la Scerbanenco), diverses scènes d'action et de poursuite automobile ainsi que quelques trognes savoureuses (dont Giuseppe Castellano, qui sera de presque tous les Lenzi de ces années de plomb). On apprécie la beauté de Femi Benussi davantage que l'originalité du scénario (encore une affaire de prostitution dans la "haute" romaine). La réalisation ne brille pas non plus par son punch. Quant à Michel Constantin, il constamment l'air de se demander ce qu'il fait là-dedans. Au total, on ne s'ennuie pas, mais on n'est pas vraiment captivé. Pas déshonorant, mais pas de quoi courir après... Stelvio

La MUERTE LLAMA A LAS DIEZ aka HOT LIPS OF THE KILLER aka THE KILLER WORE GLOVES aka SATAN'S LAST SUPPER aka LE CALDE LABBRA DEL CARNEFICE - Juan Bosch avec Gillian Hills, Angel Del Pozo, Silvia Solar, Orchidea De Santis, Bruno Corazzari, Carlos Otero, Manuel Gas, Espagne/Italie, 1973, 1h21

Une jeune Londonienne (Gilian Hills), dont le compagnon est parti faire la guerre au Vietnam, décide de louer une partie de son appartement. Le premier occupant est retrouvé peu après, défenestré. Dès lors, un mystérieux tueur s'acharne sur la jeune femme...

Rare exemple de giallo espagnol, ce film rarement vu constitue plutôt une bonne surprise. Surprise de voir Gilian Hills en vedette d'un long-métrage. Née au Caire en 1944, la jeune Anglaise à la bouche pulpeuse joue quelques petits rôles dans des films d'adolescents anglais (dont BEAT GIRL, resté célèbre pour sa bande-son de John Barry), puis s'illustre comme chanteuse "yé-yé" au début des années soixante. Plusieurs de ses 45 tours deviennent des succès (le très nunuche "Zou Bisou Bisou", ou " Cha cha stop" en duo avec... Jean Yanne !) dans les années 1960-65. Surprise aussi de voir qu'un obscur cinéaste espagnol s'adapte assez bien à un genre pourtant typiquement italien... LA MUERTE LLAMA A LA DIEZ ne fait certes pas preuve d'une grande originalité côté scénario (encore une histoire d'héritage), ni d'une mise en scène follement inventive (les meurtres à l'arme blanche ont déjà été vus ailleurs, et souvent en plus flippant). Mais cela reste un film très agréable qui ne suscite jamais l'ennui. Long de 81 petites minutes seulement, ce giallo très classique compte assez de péripéties pour nous tenir en haleine... jusqu'à une séquence finale qui décoiffe pas mal ! Et la musique de Marcello Giombini est tout à fait remarquable pour l'époque, les synthétiseurs Moog remplaçant les habituelles sections de cuivre pour rythmer les montées de tension. Stelvio

NUDE X L’ASSASINO aka Strip nude for your Killer Nude per l'assassino - Andrea Bianchi, 1975, Italie    

Dans une maison de photographes de mode, divers meurtres sont commis à la suite de la mort par arrêt cardiaque d'un mannequin qui se faisait avorter. Un giallo dans le milieu de la mode, cela n'était pas original, mais la confusion dans laquelle le fil de l'histoire se déroule est presque originale. Les personnages féminins sont tous très magnanimes avec leurs copains qui les battent et les étranglent pour le plaisir ou sous une poussée de colère subite. Il faut dire que les femmes ne sont particulièrement pas intelligentes et tous les hommes violents, concupiscents, sans parler de l'immense mari de la patronne. Seule perle du film, Edwige Fenech, cheveux courts, belle à croquer, okay elle aussi crétine et sado maso sur les bords, mais on en gardera de bons souvenirs. Mario Giguère

OBSESSION: A TASTE FOR FEAR aka Pathos - Segreta Inquietudine - Piccio Raffanini, 1987, Italie, 92m

Les modèles d'une photographe (Virginia Hey) se font assassiner l'une après l'autre suivant des disparitions mystérieuses. Un inspecteur enquête et l'entourage particulier de la photographe est mis sous investigation.

Le film semblait être un giallo parmi tant d'autres, simplement arrivé sur le tard (87). On se trompe royalement. Raffanini nous plonge dans un film surréaliste remplis d'obsessions et de perversions soigneusement étouffées dans un ambiance indéniable. Le film baigne continuellement dans les couleurs vives tels le rouge, vert, jaune et bleu augmentant d'autant plus l'aspect surréaliste du tout avec la fumée étouffant chaque séquence extérieure. La bande son est parsemée de musique jazzée, électro pop pur 80's lorsqu'elle n'est pas construite de sonorités engouffrantes nous plongeant d'autant plus dans ce monde plutôt fascinant et étrange. On est quelque peu surpris lorsque plusieurs instruments électroniques se retrouvent ici et là dans le récit, mais tranquillement, on s'aperçoit que nous nous retrouvons totalement dans un monde hors du temps, futuristique de l'époque, mais plutôt primitif si on le regarde aujourd'hui. Ce ne sont que dans ces détails non-essentiels à l'histoire que nous pouvons apercevoir combien ce monde a été conçu précisément, de façon obsessive. Il y a beaucoup à découvrir sur ce film et il est bien évidemment à voir si on aime la surréalité. Les fans de Sayadian, prenez note. Dommage que Raffanini n'a que ce film à son actif... enfin, d'après IMDB et je ne serais pas surpris s'il aurait pataugé dans la pornographie, quoique anonymement pour l'instant. Bad Feeble

L'ŒIL DU LABYRINTHE aka L'OCCHIO NEL LABIRINTO - Mario Caiano, 1971, Italei  

Ne me rappelant plus de la fin, j'ai décidé de revoir ce giallo. Rien de mieux que ces oublis pour bien profiter une deuxième fois de ce genre de films !!! Un homme est poursuivi dans un labyrinthe, et agressé à coups de couteau... Au même moment, une femme se réveille. Un rêve ? Toujours est-il qu'elle est seule et que son compagnon, un psychiatre, est introuvable. Elle décide de mener son enquête afin de le retrouver, ce qui va l'amener à un village, puis à une villa fréquentée pas des personnes plutôt étranges. Etant invitée à séjourner dans cette maison, elle va découvrir différent éléments, notamment que son compagnon est un habitué des lieux, mais pas vraiment un des plus appréciés... J'arrête ici mon résumé (très vague il est vrai)pour ne pas gâcher le visionnement des éventuels intéressés.

Réalisé par Mario Caïano, L'OCCHIO NEL LABIRINTO regroupe un casting plutôt sympathique : Adolfo Celi, Sybil Danning, Horst Frank, Alida Valli... Pas vraiment des inconnus dans ce genre de film ! L'histoire est plutôt intéressante à suivre, le rythme du film, plutôt lent, correspond bien au... cadre dans lequel il est tourné et à l'esprit oisif des habitants de la villa. Le dénouement est assez surprenant (pour être franc il tient debout avec des béquilles mais j'ai vu pire). Abronsius

 

L'OISEAU AU PLUMAGE DE CRISTAL aka L' Uccello dalle piume di cristallo -  Dario Argento, 1970, Italie  

Un écrivain américain en panne d'inspiration se rend en Italie dans l'espoir de relancer son élan créateur. A la veille de son retour au pays, il est témoin d'une tentative de meurtre dont la victime, une jolie jeune femme, est sauvée grâce à son intervention. Il est alors obligé de retarder son départ et de rester sur ordre de la police, en tant que témoin principal de l'agression. Du coup, il décide de mener son enquête et se retrouve bientôt menacé à son tour.

