Sergio Sollima aka Simon Sterling, une suggestion de Mathieu Lemée

mise à jour le 28 mai 2012

AGENT 3S3, MASSACRE AU SOLEIL aka Agente 3S3, massacro al sole aka 3S3, agente especial aka Agent 3S3, Massacre in the Sun aka Agente 3S3 enviado especial aka Hunter of the Unknown - Sergio Sollima, 1966, Italie (coproduction italo-hispano-française), 1h46

San Felipe aux Caraïbes. Le général Sigueiros (Fernando Sancho) est porté au pouvoir par un putsch militaire. Les services secrets américains et russes ont tout lieu de croire que le professeur Karlesten (Eduardo Fajardo), qui a disparu, y est gardé captif. L'agent 3S3 (Giorgio Ardisson) est envoyé par les États Unis avec pour objectif de ramener le savant et découvrir ce qu'il est advenu de son collègue l'agent 3S4, lui aussi porté disparu. Dans le même temps, les Soviétiques chargent l'agent Mikhailovitch (Frank Wolff) d'une mission similaire...

Réalisé en pleine vogue de l'"eurospy", ce film est la deuxième aventure (la première était titrée PASSEPORT POUR L'ENFER) de l'agent Walter Ross, le fameux 3S3, interprété par le plus british des acteurs italiens, à savoir le suave Giorgio Ardisson. Derrière la caméra, Sollima fait le maximum pour rendre percutant et agréable ce sous-James Bond au scénario sans surprise. De nombreuses bonnes idées visuelles contribuent à donner de l'intérêt au visionnement. Du cinéaste italien, on préfère toutefois ses westerns gauchisants ou ses polars furieux. On reconnaît de nombreux visages habitués du western spaghetti (dont les Espagnols Fernando Sancho et Eduardo Fajardo, ou l'Américain Frank Wolff), et Michel Lemoine fait quelques apparitions très remarquées. Stelvio

La CITÉ DE LA VIOLENCE aka Violent City aka The Family aka Citta Violenta - Sergio Sollima avec Charles Bronson, Jill Ireland, Telly Savalas, Umberto Orsini, Michel Constantin, 1970, Italie, 108m

Un tueur professionnel, Jeff Easton échappe à un piège tendu par son employeur, Coogan. Après un séjour en prison, Jeff abat Coogan en faisant passer sa mort pour un accident. Weber, chef d'une organisation criminelle, fait cependant chanter Jeff et veut le forcer à se joindre à son organisation. Jeff refuse et avec l'aide de Vanessa, son ancien amour qui est devenu la maîtresse de Weber pour satisfaire ses ambitions, il se tire d'affaire et parvient même à abattre Weber. Apprenant cependant que Vanessa l'a trahi, Jeff se venge en la tuant puis il s'offre aux balles de la police qui l'a repéré.

Le thème du tueur à la froideur calculé dont un attachement sentimental provoque la perte est l'un des thèmes les plus vieux depuis l'existence de la Série Noire et du cinéma policier. Néanmoins, à partir d'un scénario de commande, Sollima conduit son récit avec assurance dans une mise en scène fluide et pleine de vie. On sent continuellement chez lui le besoin de ne pas sacrifier la psychologie et les sentiments des personnages au détriment de l'action pure et simple. La séquence finale est à signaler grâce un montage bien orchestré et un choix de plans judicieusement préparé qui la rendent stylisé et prenante. Bronson joue avec son flegme habituel, Jill Ireland est plus convaincante que d'habitude et Telly Savalas n'a aucun problème à interpréter un personnage familier. Mathieu Lemée

LA CITÉ DE LA VIOLENCE fait partie des chefs-d'oeuvre du polar formaliste. Avec ce film, Sergio Sollima confirmait sa maîtrise visuelle, après quelques brillants "eurospy" puis plusieurs westerns anarchisants, très prisés des amateurs du genre. Dans un décor hautement inhabituel (une île des Antilles noyée de soleil), Sollima installe son action avec une maestria exceptionnelle. Aucun dialogue n'accompagne la très longue et fluide première séquence, véritable régal sensuel. Sorte de western mécanique tropical, basé sur un scénario aux ressorts simples et implacables, LA CITÉ DE LA VIOLENCE se regarde avec délice, comme on sirote un bon cognac.

