La page des films belges, de plus en plus nombreux dans le domaine culte, une suggestion de Kerozene

Mise à jour le 15 mars 2013

 

CALVAIRE - Fabrice Du Welz, 2004, Belgique/France

Marc Stevens est un charmant musicien qui vit comme il peut : il chante - entre autre - dans les hospices de vieux; Marc Stevens est ce que l'on pourrait appeler un artiste-sociale. En route vers sa prochaine étape au volant de sa camionnette fatiguée, il tombe en panne sous une pluie battante au beau milieu d'une lugubre forêt. Heureusement pour lui, un pauvre quidam à la recherche de sa chienne le conduit vers une petite auberge non loin de là: l'auberge Bartel. Celle-ci est tenue par Paul Bartel, un homme solitaire et quelque peu désespéré, ancien clown devenu dépressif suite au départ de sa femme. Commence alors le calvaire de Marc Stevens, un simple ménestrel qui n'en méritait pas tant.

Afin de préserver un maximum d'impact à ce film qui s'avère être une pure bombe, mieux vaut en savoir un minimum. CALVAIRE, lauréat du Prix très Spécial 2004, risque de faire méchamment parler de lui. Son humour tranchant comme un couvercle de conserve rouillée s'avère profondément efficace et terriblement caustique. Marc Stevens, brillamment interprété par Laurent Lucas, expérience une véritable plongée en enfer entre les griffes de Paul Bartel (Jackie Berroyer). Ce film au scope granuleux du plus bel effet et originellement tourné en Super 16, bénéficie également de la présence d'un Philippe Nahon bestial, d'un caméo de Brigitte Lahaie et d'une galerie de sales gueules pour un résultat aussi surprenant que malsain. Une réussite drôle, choquante, violente, perverse, incroyablement captivante et bourrée de références cinéphiliques savamment intégrées ! Kerozene

CRAZY LOVE - Dominique Deruderre avec Josse de Pauw, Geert Hunaerts , 1987, Belgique, 90m

Il y a de ces films qui vont nous chercher la ou ça fait mal et CRAZY LOVE est l'un de ceux la. On y suit le parcours tortueux de l'enfance à l'âge adulte d'un homme a la recherche de l'amour impossible, mais tout cela sur une période de 3 jours. Librement inspiré d'une nouvelle de Charles Bukowski, Deruderre amène une finesse au récit avec une force visuelle rare. Émouvant sans être mélo, on y retrouve la naïveté : l'enfant cherche l'amour et le trouve au travers d'une photo volée dans un cinéma, le rejet quand, adolescent, l'acné le ravage il s'affuble de bandelettes au visage pour pouvoir feinter être quelqu'un d'autre que ce garçon timide et laid. Dans le chapitre final, que je vous ne dévoilerai pas, il trouve l'amour mais a sa manière...

Ce film nous hante longtemps après coup. Mondo Macabro nous le refait découvrir avec une copie contrastée et de qualité, qu'il me tarde de faire découvrir aux amateurs qui n'ont pas vus cette perle du cinéma indépendant et qui malheureusement est retombé bien vite dans l'oubli. Pierre Beaulieu

The DEVIL'S DOUBLE - Lee Tamahori avec Dominic Cooper, Ludivine Sagnier et Raad Rawi, Belgique, 2011

En Iraq, sous le régime de Saddam Hussein, son fils Uday Hussein enlève un de ses soldats, Latif Yahia, afin d'en faire son body double et ainsi pouvoir tromper ses opposants lors de séances publiques ou autre. Ce fils est incroyablement riche et vit comme un gangster. Il prend tout ce qu'il veut, tue et viole qui il veut. Il est un genre de démon complètement drogué. Tatif doit accepter sinon sa famille sera exterminée. Ce film est son aventure.