Premier giallo du maître, L'OISEAU AU PLUMAGE DE CRISTAL est un exemple de maîtrise scénaristique et  photographique. La mise en scène, bien que pas encore tout à fait maîtrisée, est bien menée et fait preuve d'inventivité. Encore soft dans les scènes d'horreurs pures, le film n'en est pas moins fascinant, affichant une galerie de personnages haut en couleur: du macro bègue au peintre fou dans sa maison sans porte ni fenêtre qui mange des chats en passant par l'antiquaire homosexuel, Dario Argento nous plonge dans un univers à part...  Ajoutez à cela une musique élancée de Morricone ainsi que la présence de la belle Suzy Kendall, et on obtient un excellent film qui témoigne de la future maestria du réalisateur. Kerozene

 

 

OPERA aka Terror at the Opera - Dario Argento, 1987, Italie

Le jour de la première d’une nouvelle version de l’opéra Macbeth, la diva qui joue Lady Macbeth est victime d’un accident de voiture. Betty la remplace à pied levé, mais elle est très nerveuse. Un maniaque la surprend régulièrement, l’attache et la force à regarder ses meurtres, étrangement, il coupe ses liens pour qu’elle puisse s’enfuir rapidement. Elle n’ose parler à la police, paralysée par les visions d’événements semblables qui sont des souvenirs d’incidents ou des rêves de sa jeunesse. Le metteur en scène de l’opéra, réalisateur de films d’horreur, l’aide à attraper le tueur, à moins que ce ne soit lui, le tueur ?

J’ai longtemps regardé Trauma, Stendhal Syndrome et Phantom of the Opera comme une trilogie, je suis maintenant obligé de placer Opera au début de cette série qui débute par un film ou l’amour ne peut exister, comme l’explique Argento lui-même. Car au delà des meurtres sordides d’Opera, la protagoniste et sa vision du monde sont en rapport direct avec le déroulement du scénario. Parce que le sida est arrivé et frappe le monde, Argento nous arrive avec une femme frigide, incapable d’aimer, entourée de perversions qui sont le résultat direct d’un univers ou l’empathie est disparue. Que l’on se rappelle de l’univers visuel dans lequel évolue Jessica Harper dans Suspiria directement relié au sujet du film. La ville dans laquelle elle débarque est empreinte de sorcellerie, le paysage onirique, le paysage mental, le paysage ésotérique ne sont qu’un.

Si dans son précédent film, Phenomena, Jennifer Connelly joue une jeune femme qui s’entends mieux avec les insectes qu’avec les humains, elle aime la vie. Dans Opera, Chistina Marsillach, de par son passé trouble qu’elle a refoulé, ne peut avoir une relation normale avec les gens qui l’entourent. Dans Trauma, Asia Argento jouera une anorexique également incapable de s’accepter ou d’accepter l’amour que lui voue un étranger. Ce sera pire dans Stendahl, lorsque le personnage d’Asia, affecté par le syndrome de Stendahl et violée deviendra une tueuse à son tour. Finalement, tragiquement, dans P.O.T.O. Asia joue une jeune chanteuse, qui renvoie directement au personnage de Betty dans Opera, qui sera partagée entre l’amour de deux hommes. La mort du Fantôme, dramatique, laisse toutefois la femme dans une position ou, enfin, on peut envisager qu’elle refera sa vie avec son autre homme. Argento enchaînera donc avec Non Oh Sonno, un Giallo qui retourne à ses anciennes amours, ayant évacué ce démon, absent de films tel Profondo rosso, ou Daria Nicolodi courtise à qui mieux mieux un David Hemmings  dont on imagine facilement qu’il lui succombera après la fin de cette histoire ... 

Car Argento ne se regarde pas et ne s’apprécie pas particulièrement pour la structure logique de ses scénarios. Ses films sont souvent construits comme de longs cauchemars. Les réactions des personnages se justifient mal. Pourquoi, dans Opera, Betty ne se confie pas immédiatement à la police pour avoir sa protection, car le tueur s’est bien enfuit en l’avertissant qu’il la retrouverait en tout temps, en tout lieu ? Ses réactions se justifient mal dans un scénario ou le réalisme prime, mais dans un univers onirique, après un traumatisme, le rêveur va plutôt se retrouver rapidement dans un autre lieu. La séquence finale, par exemple, change de décor complètement, rappelant les montagnes de Phenomena, et le dernier plan ou Betty dégage un lézard coincé, optimiste selon Argento, renvoie directement à Profondo Rosso ou la jeune fille a épinglé un lézard, présage et avertissement que le mal est présent chez l’homme dès l’enfance, une constance chez Argento. Dans cette séquence également, les policiers semblent arriver de nulle part et repartent immédiatement, laissant Betty errer immédiatement dans le paysage bucolique, d’une manière outrageuse pour un film réaliste, d’une manière naturelle pour un film onirique.

Qu’Argento aie contemplé une fin ou Betty s’enfuit main dans la main avec le tueur surprend, mais Argento prétends que les tueurs dans ses films ont souvent la sympathie du public, ayant des raisons indépendantes de leur volonté pour expliquer leur déviance. Ils ont régulièrement des traumatismes à l’enfance, comme le tueur de Profondo rosso et celui, plus âgé d’ Opera. Dans Opera, c’est Betty qui a été traumatisée dans son enfance.

Il y a beaucoup à découvrir sur Argento en regardant ses films non pas seulement comme des entités individuelles, mais en tant que de multiples pièces qui forment l’ensemble cohérent de son œuvre, ce qui réhabilite son Fantôme de l’opéra, particulièrement.  

Opera est donc une pièce maîtresse dans la filmographie de Dario Argento. Mario Giguère

OU EST PASSEE JESSICA ? aka SOTTO IL VESTITO NIENTE aka NOTHING UNDERNEATH - Carlo Vanzina, avec Tom Schanley, Renée Simonsen, Nicola Perring, Maria Mc Donald, Catherine Noyes, Sonia Raule et Donald Pleasence, Italie, 1983, 1h29

Milan, saison des défilés de mode : un groupe de mannequins occupe presque entièrement un hôtel mis à leur disposition pour la durée des shows. Un soir, Jessica, ravissant top-model américain disparaît. Au même moment, son frère jumeau, garde-forestier dans le Wyoming a une vision : sa sœur aurait été victime d'un mystérieux meurtrier armé d'une paire de ciseaux. Il se rend immédiatement à Milan pour mener l'enquête...

Avec ce film raisonnablement rythmé, Carlo Vanzina, fils du réalisateur vétéran Stefano Vanzina (plus connu sous le pseudonyme de Steno), signait un "giallo" dans la plus pure des traditions. Un tueur invisible, des intérieurs luxueux et froids, des nanas magnifiques nues dans leurs salles de bain, un silence glaçant précédant de brèves et paroxystiques scènes de meurtres...  Tous les ingrédients sont réunis. La mise en scène, soignée sans être particulièrement originale, n'a pas trop de mal à "lier la sauce". Bien que situé dans les milieux de la mode, le film a heureusement mis la pédale douce sur les sapes. On échappe aux teintes criardes si en vogue dans ces années post-new wave. OU EST PASSEE JESSICA ? demeure donc très regardable aujourd'hui, du début au punch final, sanglant et pas trop prévisible. Comme dans environ 346 autres films italiens, Donald Pleasence cachetonne avec talent dans le rôle d'un vieux flic usé mais rusé. Enfin, la musique de Pino Donaggio vient nous rappeller l'ambiance des chefs d'œuvre de Brian De Palma, sans pour autant (trop) dévaloriser le film pendant le visionnement. Bref, une sortie en DVD ne serait pas un pur gâchis ! Stelvio

PARANOIA aka A QUIET PLACE TO KILL aka UNA DROGA LLAMADA HELEN aka UN TRANQUILO LUGA PARA MATAR - Umberto Lenzi avec Carroll Baker, Jean Sorel, Anna Proclemer, Alberto Dalbes, Marina Coffa, 1970, Italie/France/Espagne, 1h34

Helen (Carroll Baker), pilote automobile de haut niveau, se remet d'une violente sortie de piste. Son ex-mari, Maurice (Jean Sorel), lui propose de venir se reposer quelques jours dans sa grande maison de Majorque. Helen accepte et a la surprise de découvrir dès son arrivée Constance (Anna Proclemer), la nouvelle femme de Maurice, qu'elle ne savait pas remarié. Immédiatement, le doute s'installe et la tension monte entre les occupants de la grande villa...