Acteur complexe, à la fois pourvu d'une grande présence physique et capable de beaucoup d'intériorité, Charles Bronson trouve en Sollima un réalisateur idéal, capable d'exploiter les deux facettes de son talent. Tout au long de ses meilleurs films, du FLINGUEUR (THE MECHANIC de Michael Winner) à Mr MAJESTYK (de l'excellent Richard Fleischer) en passant par les méconnus STONE KILLER (LE CERCLE NOIR, Winner bis) et TELEFON (UN ESPION DE TROP, de l'immense Don Siegel) ou encore la célébrissime série des DEATH WISH (UN JUSTICIER DANS LA VILLE, Winner encore), Bronson n'aura cessé tout au long des années 70 d'incarner un anti-héros violent et mutique, à l'évidente mélancolie.

Avec cette formidable CITÉ DE LA VIOLENCE (aka CITTA VIOLENTA ou VIOLENT CITY), Sollima aura eu le grand mérite de révéler ce personnage (paradoxalement) touchant. Le reste du casting étant à la hauteur, on recommandera chaudement ce film, aux séquences si magnifiquement étirées et superbement soulignées par un thème mordant d'Ennio Morricone. Un sommet ! Stelvio

  COLORADO aka THE BIG GUNDOWN; LA RESA DEI CONTI - Sergio Sollima, 1966 Italie/Espagne   

Lee Van Cleef est Jonathan Corbett, un type droit comme un i et meilleur chasseur de prime de tout le Texas, à tel point qu'il a quasiment nettoyé l'état de toute sa racaille. Corbett caresse désormais une carrière politique, ce dont souhaite profiter un riche homme d'affaire prêt à financer sa campagne, et alors que nos deux futurs associés discutent le bout de gras lors du mariage de la fille de notre gros bonnet, deux frangins rouquins annoncent le viol et le meurtre d'une fillette de douze ans par un sale gueux de mexicain appelé Cuchillo. Ni une ni deux, Corbett enfile son stetson et se met en chasse du vilain violeur pédophile.

Premier western de Sergio Sollima, et premier coup d'éclat dans un genre si codifié où le réalisateur s'amuse à jouer avec les à priori, les apparences, les clichés, les faux-semblants (à croire aussi que le distributeur français a joué le jeu puisque seules les cinq premières minutes du film se déroulent au Colorado), et parvient à faire surgir le doute allant même jusqu'à faire vaciller ce bon vieux Jonathan Corbett, un type si admirable, si impeccable, si irréprochable, et si ancré dans ses convictions que le fait de le voir douter de lui-même au point de verser du côté obscur a quelque chose de palpitant. Lee Van Cleef est absolument impérial, parvenant superbement à retranscrire la dualité qui anime son personnage qui ne semble plus vraiment comprendre ce qui lui arrive. Face à lui se tient Cuchillo (Tomas Milian), un voleur pouilleux, vulgaire, dont l'épouse travaille au bordel, mais qui cache en réalité un cœur gros comme ça et dont les petits travers ne sont rien en comparaison de ce que l'Ouest Américain recèle comme crapules, qu'il s'agisse d'une propriétaire de ranch veuve et nymphomane, de la bourgeoisie texane ou des feignasses à la tête des autorités mexicaines - représentées ici par l'incontournable Fernando Sancho. Via un récit ponctué d'instants parfois cruels, une mise en scène aux petits oignons, et sur une partition prenante de Morricone, Sollima livre un superbe film qui tire à boulets rouges sur ces à priori qui régissent notre quotidien tout en évitant le piège de se la jouer moralisateur, livrant ainsi un discours humaniste trop souvent absent de ce type de production et que le réalisateur développera de manière tout aussi brillante, si ce n'est plus, dans "Le Dernier face à face" en 1967 -toujours avec Tomas Milian - puis dans "Saludos, hombre" ("Run Man Run" ) l'année suivante, deuxième et dernière aventure de ce chevelu charmeur de Cuchillo. Kerozene

Le DERNIER FACE A FACE aka IL ETAIT UNE FOIS EN ARIZONA aka FACCIA A FACCIA aka FACE TO FACE - Sergio Sollima, 1967, Italie / Espagne