Réalisé avec efficacité par Lee Tamahori (Once Were Warriors et Die Another Day) et inspiré d'un livre autobiographique de Latif Yahia, ce film est davantage un film de gangsters que d'un film politique. Le tout est divertissant pour qui aime le film Scarface... Ce personnage est de la même folie. Dominic Cooper joue un double rôle et est vraiment efficace. La réalisation fait preuve de virtuosité pour avoir souvent le même acteur dans le même plan. Au menu nous avons droit à nombreuses violences, viols, scènes de tortures et à quelques moments gore. Ludivine Sagnier est splendide, mais elle a un rôle un peu limité de la maitresse de Uday. La période où Latif était captif de Uday se résume en 4 ans, mais ici le temps est beaucoup plus compressé. Un bon divertissement. Black Knight

INNOCENCE - Lucile Hadzihalilovic avec Zoé Auclair, Bérangère Haubruge, Marion Cotillard, 2004, Belgique/France/Royaume Uni, 155m

L'introduction de la réalisatrice aborde le fait que plusieurs personnes ne savent pas comment aborder le film. Elle dit simplement que le public idéal est justement les filles de 8 à 12-13 ans, le sujet du film, qui le prennent tel qu'il est. Adapté d'une nouvelle de Frank Wedekind "Mine-Haha or the corporeal education of girls" qui date de 1901.

La caméra est sous l'eau puis on voit un cercueil que de jeunes écolières vont ouvrir. La petite Iris va se réveiller et, escortée par Bianca, va apprendre les règles de son nouveau monde. Dans ce collège muré, de jeunes filles apprennent la danse et doivent obéir aux dames qui s'occupent d'elles sous peine d'avoir une jambe cassée ou d'y passer leur vie au service des petites. Une fille dit connaître le seul moyen de sortir avant terme. En fait, à l'exception de celle qui chaque année est choisie durant la visite annuelle de la directrice, les adolescentes ne quittent qu'arrivées à un âge précis.

Conte sur l'enfance et la perte de l'innocence, le film de Lucile Hadzihalilovic, jadis monteuse sur Carne de Gaspar Noe, fait penser à ces récits initiatiques et oniriques comme L'Alice au pays des Merveilles. Si quelques métaphores sont évidentes, celle de la chenille qui deviendra un papillon en l'occurrence, on comprendra que certains spectateurs deviennent perplexes. Ne serait-ce que le début, qui laisse croire que l'on est au paradis, plutôt au purgatoire des jeunes filles qui meurent noyées. Il y a bien de sombres courants sous la narration. On ne peut que sentir un malaise lorsque les plus grandes s'offrent en spectacle devant une foule anonyme ou que la directrice choisit une élue par la grâce de ses jambes et de son cou. Les origines allemandes du récit, réputé plus sombre, laissent deviner autre chose. Le rythme est lent, contemplatif et certains passages ne sont pas sans faire penser à David Lynch ou Peter Weir. Une oeuvre singulière, très belle et parfois dérangeante, à prendre sans tout analyser, comme l'avise la réalisatrice.

J'avait été convaincu de l'essayer par la citation suivante d'un journaliste de LA PRESSE: ce film a l'allure d'un thriller fantastique. Ce n'est pas tout à fait ça ! Mario Giguère