Ce giallo est certainement le moins connu de tous ceux tournés par le très prolifique Umberto Lenzi. Souvent confondu avec ORGASMO (retitré pour tout simplifier... Paranoia aux États Unis !), il appartient à la sous-catégorie des "giallos de manipulation", tels SI DOUCES, SI PERVERSES. Plus tard, Lenzi, toujours apte à suivre la dernière mode avec aisance (opportunisme diront les mauvaises langues), illustrera l'autre sous-catégorie, celle des giallos "purs et durs", avec tueurs masqués et morts violentes (voir LE TUEUR A L'ORCHIDEE ou EYEBALL). Mais c'est une autre histoire...

Revenons donc à ce PARANOIA. Cocktail de suspense, d'érotisme et de soleil (jolis décors baléariques), ce film constitue un bel exemple de "lounge cinema". La mise en scène, standardisée avec talent, ramène davantage au roman-photo qu'aux séries noires (jaunes en Italie). Jean Sorel est fascinant de neutralité et de faux détachement dans le rôle masculin principal. Quant à Carroll Baker, qui incarne pourtant au départ un personnage de "pétroleuse", elle retrouve vite son registre habituel : la blondeur hitchcockienne sadisée. Tant mieux, elle n'est jamais aussi belle que lorsqu'elle joue l'effroi ! Au final, c'est un giallo un peu paresseux, comme en pilotage automatique, mais loin d'être désagréable, pas le meilleur de Lenzi, ni sans doute le pire. Si on devait le noter, il faudrait lui mettre 10/10 moins un point par giallo d'Umberto Lenzi déjà visionné. Le DVD de l'éditeur japonais Trash Mountain Video présente une copie bien nette (en italien seulement).

Réplique culte : "Les puritaines sont les meilleures au lit !" (Le personnage de Jean Sorel à sa femme, qui trouve Carroll Baker un peu coincée) Stelvio

PARIS SEX MURDERS aka The Bogeyman and the French Murders aka Murder in Paris aka Casa d'Appuntamento - Marius Mattei, 1973, Italie, 1h24

À Paris, un jeune homme un peu violent qui avait été interdit au bordel de Madame Colette (Anita Ekberg, que l'on a pu admirer dans toute sa splendeur dans LA DOLCE VITA de Fellini) parvient à y entrer de nouveau et essaie de convaincre sa petite amie (la pétillante Barbara Bouchet) de se sortir de là. Elle refuse et il la bat sauvagement. Peu après, le cadavre de Barbara est retrouvé dans sa chambre. Évidemment, on pointe du doigt son petit ami, qui est arrêté au terme d'une courte chasse à l'homme. Il sera condamné à mourir la tête tranchée par la guillotine, et lancera avant de mourir une malédiction sur les cinq témoins ayant déposé contre lui.

 Ce thriller italien de grande envergure fait aujourd'hui figure de curiosité tant en raison de son récit inhabituel que des "stars" qui y figurent. Tout d'abord Robert Sacchi, qui joue l'inspecteur de police, et qui est un sosie criant d'Humphrey Bogart ! À un point tel qu'on dirait Bogart sorti de sa tombe pour l'occasion. Mattei a été le premier à exploiter cette ressemblance surnaturelle, mais pas le dernier, car Sacchi a passé le reste de sa carrière à personnifier le grand Humphrey ou à exploiter ce mimétisme. Howard Vernon nous offre une présence inquiétante, et se surpasse dans la dernière scène. Il est toujours curieux de l'entendre parler anglais. Son personnage de Waldemar serait-il un hommage dissimulé à Paul Naschy ? Barbara Bouchet, la première prostituée à être tuée, pour le plus grand malheur de ses admirateurs, est comme toujours resplendissante, et nous offre ses longues jambes en pâture. Rosalba Neri, une des nombreuses reines de la série B italienne, interprète un numéro de cabaret plutôt terne. Le film en entier est truffé de séquences gores qui lui ont valu d'être banni de Norvège; avec les apôtres du Dogme 95 les choses ont bien changé depuis... Nous sommes en droit de nous demander pourquoi la scène du tribunal est presque entièrement tournée en négatif; seule la postérité y répondra. Tout cela est brillamment monté par Bruno Mattei, qui a visiblement un lien de parenté avec le réalisateur, et qui allait plus tard réaliser quelques classiques de série Z comme VIRUS CANNIBALE ou encore LES MUTANTS DE LA DEUXIÈME HUMANITÉ. La musique bien groove signée Bruno Nicolaï, compositeur attitré de Jess Franco et conducteur fétiche de Morricone, met du baume au coeur et on y reconnaît même certains sons que Nicolaï réutilisera avec bonheur dans UNE VIERGE CHEZ LES MORTS-VIVANTS. Orloff

  Le PARFUM DE LA DAME EN NOIR aka PERFUME OF THE LADY IN BLACK aka Il  Profumo della Signora in Nero - Francesco Barilli avec Mimsy Farmer, Maurizio Bonuglia, Mario Scaccia, Jho Jhenkins, 1974, Italie, 103m   

Mimsy Farmer interprète Sylvia, une jeune femme sérieuse, consacrant sa vie à son travail. On la retrouve dans une soirée mondaine ou  l'on parle de vaudou et de magie noire en finissant par rigoler. Sylvia est troublée. Elle commence à avoir des visions. Elle prend congé quelques jours. Malgré le support de son copain, elle voit constamment une enfant dans son appartement et les morts s'accumulent dans son entourage. A-t-elle réellement tuée sa mère lorsqu'elle était enfant ?

Plus le film avance plus les références à Alice au pays des merveilles s'accumulent. On pense au Bébé de Rosemary qui, six ans plus tôt, mettait en vedette une Mia Farrow à laquelle Mimsy Farmer me fait toujours penser. C'est dans un climat de paranoïa similaire et de doutes persistants sur ce que la caméra nous montre, que le spectateur navigue constamment. La réalisation mise sur cette atmosphère onirique et la folie en sourdine qui semble habiter Sylvia. On a donc de sérieux doutes sur ce qui se passe, mais la fin demeure étonnante et brutale. Un excellent Giallo à découvrir.

En suppléments sur le Blu-ray + DVD D'Artus Films, une présentation du film par Emmanuel le Gagne qui nous parle de la carrière du réalisateur moins connu que certains compères. Le générique anglais, un diaporama d'affiches et de photos, la bande annonce originale complètent l'offre. Offert en version originale italienne avec sous-titres français. Mario Giguère


Mimsy Farmer

QUATRE MOUCHES DE VELOURS GRIS aka QUATTRO MOSCHE DI VELLUTO GRIGIO aka FOUR FLIES ON GREY VELVET - Dario ARGENTO avec Michael Brandon, Mimsy Farmer, Jean-Pierre Marielle, Bud Spencer, 1971, Italie

À 30 ans, Argento boucle la trilogie giallo de ses débuts comme réalisateur. Toujours avec le soutien financier de son père, qui lui a préservé une part de son indépendance artistique, il enchaîne en trois ans son troisième métrage à distribution internationale et musique d'Ennio Morricone. Déçu par le résultat du " chat à neuf queues ", nouveau succès qu'il considère trop proche de la mode américaine, il rame au scénario avec notamment son collègue Luigi Cozzi (futur coupable du fameux " Starcrash - le choc des étoiles " sous le pseudo de Lewis Coates), et imprime à ses quatre mouches un rythme de vol davantage personnel : elles vibrionnent en apesanteur dans un étouffant climat latin, non dénué par ailleurs de touches de joyeux humour crétin (dont Bud Spencer et quelques jeux de mots comme cette plaque de boutique furtivement aperçue, voisine de celle d'un détective privé et qui affiche " smith & son ").

L'intrigue ? Cette fois, le musicien d'un groupe de pop music est empêtré dans une histoire alambiquée de chantage.

A quoi bon en détailler plus, ceux qui ont choisi l'oiseau sur le menu puis consenti à goûter du chat goberont maintenant sans se faire prier quatre mouches avec le même appétit.