Brad Fletcher (Gian Maria Volontè), professeur d'histoire réservé, est mourrant. Afin de soigner ses poumons malades, son docteur lui a conseillé d'abandonner son travail et de se rendre au Texas où l'air lui sera bénéfique. Une fois sur place, il rencontre par accident Beauregard Bennett (Tomas Milian), criminel sanguinaire recherché par toutes les polices de l'Ouest et les mercenaires du pays. Bennett représente tout ce que Fletcher n'est pas: il est impulsif et sauvage, il tue avant de poser des questions, il est illettré, sale et vulgaire. Mais suite à un concours de circonstance, Fletcher en vient à sauver la vie de Bennett et petit à petit, il découvre un monde dont il ignorait l'existence: le monde du crime. Et alors que Bennett reconstruit son ancien gang La Horde Sauvage, Fletcher prend conscience que sa supériorité intellectuelle peut lui permettre de faire les choses en grand... Le petit professeur coincé est en passe de devenir l'un des plus grands criminels de l'Histoire de l'Ouest.

Sergio Sollima réalise avec panache un grand western humain. Humain car son histoire, il la traite avec soin et met en avant un thème finalement très rare dans le genre qui nous intéresse ici: la nature humaine. Toutes les histoires de vengeance basiques, de crimes crapuleux, de casses sanglants, de corruption de l'esprit, de trahison honteuse, sont ici réunies pour illustrer la déchéance morale du bon professeur Fletcher en parallèle de la rédemption du tueur Bennett. Au milieu se situe Siringo (William Berger), sorte d'agent secret désireux d'infiltrer la Horde Sauvage par tous les moyens. Et si Siringo représente la loi, il n'hésite pas à employer même les moyens les plus répréhensibles, comme assassiner un shérif de sang froid devant un Bennett soupçonneux. Personne n'est entièrement bon ou mauvais dans LE DERNIER FACE À FACE, mais les plus mauvais ne sont certainement pas ceux que l'on croit, comme le démontre cette communauté recluse vivant dans les montagnes et composées de criminels et de parias qui pourtant transpirent le bonheur et la bonté. Merveilleux film donc, superbement enlevé par une musique obsédante de Moriconne et filmée en techniscope avec maestria par un réalisateur qui a su donner avec Leone ses lettres de noblesse au western italien. Kerozene

La POURSUITE IMPLACABLE aka Blood in the Streets aka Revolver - Sergio Sollima 1973, Italie/France, 1h43

À la suite d'un hold-up qui a mal tourné, Milo Ruiz (Fabio Testi) perd son meilleur ami, atteint d'une giclée de plomb au bide, et l'enterre sous un tas de caillasse non loin de Milan. Puis il est arrêté. Quelques mois plus tard, le sous-directeur de la prison où il est enfermé, un certain Cipriani (Oliver Reed), voit sa femme disparaître. Les kidnappeurs, en guise de rançon, exigent qu'il trouve un moyen de faire libérer Ruiz. Il s'exécutera, contraint, sachant fort bien qu'il met là le pied dans un engrenage dont on ne se sort pas aisément.

Sergio Sollima, surtout reconnu pour ses westerns à gros budget mettant en vedette Tòmas Milian, signe ici un polar tout à fait réussi. Il parvient à insuffler une touche de classe à un genre souvent fauché et, a pour ce faire, engagé des interprètes de talent; Oliver Reed (THE DEVILS, LOVE), le regard lourd, insuffle à son personnage une gravité intense qu'un autre aurait lamentablement feint. Testi (BILL CORMACK LE FÉDÉRÉ, L'IMPORTANT C'EST D'AIMER), avec son charme légendaire de bellâtre, navigue constamment entre le scélérat et le bon copain. Agostina Belli (HOLOCAUST 2000) joue comme à son habitude le bibelot de prix, et ses jolis yeux y mettent la conviction nécessaire. La psychologie des personnages principaux, qui font face à des rouages démoniaques devant lesquels ils sont proprement impuissants, est plutôt bien rendue. On a confié des moyens à Sollima et il s'en sert sans retenue; la caméra rarement stable virevolte autour des personnages et effectue d'impeccables travellings. La musique de circonstance de Morricone, bien que répétitive, complète un tableau chasse dont n'importe qui serait fier. Orloff

RUN, MAN, RUN aka SALUDOS HOMBRE aka CORRI, UOMO, CORR aka THE BIG GUNDOWN 2 - Sergio Sollima, 1968, Italie

Tomas Milian retrouve son personnage de Cuchillo qu'il incarna deux ans plus tôt dans le western THE BIG GUNDOWN de Sollima. Cuchillo, qui veut dire "couteaux" en espagnol, est un petit voleur mexicain incapable de tirer avec un pistolet, mais qui est extrêmement adroit au lancer de la lame tranchante.