  MAMA DRACULA - Boris Szulzinger, 1980, Belgique/France

Le professeur Van Bloed, hématologue new-yorkais internationalement renommé, est convié en Europe par la Comtesse Elizabeth Dracula - une vampire qui conserve sa jeunesse en prenant des bains de sang de vierges - et ses jumeaux suceurs de sang, afin de travailler à l'élaboration d'hémoglobine de synthèse. Sur cette trame de base, Boris Szulzinger - coréalisateur et producteur de "Tarzoon, la honte de la jungle" (1975) - s'amuse à flinguer le mythe du vampire à grands coups de blagues absurdes et parvient à confier le rôle-titre à l'oscarisée Louise Fletcher ("One Flew Over the Cuckoo's Nest", 1975) qui fait ainsi face à la douce Maria Schneider ("Le dernier tango à Paris", 1972). Un casting du genre hallucinant pour une gaudriole franchouillarde pleine de femmes à moitié à poil qui se font kidnapper dans les cabines d'essayage de la boutique de mode de la Comtesse, et qui se voit compléter par les jumeaux belges Wajnberg et leur accent français à couper au couteau, ainsi que Jess Hahn dans le rôle d'un flic. On peut même y voir un caméo du réalisateur underground Roland Lethem dans la défroque d'un prêtre (son épouse Gerda Diddens ayant travaillé au casting du film)! Le scénario qui part dans tous les sens est avant tout un prétexte pour aligner des gags aux frontières du surréalisme, du genre à séduire les amateurs d'étrangetés, mais propres à pousser les spectateurs sains d'esprit à se jeter du haut d'un pont. Heureusement, cela fait bien longtemps que mon esprit n'a plus rien de sain, et même si je n'ai pas été complètement séduit par cet OFNI, j'ai pu apprécier son univers improbable et anachronique, et ses gags tout pourris qui tombent le plus souvent à plat et qui laissent l'étrange sentiment que leur échec est purement intentionnel (les vampires qui fuient l'étoile de David plutôt que le crucifix et qui sont incapables de prononcer le son "V" et qui parlent de "wampires" et de "wirgins"). Dans le genre, je préfère largement "La grande trouille", mais ça reste nettement préférable à des daubes comme "Dracula père et fils" ou "Les Charlots contre Dracula". Kerozene

MARQUIS - Henry Xhonneux, Belgique/France, 1989

Marquis, sulfureux écrivain se complaisant dans des récits empreints de perversion, croupis misérablement dans une des cellules de la Bastille quelques mois avant sa prise. Les cellules voisines abritent quant à elles des personnages tout aussi intéressants: un curé défroqué, un policier corrompu, une femme violée et inséminée par le roi de France lui-même...  A l'image des événements qui prennent racine en dehors des murs, à savoir la révolution, les prisonniers tentent à leur manière de renverser la situation, avec comme moyen l'utilisation de la jeune fille et du Marquis. Ce dernier passe son temps à se repentir en écrivant et en dialoguant avec sa verge de taille plus que vénérable...

Si le film est mis en scène par Xhonneux, le mérite de sa réussite en revient plus particulièrement à Roland Topor, compère de Jodorowsky et d'Arrabal à l'heure du Mouvement Panique. Topor et Xhonneux se réunisse à nouveau après leur émission télévisée Téléchat pour remettre en scène des personnages à tête d'animaux, sortes de grosses marionnettes humaines aux allures caricaturales qui, à l'image des personnages de De La Fontaine, projettent un aspect peu reluisant de la société. Des personnages très humains donc, aux comportements vils et méprisables, si ce n'est pour celui du Marquis qui semble étonnamment être le plus sain d'esprit, et le plus honnête de tous.

Si le film montre des scènes de fellation, une sodomie à coup de homard ou mieux encore une scène dans laquelle le Marquis fait littéralement l'amour au mur de sa cellule, on ne sombre jamais ici dans la vulgarité. L'élégance de la mise en scène, du jeu et des décors propulse ce monument poliment mais sûrement subversif et rempli d'humour dans les hautes sphères cinématographiques: autrement dit, un véritable chef d'oeuvre, une indiscutable réussite. Kerozene

MEURTRES A DOMICILE - Marc Lobet avec Anny Duperey, Bernard Giraudeau, Belgique, 1981, 1h22, v.o.f. 

Acteur renommé, Max Queyrat invite tous les habitants de son immeuble bruxellois à la première d'Othello. Le lendemain matin, on retrouve l'un de ces locataires, Oswald Stricker, poignardé. C'est à contrecur qu'Aurélia, inspectrice et résidente de l'immeuble, doit se charger de l'affaire. Elle ne tarde pas à découvrir que tous les habitants avaient une bonne raison d'assassiner Stricker...