Certes, on peut convenir que pour les autres, ce n'est probablement pas le morceau le plus pertinent pour aborder le style Argento.

D'une part, Argento apprécie le format de la trilogie, alors comment savourer pleinement le dessert avant l'entrée et le plat de résistance ?

Ce fonctionnement par cycles s'accompagne naturellement d'un usage narcissique de l'auto-citation (mais aussi d'emprunts à peine déguisés, plus ou moins consentis à ses collègues, avant tout à Sir Alfred Hitchcock évidemment puis aux copains transalpins, ceci étant un autre débat : notamment, Lucio Fulci l'engueulera sévère pour la scène choc du chien d'aveugle de " suspiria ", très très inspirée de " l'au-delà " ; mais à sa décharge, Argento s'est lui-même tellement fait copier, alors...). Bref, ce procédé passe donc inaperçu pour ceux qui attaquent la filmographie dans le désordre chronologique, perdant ainsi une partie des signaux expédiés.

Par exemple, le prologue des quatre mouches montre un homme au costume sombre dans la rue, qui retire ostensiblement ses lunettes noires en plein soleil pour essuyer des confettis dont vient de l'arroser en jouant un enfant, qu'il réprimande d'ailleurs. Comment ne pas songer d'instinct à un parallèle avec le prologue du précédent film ? Karl Malden, pareillement vêtu, incarnait un aveugle à lunettes noires en promenade dans la rue à la nuit tombée, conversant comme un papy gâteau avec la petite fille le guidant. Clin d'œil !! (c'est le cas de le dire). Chacun mettra le sens qu'il voudra sur les intentions de l'auteur, ça fait partie du jeu évidemment. Toutefois, il est indéniable que l'effet délibéré est présent : ainsi au minimum, pour cette nouvelle scène d'exposition, la déduction machinale est faite du retour de la patte d'Argento, qui nous envoie des codes de reconnaissance amicaux et nous gratifie pour notre confiance. Ouf, on est rassuré merci, on ne s'est donc pas trompé de salle de projection. Et cet exemple particulier ne concerne que le prologue, la suite en fourmille.

De même, fort logiquement, cette pratique constante de la référence fait aussi apparaître en contrepartie des pièces qui seront réexploitées plus tard : ici par exemple, en suivant les mouches, on traverse déjà un décor d'opéra. Encore une fois, il ne s'agit que d'une illustration parmi beaucoup d'autres : si on commence à dresser catalogue et à décortiquer de la signification sous la rafale d'échos dans l'œuvre d'Argento, on y passe la semaine.

Cette technique amusante donne l'impression d'un assemblage pièces par pièces qui, suspense, tiendra-t-il le spectateur des débuts longtemps captif ? Argento le reconnaît volontiers lors des interviews : s'il ne cherche pas l'adhésion du plus grand nombre, il est revanche attentif à maintenir la connivence avec un public de fidèles. Mais heureusement, tout ceci n'est qu'un aspect, car Argento ne sait pas que tourner en rond !

D'autre part, les mouches ne constituent en effet peut-être pas le premier plat à servir à celui qui s'attablerait par hasard, parce que d'autres films sont communément reconnus comme plus essentiels. Les mouches ne semblent pas encore éditées en dvd et a fortiori n'ont pas été choisies pour le coffret en zone 2 consacré au cinéaste à Noël 2003. De même, elles n'ont pas connu en salles une fréquentation équivalente à ses précédentes bestioles, bien que cuisinées à la même sauce. Outre la sauvage concurrence en 1971 au sein du zoo giallo avec la Queue du scorpion de Sergio Martino ou L'iguane à la langue de feu de Ricardo Freda, la recette éprouvée d'Argento attirait peut-être moins les curieux.

L'oiseau, le chat et les mouches sont effectivement accommodés d'une sauce qui lie rationnellement quatre ingrédients de base :

1°) le giallo initié avec Mario Bava dans " la fille qui en savait trop " : le suspect masqué, l'outil dans la main en avant, les bombes italiennes, le chat de gouttière, la mystérieuse voix, le machisme, le mélange entre fantasme et réalité, la quarantaine de suspects, les couleurs vives, l'incursion attendue du meurtrier au domicile, le p'tit détour par le cimetière, le matériel hi-fi, le crime dans un lieu public, l'homosexualité et quelques innocentes perversités sexuelles, les coupures de presse, la galerie de marginaux, etc.

2°) des plans rocambolesques truffés de cadrages acrobatiques 

3°) et une interpénétration générale exhibée des autres disciplines artistiques avec le cinéma (notamment peinture, musique, littérature, photographie)

4°) l'influence déterminante de trois écritures : le polar à énigmes dit " roman de détection " (les intrigues torturées pour le plaisir jusqu'à l'absurdité), les nouvelles fantastiques d'Edgar Poe (la perception du macabre, le dérèglement des sens) et les théories de Sigmund Freud (son approche novatrice de la science, ses travaux sur l'inconscient, l'interprétation des rêves, les refoulements, les traumatismes de l'enfance, les pathologies mentales, la psychanalyse, les déviances sexuelles).

En conclusion de la première trilogie, les quatre mouches une fois atterries marquent la fin d'une époque dans l'horrifique d'Argento, qui va se radicaliser en intégrant désormais des nouveaux éléments récurrents, indubitablement absents pour l'instant : le surnaturel (pouvoirs médiumniques, sorcellerie, fantômes), des seaux de sang, les sonorités électroniques, et une narration adoptant souvent le point de vue de&ldots; hum, hum&ldots; l'héroïne.

Cette radicalisation ajoutée au rabâchage mécanique de thème ont d'ailleurs parfois frôlé la caricature. D'autant qu'Argento continue infatigablement dans son cinéma de genre alors que d'autres de ses camarades de l'époque toujours en activité ont lâché l'affaire (de Palma, revient avec nous !).

De fait, une fois mordus (!) par son oiseau, certains ont du mal à échapper à ses films même les plus éreintés, et j'avoue (plus facilement, le temps passant) faire partie des avertis du ratage qui ont quand même cavalé après son fantôme de l'opéra.

Pour ma part, je mâche ces quatre mouches comme un régal de délire flambeur, rococo, et tout en ambiance inquiétante étrangement contenue. C'est tellement farci que, curieux de subtilités à attraper tous azimuts - bien joué Argento ! - je me suis lamentablement re-retapé ma copie, une VHS en version française que j'avais eu un mal de chien à débusquer. L'image un poil étirée en hauteur dans un format mutilant affreusement les bords droite et gauche comporte de surcroît du début à la fin une rayure horizontale parasite, et un sifflement de ventilateur offre par intermittence - mais avec insistance - le bonus d'un autre film en fond sonore (je parierais sur un western, d'après les coups de winchester, les tam-tam et les cris de sioux).

Sinon, vivement la sortie de son prochain " joueur de cartes " ! Bigeyes

La QUEUE DU SCORPION aka CASE OF THE SCORPION'S TAIL aka SCORPION'S TAIL aka LA CODA DELLO SCORPIONE aka LA COLA DEL ESCORPION  - Sergio Martino avec George Hilton, Anita Strindberg, Janine Raynaud, Evelyn Stewart (Ida Galli), Luigi Pistilli, Alberto de Mendoza, 1971, Italie-Espagne,1h30

Un avion s'écrase dans l'océan. Parmi les morts, Kurt Baumer, qui laisse une assurance d'1 million de dollars en faveur de se femme Lisa (Evelyn Stewart). Celle-ci s'envole pour Athènes afin d'encaisser l'argent en liquide. Elle est retrouvée égorgée dans sa chambre d'hôtel. Un macabre puzzle se met en place. Des meurtres plus affreux les uns que les autres vont se succéder.