Cuchillo se retrouve ici mêlé malgré lui dans une chasse au trésor après avoir aidé à évader un poète révolutionnaire de prison. Un poète propriétaire de 30'000$ en or, un magot destiné à financer la révolution, mais évidemment convoité par de nombreux bandits. Après la mort du poète, Cuchillo est le seul à savoir où se cache l'or, et devient ainsi la cible de bandits mexicains, d'un chasseur de prime américain, de businessmen flingueurs français...  et de sa femme qui désespère de se marier un jour avec cet homme qui ne cesse d'attirer des ennuis.

Sollima casse ici l'image du héros taciturne qui ne laisse passer que très peu d'émotion au profit d'un citoyen quasi minable, naïf et égoïste mais au fond doté d'un coeur grand comme ça. Milian est impeccable dans son rôle et parvient à rendre son personnage drôle et attachant sans jamais sombrer dans la gaudriole. Le film reste passionnant grâce aussi à une galerie de personnages hauts en couleur: les deux français sadiques, l'Américain solitaire (Donald O'Brien), la blonde de l'armée du salut, le poète révolutionnaire, ... L'aventure est menée de manière exemplaire par un réalisateur qui maîtrise son sujet et sait donner du souffle à son oeuvre bercée par une musique créditée à Bruno Nicolaï mais en réalité due à Morricone. Kerozene

Sergio Sollima est surtout connu pour ses westerns politiques. Celui-ci, récemment sorti en DVD par Blue Underground dans leur Spaghetti Western Box Set, est une suite de son Big Gundown, réalisé deux ans plus tôt. On y retrouve donc l'acteur cubain Tomas Milian dans le rôle de Cuchillo.

Emprisonné plus ou moins à tort, le voleur Cuchillo rencontre un poète révolutionnaire qui lui demande de s'enfuir avec lui et de le conduire à la frontière du Mexique et des États-Unis. En échange, il lui donnera cent dollars. Cuchillo accepte et s'enfuit, mais le poète meurt en lui demandant de remettre un trésor énorme pour la cause révolutionnaire des Mexicains. Le problème est cependant de taille, car le poète est mort avant d'avoir pu s'expliquer clairement à Cuchillo. Alors, comme dans un film d'espionnage, plusieurs factions s'affrontent et tentent de trouver l'argent.

Disons-le d'emblée, ce Run man run est le titre le plus faible du Spaghetti Box Set. Tomas Milian s'y fait plus discret qu'à l'accoutumée, l'humour y est dispensé avec une certaine parcimonie, et sa longue durée (120 minutes) n'arrange
rien à l'affaire. N'ayant pas les talents de conteur d'un Corbucci, Sollima fait de son mieux mais sa réalisation demeure impersonnelle, et le rythme est souvent pesant. On a l'impression d'un western lent qui aurait gagné à être amputé d'une bonne quinzaine de minutes, afin d'en resserrer le rythme et d'aller droit au but...

Car, dans le fond, bien que le propos soit de gauche (comme celui d'un grand nombre de cinéastes italiens, par ailleurs), Sollima aurait dû se rendre compte qu'il ne faisait pas là une œuvre politique sérieuse, en dépit de sa bonne volonté. Les relations entre les personnages sont trop esquissées rapidement pour donner lieu à une véritable prise de conscience sociale. En plus, on nous a fait le coup des révolutionnaires sympathiques trop souvent pour qu'on donne dans le panneau sans au moins désirer approfondir un peu la question... ce que le cinéaste ne fait pas, peut-être à cause des contraintes génériques dans lesquelles il se trouve confiné.

N'empêche... Run man run n'est pas un mauvais film, mais ce n'est pas non plus l'un des fleurons du genre. Il s'agit d'un western honnête, consciencieusement réalisé, mais auquel il manque l'étincelle nécessaire, ce je-ne-sais-quoi dont sont faits ses concurrents plus aboutis. Howard Vernon

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