Souvent présenté comme un giallo à l'Italienne, ce rare film belge de 1982 emprunte en fait autant au "whodunit" à l'anglaise qu'aux films de Bava et Argento. Il reste avant tout très belge, tant son charme provient en grande partie de l'humour acide et pince sans rire des habitants de ce grand immeuble bourgeois où l'action est presque entièrement circonscrite. Un soin certain a été porté aux décors, et le cinéaste semble bien connaître cet édifice assez envoûtant où se déroule le film. Les détails cocasses abondent (comme ce vieil homme qui dit souffrir de "schistosomiase"), et les répliques savoureuses ne manquent pas non plus ("Sans cadavre ici, c'est mort !", dit ainsi le médecin légiste en pleine autopsie).

Suivant le script signé du dessinateur Jean Van Hamme, l'enquête progresse vers un dénouement inattendu et se suit sans trop de soucis... si l'on n'est pas trop irrité par la direction d'acteurs, totalement déficiente : Anny Duperey en fait des kilo-tonnes, et ses intonations "beauceronnes" la décrédibilisent quelque peu pour ce rôle de flic belge. Quant à Bernard Giraudeau, il s'en donne également à cur joie (c'est toutefois moins gênant pour un personnage de tragédien, on peut mettre ce cabotinage sur le compte d'une déformation professionnelle). Le film s'en retrouve tiré vers la bouffonnerie alors qu'il semblait au départ présenter un potentiel "kafkaïen" plus qu'intéressant. Dommage... Restent quelques seconds rôles savoureux (dont l'incroyable Daniel Emilfork dans le rôle du proprio toqué, Charles Berling dans son tout premier rôle et Eva Ionesco dont on peut admirer l'appréciable chute de reins). Stelvio

La MÉMOIRE DU TUEUR aka DE ZAAK ALZHEIMER aka The Alzheimer Affair aka The Alzheimer Case aka The Memory of a Killer - Erik Van Looy, 2003, Belgique, 2h

À Anvers, plusieurs notables, soupçonnés de tremper dans des affaires louches, sont retrouvés sans vie, exécutés. Les policiers Vincke et Verstuyft sont bientôt conduits sur la piste d'Angelo Ledda, un expérimenté tueur à gages. Lorsqu'on lui demande de tuer une fillette de 12 ans, le flingueur découvre qu'il est manipulé. Comme il souffre des premiers symptômes de la maladie d'Alzheimer, il décide d'utiliser la police pour qu'elle l'aide à éliminer ceux dont il va bientôt oublier les noms...

Sorti brièvement en salles en France en 2004, ce thriller belge surprend agréablement par son ambition visuelle, au service d'un postulat de départ plutôt original. Certes, on regrettera que les pertes de mémoire du tueur soient l'occasion d'effets numériques tape à l'œil et sans grand intérêt et que le cinéaste compense parfois son absence de budget (le film a été réalisé pour moins de 3 millions d'euros) par des "trucs" techniques un peu voyants, mais à ces réserves près, on ne peut que recommander cette histoire de "hitman" qui perd la mémoire. Très marquée par la fluidité et la minéralité des œuvres de Michael Mann, la mise en scène combine élégance et efficacité.

Sur le fond, LA MÉMOIRE DU TUEUR donne à voir une société hypocrite en proie à la corruption et aux pulsions les plus infectes (pédophilie & co.), mais le film respire heureusement et n'est pas dépourvu d'humour, ce qui permet de laisser entrer un peu de lumière dans cette vision peu aimante de l'humanité. Erik Van Looy maintient constamment l'équilibre entre psychologie et action, et ne perd jamais le fil de son intrigue. Le casting mérite bien des louanges, tant le duo de flics - Vincke (Koen De Bouw) le réfléchi et Verstuyft (Werner de Smedt) le pragmatique, à l'œuvre dans une scène assez irrésistible avec une veuve allumeuse - sait se rendre attachant sans que le film adopte le ton routinier du "buddy-movie". Mention particulière enfin à Jan Decleir, acteur vétéran belge qui interprète avec l'élégance burinée d'un Terence Stamp (les deux acteurs se ressemblent étonnamment) ce tueur dont la tête se vide aussi vite que le chargeur, telle un sablier. Belle métaphore d'un film qui intrigue puis captive. Stelvio

Le MYSTÈRE DE LA CHAMBRE JAUNE - Bruno Podalydès, 2003, Belgique/France

Ce film franco-belge est tiré d'un roman policier considéré comme un classique du genre. L'auteur Gaston Leroux est surtout connu pour son FANTÔME DE L'OPÉRA, mais il a écrit une oeuvre abondante, souvent très étonnante par son humour bizarre, son surréalisme et son imagination.