Quelle joie d'avoir remis la main sur ce giallo de la grande époque ! On retrouve dans cette QUEUE DU SCORPION plusieurs des acteurs réguliers de ce sous-genre si cher à nos coeurs. L'intrigue, co-signée par Ernesto Gastaldi, est fort classique, sous-tendue comme toujours par le vice et la cupidité. Sont inclus tous les rebondissements que nous sommes en droit d'attendre. Quant aux meurtres, ils s'avèrent assez "gore" pour l'époque, avec notamment un oeil percé à coups de tesson bouteille. Ou encore un homme agrippé à une gouttière balancé dans le vide après que le tueur ait sectionné ses doigts (idée notamment reprise par Takeshi Kitano dans son VIOLENT COP)... Le tout est remarquablement filmé par un Sergio Martino à la caméra plus virtuose que jamais. Quelques plans épatent franchement par leur formalisme tranquille. La direction d'acteurs est largement au-dessus de ce que le genre a coutume de nous offrir. Evelyn Stewart (Ida Galli) illumine la première demi-heure du film, et notamment son excellent prologue "londonien" (on pense à BLOW UP d'Antonioni). Son élégance altière est encore rehaussée ici par des tenues magnifiques (bravo à la costumière), c'est un vrai régal ! Dans le rôle d'une reportrice-photographe, Anita Strindberg révèle également un talent de comédienne que l'on ne lui soupçonnait guère. Le final rappelle beaucoup celui de L'ETRANGE VICE DE Mme WARD, réalisé par le même Martino un an plus tôt. Un dernier mot pour saluer la bande-son de Bruno Nicolai, tout à fait à l'unisson de cette œuvre sans faille. Bref, c'est du grand giallo¨("L'un de mes dix préférés", me disait récemment Norbert Moutier qui en connaît un rayon en la matière). A voir absolument ! Stelvio

SEPT MORTS DANS LES YEUX D'UN CHAT aka Seven Deaths In The Cat's Eye aka La morte negli occhi del gatto - Antonio Margheriti alias Anthony M. Dawson avec Jane Birkin, Hiram Keller, Françoise Christophe, Dana Ghia, Anton Diffring, Venantino Venatini, Doris Kuntstmann, Serge Gainsbourg, Luciano Pigozzi, 1973, Italie, 91m

Une jeune étudiante, Corringa, est expulsée de son école. Elle part alors rejoindre sa mère en Écosse au château de sa tante, Lady Mary MacGrief. Sur place, elle fait la connaissance des invités de Lady Mary et retrouve un cousin, James, un excentrique qui a autrefois subi un traumatisme durant son enfance. C'est alors que la mère meurt assassiné la nuit suivante de façon mystérieuse et d'autres invités au château subissent rapidement le même sort. Tous ces assassinats n'ont eu pour seul témoin qu'un chat présent à chaque fois dans les environs. Malgré ses peurs et quelques cauchemars, Corringa essaie d'élucider les mystères du passé de ce château afin de faire la lumière sur ces étranges meurtres. De par ses excentricités, James devient rapidement le suspect no. 1, mais en se faisant le protecteur de Corringa, c'est lui qui démasquera le vrai meurtrier.

Avec ce film, Margheriti se lance cette fois-ci dans un autre genre à succès, le "giallo", qu'il agrémente d'éléments d'horreurs gothiques qu'il avait déjà utilisés dans quelques films antérieurs comme "CASTEL OF BLOOD" par exemple, et d'ingrédients empruntés aux "krimis", sous-genre allemand du polar fantastique inspiré des romans britanniques d'Edgar Wallace. Sans être original, le film possède une bonne création d'atmosphère baroque et le suspense, bien qu'un peu mécanique, est assez efficace. En vieux routier du cinéma commercial italien, Margheriti ne cherche pas à renouveler les aspects traditionnels du film d'horreur, mais il connaît et maîtrise très bien les techniques propres au genre pour que sa mise en scène retienne l'attention et pour rendre une intrigue artificielle acceptable pour le public grâce à des moments-chocs de violence et d'érotisme qui captent son intérêt. Les personnages manquent cependant de chair et ont souvent un comportement illogique, mais on peut pardonner ces défauts étant donné le caractère irrationnel du récit, ce qui justifie quelque peu leurs agissements. Il faut dire aussi que toute la distribution est convaincante au sein de ce long-métrage à compter parmi les réussites de Margheriti. Mathieu Lemée

SEVEN BLOOD-STAINED ORCHIDS aka SETTE ORCHIDEE MACCHIATE DI ROSSO aka Seven blood-stained orchids  aka Puzzle of the silver half moons  aka Sette volti per l'assassino - Umberto Lenzi avec Uschi Glas, Antonio Sabato, Marisa Mell, Pier Paolo Capponi, Petra Schürmann, Claudio Gora, Franco Fantasia, Rossella Falk, Marina Malfatti, Renato Romano, Gabriella Giorgelli, Aldo Barberito, Bruno Corazzari, Ivano Davoli, Linda Sini, Nello Pazzafini, Enzo Andronico, Fulvio Mingozzi, Nestore Cavaricci, Carla Mancini. 1971, Italie/Allemagne de l'Ouest, 88min uncut

Une Mercedes noire parcourt les rues. Une prostituée est retrouvée morte dans un parc, une lune argentée à la main. Quelques jours plus tard, une artiste subit le même sort, l'objet fétiche inclus. Lorsque Giulia (Uschi Glas) devient la prochaine cible du meurtrier, elle et son fiancé Mario (Antonio Sabato - Crimebusters) entreprennent de mener l'enquête eux même. Ensemble ils découvrent une liste de noms de femmes qu'ils croient être les prochaines victimes de l'assassin vêtu de noir...

Basé sur un " krimi " d'Edgar Wallace, ce giallo d'Umberto Lenzi (Spasmo) est complètement systématisé à la manière établie par Mario Bava : tueur portant manteau long, chapeau, et gants noirs; vision subjective de l'assassin; misogynie assumée, etc... Lenzi va même jusqu'à répéter la scène du meurtre dans la baignoire de Blood and black lace : victime sous l'eau, les yeux grands ouverts. Si les premières minutes sont délicieusement brutales - une pute battue avec une planche de bois! --, le film perd rapidement de son momentum et ce, jusqu'à la faible finale. L'intrigue est exposée dès le début, et nous sommes sujets aux investigations de Sabato, rythmés par la trame sonore souvent " easy tempo " d'un Riz Ortolani (Cannibal Holocaust) en grande forme. Ceci dit, le milieu du film ralentit considérablement, mais le troisième acte remonte un peu la pente - le meurtre à la perceuse est plutôt appréciable. La direction photo d'Angelo Lotti s'avère juste assez atmosphérique, et le montage d'Eugenio Alabiso (The Cynic, the rat & the fist) découpe les demoiselles (souvent nues) en parfaite synchronisation avec l'assassin. Les performances sont bonnes, mais aucun personnage n'est mémorable, voire attachant. L'actrice aux yeux d'émeraudes, la jolie Marisa Mell (One on top of the other), livre un double rôle. Un giallo à la lettre, mal rythmé, mais néanmoins divertissant. Humanoidzombie

SEVEN HYDEN PARK aka FORMULE POUR UN MEURTRE aka 7, Hyden Park: la casa maledetta - Alberto De Martino, 1985, Italie    

Joanna est une jolie jeune fille riche paralysée (c'est beaucoup pour une seule femme). Sa vie se partage entre sa chaise et sa gouvernante. Mais bientôt elle trouvera l'amour et se mariera avec un homme qui en fait est le complice de la gouvernante. Le complot: extorquer et tuer la pauvre Joanna. Meilleur que j'aurai cru, sans pour autant être un chef-d'oeuvre. La première moitié est un exemple classique de gialli. Par contre, dès la 2ème moitié du film, nous savons déjà qui est le tueur et ses motifs. Donc, le film est un peu moins conventionnel que certain gialli. Il s'agit donc d'un film à sortir lorsque vous voulez passez une soirée giallesque. Angel Guts

SHORT NIGHT OF THE GLASS DOLLS aka Malastrana aka Paralysed - Aldo Lado 1971, Italie, 1h33.