Jean Rollin, grand admirateur de Leroux, a longtemps voulu adapter l'une des oeuvres du romancier, sans parvenir à trouver le financement nécessaire. Il a détesté le film, et ce n'est pas difficile de comprendre pourquoi : 1) Il l'a sûrement vu en imaginant ce qu'il aurait pu faire avec un tel budget 2) La trahison de Leroux, au profit d'une certaine légèreté burlesque, l'a évidemment agacé au plus haut point.

Pour ma part, j'étais assez curieux de découvrir le résultat sur grand écran... 

Le réalisateur Bruno Podalydès a signé une adaptation parfois respectueuse, parfois plus libre, du roman de Leroux. Entre ses mains, le matériau de base devient une comédie policière un peu boulevardière qui abandonne l'aspect feuilletonesque du livre. On y retrouve donc une galerie de personnages pittoresques qui s'agitent, se détestent ou s'adorent... Beaucoup de protagonistes deviennent donc des caricatures : la gypsy passionnée et adultère ; le savant un peu toqué et fatigué ; son assistant coincé ; un juge paresseux et stupide, etc.

Dans le rôle de Joseph Rouletabille, le réalisateur a choisi son frère, un peu trop vieux pour le rôle. Il n'a pas le mélange de candeur et de dureté qui caractérise le personnage de Leroux.

Quelques ajouts paraissent aussi un peu déplacés, telle cette scène où l'allié de Rouletabille, Sinclair, se retrouve pris dans une situation grotesque. La scène est amusante, mais elle n'a rien à voir là, n'étant d'ailleurs aucunement significative de l'esthétique de Leroux.

Je pense que ceux qui n'ont pas lu le roman risquent plus d'apprécier, mais le résultat final semble malgré tout un peu forcé et tiré par les cheveux, alors que l'oeuvre initiale se démarquait par sa rigueur et sa logique.

Il est généralement rare d'apprécier une adaptation cinématographique d'un livre qu'on a lu, l'oeuvre écrite surpassant habituellement la version filmée. Ce cas-ci confirme cet axiome. Howard Vernon

Le ROUGE AUX LÈVRES aka DAUGHTERS OF DARKNESS - Harry Kumel, 1970, Belgique/Italie/France/Allemagne

Valérie et Stephen, nouvellement mariés, arrivent dans un hôtel perdu au milieu de nul part. Là, ils font la rencontre d'une autre cliente, la comtesse Elizabeth Bathory, vamp glamour sortie tout droit d'un film hollywoodien des années 40 et de sa secrétaire, Ilena, tout aussi jolie. Le problème est que partout où elles vont, les cadavres s'accumulent vidés de leur sang et que les deux tourtereaux risquent d'être les suivant sur la liste.

Film d'horreur majestueux qui se rapproche plus du film d'auteur poétique que de l'horreur, DAUGHTERS OF DARKNESS est un must pour tout amateur du genre. Film de vampire sans véritable vampire, il met en vedette une jeune Danielle Ouimet dans toute sa splendeur ainsi que deux vamps comme il ne s'en fait plus, soit Delphine Seyrig (enveloppée d'une robe silver et d'un boa de plumes) ainsi qu'Andrea Rau (la séduisante secrétaire de la comtesse), pour qui on aurait souhaité un film beaucoup plus long.

La direction-photo est superbe, même chose pour la direction-artistique qui accentue le glamour de la comtesse (ainsi que de la déco de sa chambre d'hôtel). L'action se déroule à un rythme lent mais envoûtant ne tombant jamais dans l'ennui et les personnages sont assez complexes, jamais totalement bon ou méchant, ce qui rend intéressant leurs interactions.

Le film baigne dans une aura mystérieuse un peu surréaliste ce qui a comme effet d'accrocher le spectateur au risque de le rendre confus à quelques occasions (Quelqu'un peut me dire qu'est-ce qui se passe avec Stephen? Pourquoi il ne veut pas parler de sa mère? Et lorsqu'il l'appelle pourquoi c'est un homme qui répond?). Et c'est dans cette atmosphère surréel que l'action progresse vers une fin surprenante quoiqu'un peu prévisible.

Bref, si c'est pour rencontrer deux charmantes vampires dans des manteaux de fourrures et un rouge à lèvre éclatant, moi aussi je veux passer ma lune de miel au fin fond de l'Allemagne dans un hôtel constamment entouré de brumes.

À voir absolument. Mathieu Prudent

Le SADIQUE AUX DENTS ROUGES - Jean Louis Van Belle, 1970, Belgique

Inutile d'essayer de comprendre la logique du film ou le sens du scénario: il n'y en a visiblement pas ! Et malheureusement pour moi, j'ai été lire l'hilarante riviou du film présente sur nanarland, voir ici www.nanarland.com, avant de pondre mon brouillon ; du coup je ne peux éviter de m'en inspirer...

Le Sadique en question, c'est Daniel, un brave type qui, suite à un accident de la route, se prend pour un vampire (!). Après un séjour en hôpital psychiatrique, deux toubibs trouvant son cas apparemment fort intéressant, autorisent la réintégration du patient au sein de la société. Mais nos docteurs aux motivations pour le moins obscures, comptent ne pas le lâcher d'une semelle puisqu'ils ont l'intention de persuader Daniel qu'il est effectivement un vampire! Et son statu de prince de la nuit, il ne l'obtient de manière définitive qu'après quelques rencontres clés, à commencer par une visite chez un vampire ne mordant que sur rendez-vous, suite à quoi il croise le Seigneur des Ténèbres en personne au look de vieux hippie hirsute et maquillé comme une ébauche du Gene Simmons de Kiss puis il se rend dans un magasin de farces et attrape afin de se procurer un magnifique dentier en plastique - non sans assassiner la vendeuse par la même occasion.
Si le scénario a l'air déjà passablement barré comme ça, ce n'est rien en comparaison de son traitement filmique dont l'improbabilité dépasse de loin les limites du raisonnable : le réalisateur passe en effet du coq à l'âne, ne respecte quasiment aucune continuité visuelle ou narrative, joue aussi abusivement que maladroitement de l'ellipse et semble contredire tous les faits et gestes de ses protagonistes (les toubibs fomentent un plan machiavélique avant de rejoindre les forces de l'ordre) qui, pour le coup, sont tous incarnés par d'illustres inconnus n'ayant visiblement jamais suivit le moindre cours d'art dramatique, la palme allant sans hésiter à l'interprète de la copine de Daniel, monumentale nunuche blonde au charisme inexistant et dont le seul talent remarquable - outre le fait d'apparaître nue à l'écran - est de n'avoir qu'une seule et unique expression faciale qui lorgne du côté de l'imitation du merou de l'Adriatique. Voila qui contraste méchamment avec le jeu énormissime de nos deux psychiatres (mais le sont-ils vraiment ?) qui obtiennent sans hésitation le titre des Laurel et Hardy du rictus faciale ! Mais le plus étrange dans ce film, c'est peut-être le côté " auteurisant " de la chose, un aspect très sérieux et solennel dans le fond qui tente de cohabiter péniblement avec l'imposante personnalité nanardisante de la forme. Le réalisateur prend soin d'illustrer l'élévation de la psychose de Daniel de manière plus ou moins réfléchie et use de stock-shots d'images de destruction: tornades, explosions nucléaires, raz-de-marée,...  métaphore peu délicate des ravages causés au sein de son corps et surtout de son esprit qui le poussent peu à peu à sombrer dans le vampirisme. On va jusqu'à entrer dans l'esprit du personnage qui souffre de graves hallucinations et voit - par exemple - le monde littéralement à l'envers (les piétons et les voitures se déplacent à reculons) ou alors il apparaît en transparence approximative dans des instants de probable réflexion. De même que les pensées philosophiques de son esprit déviant ne nous sont pas épargnées et ce pour le plus grand plaisir de nos oreilles avides de dialogues absurdes et surréalistes. Ainsi, lorsque Daniel s'arrête devant un marchand de poulet, il lui dit :

- Je vais vous prendre ce policier.