Un journaliste américain établi momentanément à Prague y rencontre l'amour de sa vie, une fraîche jeune fille, et décide de la ramener avec elle à Londres, où il habite. Pourtant, quelques jours avant leur départ, celle-ci disparaît sans laisser de traces, un soir, en n'apportant ni ses vêtements ni son passeport. Le journaliste, n'écoutant que son amour et sa curiosité, essaiera par tous les moyens mis à sa disposition de la retrouver. Son enquête le mènera tout droit à la morgue, mais pas de la façon dont on s'y  attendrait normalement...

Il est toujours curieux de voir un thriller italien tourné à l'étranger. Celui-ci, se déroulant sous forme de flash-backs continus, entrecoupés seulement par quelques éclairs du présent, surprend par son côté incongru mais ne parvient pas pour autant à captiver, du moins pas sur le coup. On a pourtant droit à une finesse de mise en scène inhabituelle chez Aldo Lado, qui capte l'étrangeté de Prague avec une redoutable efficacité. Le climat, dans la dernière demi-heure, devient particulièrement tendu. Et la séquence finale, surprenante, frôle l'insoutenable, et vient sortir le spectateur d'une possible léthargie. En une heure et demie ce dernier aura eu droit à de beaux restes, dont des séquences elliptiques plutôt hallucinatoires, où des images éparses de son passé assaillent le journaliste persécuté, et une scène d'ouverture troublante mettant en vedette un lointain parent de Kenny. Inégal. Orloff

SLEEPLESS aka NONHOSONNO aka I CAN’T SLEEP, Dario Argento, 2000, Italie, 113 Min.

En quittant l’appartement d’un client, une prostituée chute sur un coffre qui contient plusieurs armes blanches. Elle quitte l’appartement brusquement. À l’intérieur du train, elle s’aperçoit qu’elle a pris par erreur un document qui contient différentes photos et preuves concernant une célèbre histoire de meurtre perpétré par un nain tueur, quelques années plutôt. Son client l’appelle sur son téléphone cellulaire pour lui dire, qu’elle n’aura pas le temps de rien dire à la police parce qu’il lui tranchera la gorge...

Après des mois d’attente, le voici enfin le nouveau Argento ! NONHOSONNO se veut un retour au giallo classique du style de l’OISEAU AU PLUMAGE DE CRISTAL. Tout en contenant divers éléments de PROFONDO ROSSO et TENEBRE, la mise en scène demeure assez classique et malgré quelques débordements, on est assez loin du style visuel débridé de ses meilleurs films. L’interprétation est inégale, MAX VON SHADOW et GABRIELE LAVIA (PROFONDO ROSSO et INFERNO) sont des excellents acteurs et les autres comédiens à coté d’eux peuvent paraître très ordinaire. Mais, je trouves que ça ne constitue aucunement un défaut. Ca rend le film beaucoup plus réaliste en ayant des comédiens qui ne font qu’être des personnes ordinaires confrontées à des situations extraordinaires. En ce qui concerne les meurtres, le film fait assez fort. Quelques scènes sont vraiment susceptibles d’être coupés si le film était présenté devant la MPAA. Pour la musique, la bande sonore des GOBLINS quoique qu’inférieur à TENEBRE ou autres PROFONDO ROSSO, est bien utilisé et fait même particulièrement mouche à travers certaines scènes. Au niveau intrigue et scénario, c’est très intéressant et encore une fois la clef de l’énigme c’est présenté devant nos yeux et on n’en a pas réalisé toute l’importance. La scène du train est beaucoup moins spectaculaire que les gens ont dis, en tout cas, elle est vraiment moins réussie que l’ouverture de SUSPIRIA, mais demeure quand même correct. NONHOSONNO est finalement un film intéressant qui confirme pour moi qu’Argento n’est pas un réalisateur au talent éteint et qui pourra peut être nous donner d’autres films intéressants dans les années à venir. Black Knight

Après de très bons échos d'Italie et de très mauvais échos par chez nous, moi j'ai fort apprécié le dernier film d'Argento. J’ajoute tout de suite que je suis un inconditionnel, alors mon opinion est biaisée, oui. Le scénario est très bien ficelé et les références aux précédents Giallos d'Argento sont tellement nombreuses que je ne les dénombrerai pas. Mais c'est bien construit et, comme retrouver un vieil ami, j'ai eu du plaisir à revoir la mécanique bien huilée, Gabriele Lava, la bonne musique de Goblin, l'explication tordue qui remonte à l'enfance, la scène d'amour torride, de l'inédit, spécialement après le cheminement des actrices dans les films de Dario. Mais justement, on a un protagoniste masculin, un mentor âgé qui nous réserve des surprises et un titre sur lequel on n'appuie pas. On se rend compte, presque par accident, que le vieux détective à la retraite ne dort pas.

Un plaisir à ne pas bouder. Mario Giguère

SO SWEET, SO DEAD aka La Peur au Ventre aka Bad Girls aka The Slasher is the Sex Maniac aka Confessions of a Sex Maniac aka Rivelazioni di un maniaco sessuale al capo della squadra mobile - Roberto Bianchi Montero 1972, Italie, 1h30.

Dans une ville d'Italie qui désire garder l'anonymat, une série de meurtres est perpétrée. Les victimes ont toutes en commun la beauté, la richesse et la classe, et le tueur laisse sur les lieux du crime, comme signature, de sordides photographies d'elles en compagnie de leurs amants respectifs. La police en vient à conclure que le "maniaque" est un fanatique de la  rectitude morale, mais ça ne les avance pas plus. Le tueur frappera encore, et prendra même le temps de les narguer.

Malgré la perpétuelle présence à l'écran de jolies actrices dénudées et une trame sonore qui comporte à coup sur quelques succès groovy, ce giallo cliché comme ce n'est pas possible n'arrive pas à se démarquer des douzaines d'autres imitations dans son genre. La technique plus que conventionnelle n'invente absolument rien, et les acteurs offrent pour la plupart de pathétiques performances. Les mobiles de l'assassin sont ridicules; il tue pour "donner l'exemple" et punir les pécheresses qui s'adonnent à l'adultère... Le doublage français souffre de sabotage; le fameux "doubleur fou" frappe encore... Un écho exagéré résonne dans presque toutes les scènes, les dialogues ne collent pas aux mouvements de lèvres, les effets sonores sont déroutants, et on a même droit, en prime, dans quelques scènes, à la musique de Frizzi utilisée dans THE BEYOND de Lucio Fulci. Les voix données à certains personnages semblent caricaturées à l'extrême et l'effet obtenu n'est pas très heureux. Voyez-le un soir où vous ne serez pas trop exigeant... Orloff

Ayant suivit les conseils de notre ami Orloff, j'ai écouté ce film un soir où je n'étais pas exigeant. La preuve, j'ai bien aimé. Il s'agit d'un Gialli tout ce qu'il y a de plus conventionnel (tueur à l'imperméable et aux gants noirs, tueur surprise, etc.). Il y a des scènes relativement bien comme le meurtre sur la plage avec des plans au ralentit. C'est, à mon avis, un film relativement divertissant pour les fan de gialli. Bon, c'était les bon coté. Les mauvais maintenant. Les acteurs sont pour la plupart pitoyable et ils essaient tant bien que mal de traduire un semblant d'émotion. La traduction est atroce. Elle a été fait dans cet horrible studio où l'on a mis un absurde écho dans la voix de tout le monde et que dire de la musique. Encore une fois le même technicien fétichiste a utilisé la musique de The Beyond. Il semble que 2000 maniacs, Blood feast, El conte dracula furent doublé au même endroit. N'empêche que même affublés de tout ces handicaps, le film demeure  intéressant. Angel Guts

SPASMO - Umberto Lenzi avec Robert Hoffmann, Suzy Kendall, Ivan Rassimov, Maria Pia Conte, Adolfo Lastretti, Franco Silva, Mario Erpichini, Guido Alberti, Monica Monet, 1974, Italie, 94m

Un jeune play-boy, Christian, découvre un corps de femme sur la plage. Il la croit morte mais découvre qu'elle est bien vivante et qu'elle ne se rappelle pas ce qui l'a amenée ici. Elle dit s'appeler Barbara. Christian a l'occasion de la revoir plus tard au cours d'une réception à bord d'un yacht. Visiblement attirés l'un envers l'autre, Barbara invite Christian chez elle. Alors qu'il est aux toilettes, un inconnu pénètre par la fenêtre et le menace avec une arme. Christian se défend et tue accidentellement son agresseur. Il fait part de l'incident à Barbara qui lui suggère de fuir avec elle plutôt que d'avertir la police. Il accepte mais revient à la maison de Barbara une heure plus tard pour récupérer un objet compromettant. Il a alors la surprise de découvrir que le cadavre de son assaillant a disparu. Réfugié avec Barbara chez des amis, Christian essaie de comprendre ce qui se passe mais le cauchemar ne fait que commencer pour lui et il ira de surprises en surprises: entre autres que son bien-aimé frère Fritz n'est peut-être pas étranger à ce qu'il lui arrive.

Umberto Lenzi a visiblement voulu avec ce giallo s'orienter vers le suspense psychologique plutôt que l'accumulation de meurtres et l'érotisme. Ce choix est heureux même si l'intrigue est artificielle et que certaines situations sont tirées par les cheveux. L'intérêt ne faiblit pas, grâce à une aura de mystère permanent qui entoure les personnages, dont leurs malheurs tiennent davantage du rêve que de la réalité. Lenzi profite d'ailleurs de l'occasion pour jouer sur le processus d'identification des personnages avec le public, afin de mieux le surprendre. L'histoire est divisée en deux parties: la première expose les évènements tandis que la deuxième les explique grâce à de nombreux rebondissements surprenants. Il y a bien plusieurs effets gratuits mais dans ce contexte surréaliste de cauchemar, ils sont plus faciles à digérer. Notons également l'excellente trame sonore d'Ennio Morricone qui est un ravissement pour l'oreille. Robert Hoffmann délaisse l'univers de Vischonti et interprète ici pour une rare fois un rôle dans un film commercial avec tout son talent. Ivan Rassimov contrôle mieux son jeu que d'habitude. Mathieu Lemée

STAGEFRIGHT aka Deliria - Michele Soavi, 1987, Italie

Une troupe de théâtre se retrouve enfermé dans leur studio lors de la préparation d'une comédie musicale. Malheureusement pour eux, mais pas pour nous, un dangereux psychopathe qui vient de s'enfuir de l'asile leur sert de compagnie.

Un slasher à l'italienne, et tout un ! Soavi connaît les règles du genre et s'en sert à merveille. Le suspense basé sur l'idée du mais-où-se-cache-le-tueur est très réussi et chaque mort est violente et mémorable. Les acteurs s'en tirent en merveille et leur jeu est mis en valeur par une excellente traduction. Le film bénéficie également des beaux jeux de caméras du réalisateur, on voit l'influence de Dario ici, mais on va pas s'en plaindre. Oncle Freak

the STENDHAL SYNDROME aka La Sindrome di Stendhal - Dario Argento, 1996, Italie

On a déjà dit de Dario Argento qu'il était un vieux con absolument fini. Je suis bien prêt à croire cette affirmation jusqu'à ce que j'aie vu son Phantom of the Opera, mais je peux vous assurer qu'à l'époque du tournage du Stendhal Syndrome il n'était pas tout à fait gâteux. Certains disent que depuis Trauma, donc depuis que sa fille hante la distribution de ses films, Dario a perdu sa touche. Peut-être bien, mais c'est loin d'être relié à Asia. Sans sa beauté lumineuse et son angélique innocence, les films d'Argento perdraient de leur charme et ce serait bien triste. Pour en revenir à Stendhal, il s'agit d'un syndrome ou le "malade" entre en transe en observant des oeuvres d'art. Et dans l'histoire de Dario, un violeur psychopathe entre en communication avec l'inspecteure de police qui se charge de son cas. Il en résulte une histoire quelque peu confuse qui donne toutefois lieu à de très belles scènes, et qui donne aussi lieu aux brutales scènes de meurtre avec lesquelles Argento est familier. La fin est plutôt surprenante mais elle fait écho à TENEBRAE, ce qui je crois est un indice que Dario se fatigue. Le film en vaut tout de même la peine et le rythme lent qui le berce ajoute au charme. Mais ne vous attendez pas à trop... Orloff

Le rythme lent et la musique envoûtante de Morricone sont magnifiques et malgré quelques réserves, j’ai adoré le film. Mario Giguère

The STRANGE VICE OF SIGNORA WARDH aka Next ! aka BLADE OF THE RIPPER aka LO STRANO VIZIO DELLA SIGNORA WARDH - Sergio Martino, 1970, Italie, 98m

Un dangereux maniaque au rasoir tue des jeunes femmes qui travaillent toutes dans le milieu du JET SET de Vienne. Et comme ça tombe si bien, à ce moment là, Julie Wardh (EDWIGE FENECH) et son mari (GEORGE HILTON) débarque à Vienne pour leur travail. Julie est alors troublée par un ancien amant (IVAN RASSIMOV) qui n’arrête pas de la harceler et elle retrouve sa meilleure amie tuée par le maniaque. Lorsqu’elle se retrouve harcelé par des lettres anonymes et qu’elle échappe par miracle au sadique au rasoir, elle pense alors que son ancien amant est le coupable ...

BLADE OF THE RIPPER est un giallo dans le style des films de BAVA et des premiers ARGENTO ... Nous avons le tueur sadique aux gants noirs, quelques scènes de meurtres intéressant et quelques plans techniques assez imaginatifs. Pour la musique, NORA ORLANDI est certes pas MORRICONE, mais sa musique alimente bien l’ensemble par moment. De plus, pour le plaisir du spectateur, MARTINO, mise à fond sur les scènes de nudités gratuites avec EDWICH FENECH (nue dans la salle de bain et qui est violée (en rêve ? ? ?) par l’assassin). Avec l’aide une telle histoire qui mêle la violence, le sexe et les conspirations, MARTINO a peut être réalisé ici un film tout fait intéressant. Je dis bien, peut être, parce que mon pre-record de REGAL VIDEO INC. comporte un affreux pan&scan qui coupe quelque chose comme 50% de l’image et donc, je ne peux pas vraiment dire mon appréciation juste du film ... Ce que j’ai vu n’en était qu’un aperçu. Mais pour les fanatiques d’EDWIGE FENECH, le pan&scan joue à leur faveur parce qu’ils auront presque inclusivement droit à des gros plans d’elle et de sa poitrine. Un film intéressant donc, mais qui est préférable de trouver dans un format respecté. Black Knight

Julie (Edwige Fenech) est mariée à un diplomate terne, mais elle est toujours poursuivie par Jean, son ancien amant qui assouvit ses perversions non avouées. George arrive dans le décor et lui offre amour et liberté. Pendant ce temps, un tueur en série use de son couteau sur les femmes dans la cité. Est-ce que Jean est le tueur ? Doit-elle s'abandonner à George ? Pourquoi tout le monde meurt autour d'elle ?

Sergio Martino nous offre un giallo solide, plein de rebondissements, de sensualité et de sang. On cherchera en vain le ou les coupables jusqu'à la fin qui est surprenante. La séquence du parking est incompréhensible sur le coup, mais comme le reste, est efficace et finalement on s'y retrouve ! Ca louche du côté de Hitchcock. Edwige joue à merveille la femme perturbée. Mario Giguère

SUR LE FIL DU RASOIR, aka Giorni D'Amore Sul Filo di Una Lama - Giuseppe Pellegrini, 1973, Italie, 1h31

Stefano Bruni, fils d'un riche industriel, rencontre une charmante jeune femme lors d'une visite à Venise avec son père. Ils tombent en amour et commencent à se fréquenter, mais papa Bruni n'a pas l'air très emballé par ce coup de foudre réciproque. Stefano est envoyé quelques temps en Amérique du Sud, et alors qu'il est encore là-bas on lui apprend que sa fiancée est décédée dans un accident de voiture. Le choc est rude, mais la vie finit par reprendre son cours, et Stefano rencontre une autre jolie jeune fille qui le divertira un temps. Mais il oublie difficilement son premier amour et un jour, il croise une femme ressemblant comme deux gouttes d'eau à son ancienne flamme. Voulant en savoir plus, il essaie de la contacter.