- Mais voyons monsieur, ce n'est pas un policier, c'est un poulet!

- Ah bon. Alors je vais vous prendre ce poulet.

Et ce avant de clamer qu'il n'y a pas plus cruel animal que le poulet, suite à quoi il décapite l'innocent volatile et s'arrose le torse de son sang ! Doit-on y voir comme un ultime soubresaut soixanthuitard, un relent de nostalgie des espoirs envolés, une ultime rancune envers les forces de l'ordre ayant fait barrage à la révolution étudiante ? On ne le saura sans doute jamais... Mais j'aime à penser que oui ! Kerozene

WALLONIE 2084 - Jean-Jacques Rousseau & Clark Hachet, 2003, Belgique

Qui n'a jamais vu de film de Jean-Jacques Rousseau, le Cinéaste de l'Absurde wallon, ne peut en aucun cas comprendre la teneur même de son cinéma. Qui n'a vu qu'un seul film de Jean-Jacques Rousseau ne peut décemment en écrire un compte-rendu décent et objectif. Car le cinéma de JJR, c'est avant tout un état d'esprit, voire un concept créatif en soi qui n'est compréhensible que dans son ensemble. Après L'HISTOIRE DU CINÉMA 16, après FUROR TEUTONICUS, après LE DIABOLIQUE DOCTEUR FLAK, mes yeux ont eu le plaisir coupable de se poser sur l'inénarrable WALLONIE 2084, long métrage du maître encagoulé de la subversion filmique à base de nazis futuristes, de savants déglingués et de frites huileuses.

Générique: un jeune homme en uniforme danse sur une musique électro extrêmement cheap et se déshabille peu à peu. On croirait à l'ouverture d'un porno gay. Une fois terminée cette intro inattendue débute l'histoire tragique d'un pays déchiré. Suite à une guerre fratricide qui ensanglanta la Belgique en 2082, les Wallons sont devenus esclaves des Flamands. Les dirigeants de la Flandre, des jumeaux psychiatres animaliers accros au LSD 25, décident d'étendre leur territoire au nord de la France via une invasion d'abord télévisuelle, puis bactériologique via une diffusion du virus de la grippe du canard. Mais les francophones résistent vaillamment en envoient un soldat portant une charge explosive dans l'anus afin d'endiguer les projets d'invasion de l'ennemi....

Souvent incompréhensible, parfois hilarant, toujours intriguant et constamment désarçonnant, WALLONIE 2084 défie toutes les lois cinématographiques en vigueur. Certains n'hésiteront pas à qualifier pareil ovni de foutage de gueule, d'autres de chef-d'oeuvre de cinéma anarchique, mais une chose est certaine, c'est qu'il fait inévitablement réagir autant de par sa forme (film au budget plus que dérisoire tourné en vidéo) que par son fond (que je n'ai toujours pas réussi à atteindre). Bon point pour un film qui souffre dans tous les cas d'une chose: sa durée. Car le cinéma de Rousseau peut plaire, mais il ne peut divertir pleinement sur 80 minutes. Et ce malgré la présence de Noël Godin en toubib infiltrant un suppositoire explosif dans l'arrière train d'un grand chauve baraqué, malgré les maquettes qui fleurent bon le cinéma Z d'antan, et malgré les dialogues qui redéfinissent à eux seuls le sens du mot absurde. La durée nuit à la narration souvent volatile du cinéaste belge ce qui a pour effet de déconnecté le public du récit, se retrouvant alors confronté à une incompréhensible farce au sens indéchiffrable. Kerozene

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