Film inqualifiable oscillant entre le mélodrame et le policier, SUR LE FIL DU RASOIR intrigue autant par sa jaquette - qui aurait davantage convenu à DEATH CARRIES A CANE, dont le titre français CHASSÉS-CROISÉS SUR UNE LAME DE RASOIR porte à confusion - que par son résumé intrigant. Mais ne vous y trompez pas. Derrière tout ce mystère se cache un film trouble et légèrement confus, avec un scénario pas très soigné et des dialogues risibles - du moins dans la version française. On y croise un Peter Lee Lawrence qui offre une frappante ressemblance avec Ewan McGregor, une Érika Blanc étrangement terne, un gangster absolument insupportable qui parle de lui-même à la troisième personne, ce qui donne des phrases assommantes telles "Gianni Massara ne fait jamais d'erreurs"... Le film dispose d'un thème musical obsédant qui vient souligner l'aspect mélodramatique de chaque scène pesante, ce qui devient rapidement agaçant. Bien que le fil du récit - tout comme le fil d'un rasoir - soit un peu déroutant, tout se clarifie à la toute fin, avec une morale catholique un peu douteuse qui fait douloureusement songer à la plus suavement désespérante des bluettes... Orloff

TOE TAGS - Darla Enlow avec Jeff Crain, Darla Enlow, 2003, États Unis, 68m

Dans un complexe d'appartements, les meurtres à l'arme blanche se multiplient. Les officiers détectives Cox et Wagner piétinent dans leur enquête lorsque l'on fait remarquer à Cox que les victimes ont toutes un rapport avec la belle Kate Wagner, sa co-équipière avec laquelle il enquête. Manque de pot, la copine de Cox est aussi trucidée. Les empreintes sur les couteaux mènent étrangement non pas au meurtrier, mais aux prochaines victimes... dont les fiches signalétiques accrochées au pied, les "toe Tags" disparaissent.

Tenant compte des limites budgétaires et techniques d'un tournage indépendant, Toe Tags peut être qualifié de réussite. rare sont les giallos tournées par des femmes, et c'est bien dans les codes du genre que Darla Enlow nage, meurtres à l'arme blanche, gants de cuir noir, revirements de situations inattendus et pirouette finale qui rappelle la première époque de Dario Argento. Les victimes sont également très belles, mais on note une retenue dans mise en scène des meurtres, pour des raisons budgétaire ou des retenues de nature féminine, difficile à dire. N'empêche que l'on se surprend à souhaiter revoir l'équipe rempiler dans le genre qui est trop souvent délaissé.

site officiel www.nextmonkey.com/ Mario Giguère

Un TUEUR DANS LA VILLE aka THE KILLING HOUR aka THE CLAIRVOYANT - Armand Mastroianni avec Perry King, Norman Parker, Elizabeth Kemp, Kenneth McMillan, Jon Polito, Joe Morton, Antone Pagan, Barbara Quinn, 1982, États Unis, 1h32

A New York, un maniaque assassine ses victimes après les avoir neutralisées à l'aide d'une paire de menottes. Lorsque le tueur apprend qu'une jeune femme a le don de prévoir ses actes, il cherche sans répit à la faire disparaître tandis que Larry Weeks, policier de la brigade criminelle, et son vieil ami journaliste Paul "Mac" McCormack s'intéressent à l'affaire...

Le film est américain, il date du début des années quatre-vingt, et pourtant c'est un véritable giallo. Tout les ingrédients du genre viennent ici relever la sauce : des morts violentes et sans mobile apparent, un assassin fétichiste frappant selon un mode opératoire bien précis, des enquêteurs, flics ou journalistes, qui deviennent la cible du tueur, rien de tout cela ne manque ! Et cette vieille VHS, acquise à vil prix avant tout pour sa superbe jaquette, se révèle source d'un plaisir cinéphilique évident. Certes, le budget ne doit guère être plus important que celui d'un téléfilm, mais le cinéaste a su soigner l'essentiel : les scènes de mises à mort (je n'en dis pas plus, mais elles s'avèrent très imaginatives) et la nervosité du découpage scénaristique. Les 92 minutes passent à vitesse grand V. Perry King, dans le rôle de "Mac", journaliste TV sans scrupules, fait une fripouille très crédible. Mentions bien également au flic loser (Norman Parker) et à Elizabeth Kemp, qui incarne Virna Nightbourne, l'étudiante en arts plastiques possédée par le don de dessiner tout ou partie des crimes (joli générique de début, où l'on voit un fusain glisser sur une feuille blanche et donner naissance à un croquis tourmenté, bien souligné par la jolie BO ténébreuse de l'inconnu Alexander Peskanov). Les seconds rôles ont de savoureuses trognes, qui rendent leurs apparitions marquantes. Mention spéciale à Jon Polito (qui deviendra par la suite un habitué des films des frères Coen) et à Antone Pagan, qui joue une petite frappe latino, comme dans L'ÉVENTREUR DE NEW YORK de Fulci, auquel cette excellente série B fait parfois penser. Stelvio

WHAT HAVE YOU DONE TO SOLANGE aka COSA AVETE FATTO A SOLANGE aka What have they done to Solange? aka Who killed Solange? aka Who’s next? aka Terror in the woods aka The school that couldn’t scream - Massimo Dallamano, avec Fabio Testi, Joachim Fuchsberger, Karin Baal, Günther Stoll, Claudia Butenuth, Cristina Galbó, Rainer Penkert, Camille Keaton, Pilar Castel, Giovanna Di Bernardo, Maria Monti, Emilia Wolkowicz, Joe D'Amato, 1972 Italie/Allemagne de l’ouest .101min uncut

Enrico Rossini (Fabio Testi – The Big racket) est un professeur d’Italien dans une école pour filles. Mécontent de sa relation avec Herta (Karin Baal – Dead eyes of London), sa femme contraignante, Enrico vie un amour heureux avec une de ses jeunes étudiantes, une dénommée Elizabeth (Cristina Galbó – Let sleeping corpses lie). Lors d’une escapade en nature avec Enrico, Elizabeth croit voir une jeune fille se faire pourchasser et mutiler. Enrico ne la prend pas au sérieux, mais lorsque les médias annoncent le meurtre, il se précipite au lieu du crime pour en savoir plus. La jeune Hilda Erikson aurait été violemment tué, un énorme couteau enfoncé dans son vagin – le zénith du symbole phallique! Aperçu sur les lieux, et n’ayant pas d’alibi valable, Enrico devient un suspect dans l’affaire... De plus, le tueur ne tarde pas à épier le jeune Elizabeth, qui en sait désormais trop.

Moins stylisé qu’Argento, mais beaucoup plus crédible – autant pour le scénario que pour les jeux d’acteurs – ce giallo intelligent se laisse regarder sans aucuns problèmes majeurs. Le rythme est considérablement lent, mais de façon égale, ce qui ajoute un certain aspect de réalité. Les multiples fausses pistes gardent le spectateur en haleine jusqu’à la toute fin, qui est complètement plausible (dans la logique du genre, bien sûr). Les performances sont acceptables, tout le monde semble jouer juste, sans tomber dans la grosse caricature. Le film n’est pas violent au sens du « gore », les atrocités sont sous-entendues par le biais du montage et des dialogues -- l’antithèse du giallo me diriez-vous... Mais ça marche parfaitement, ça « dérange ». La caméra de Joe D’amato (Beyond the Darkness) cadre expertement les jeunes filles aux poitrines fermes, tandis que la musique du maestro Morricone vient ajouter un peu de classe à toute cette perversité délectable. Vous pouvez d’ailleurs voir la jeune Camille Keaton dans le rôle de Solange, avant qu’elle ne se fasse pénétrer violemment par une bande d’idiots, quelque six ans plus tard dans I spit on your grave.  HumanoidZombie

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DARIO ARGENTO

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