Sur une suggestion de Mathieu Lemée, l'original et toujours alive and well Michael Caine !

mise à jour le 11 mai 2013

BATMAN BEGINS aka Batman: Le Commencement - Christopher Nolan avec Christian Bale, Liam Neeson, Michael Caine, Katie Holmes, Gary Oldman, Morgan Freeman, Cillian Murphy, Tom Wilkinson, Rutger Hauer, Ken Watanabe, Linus Roache, 2005, États Unis, 140 min.

Accablé de douleur suite au meurtre de ses parents par un voleur, Bruce Wayne a juré de se venger des criminels de Gotham City. Voyant cependant que le meurtrier sera relâché en échange d'un témoignage contre un magnat de la pègre, Carmine Falcone, il l'attend à la sortie du tribunal, mais quelqu'un à la solde de Falcone passa à l'acte avant lui. Comprenant que les forces du mal sont puissantes, Bruce Wayne quitte la ville et part à l'étranger pour se rendre compte par lui-même de l'étendu de cette puissance. Un certain Ducard entre en contact avec lui et lui propose un entraînement et un engagement intensif pour joindre la "Ligue des Ombres", une unité de combattants dévouée à éliminer le Mal. Ducard offre ainsi à Wayne le moyen de catalyser ses colères et ses peurs pour satisfaire son besoin de vengeance. Après 7 ans, Bruce Wayne revient à Gotham City qui a bien changé et se retrouve gangrené par la corruption et le crime. Avec l'aide de son valet Alfred et d'un employé de la compagnie Wayne, Lucius Fox, il construit un repaire, s'équipe en armes et fabrique un costume à l'image de l'animal qui l'a effrayé durant toute sa jeunesse: la chauve-souris. Il devient alors Batman et il se charge de faire le ménage chez les criminels. Mais Bruce Wayne découvrira vite que le mal est extrêmement difficile à éradiquer et il ne sera pas au bout de ses surprises durant cette lutte.

Difficile de résumer le film sans donner des indices sur les rebondissements nombreux de l'intrigue. Le réalisateur et scénariste Christopher Nolan a tenu le pari difficile de relancer une franchise qui s'était amenuisée avec les deux derniers chapitres filmés par le réalisateur impersonnel et limité Joel Schumacher. Force est de constater que Nolan a réussi au-delà des espérances les plus folles. L'approche du super-héros est sérieuse jusque dans les décors un peu plus réalistes de la ville de Gotham pour bien montrer que Nolan ne cherche pas à imiter Tim Burton. Comme dans ses deux précédents films, Nolan utilise habilement le flash-back comme moteur dramatique à l'évolution psychologique du héros. Les scènes d'action sont enlevantes sans être exceptionnelles mais la tension y est soutenue habilement grâce des surprises et des développements dans le scénario bien ménagées. Oui d'accord, il y a beaucoup d'invraisemblances criantes, mais Nolan a su les faire passer par une histoire bien écrite (avec la complicité du scénariste de BLADE), quelques pointes d'humour de bonne venue et une mise en scène audacieuse et même personnel à plusieurs égards. L'on sent même une critique acerbe et sous-entendue des dangers de la privatisation à outrance, conséquence inéluctable d'une corruption sociale généralisée; de quoi faire jubiler les altermondialistes. Christian Bale fait sien du personnage du célèbre super-héros avec une interprétation engagée et concluante. Le reste du solide casting est également convaincant (sauf Katie Holmes) avec une mention spéciale à Gary Oldman qui, au lieu de jouer un méchant comme on aurait pu s'attendre, compose sobrement et intelligemment un personnage simple et inattendu pour lui: le sergent de police incorruptible Jim Gordon (futur commissaire de police de Gotham bien sûr). Mathieu Lemée

BEYOND THE POSEIDON ADVENTURE aka Le Dernier Secret du Poséidon - Irwin Allen avec Michael Caine, Sally Field, Karl Malden, Telly Savalas, Peter Boyle, Jack Warden, Shirley Knight, Shirley Jones, Slim Pickens, Veronica Hamel, Angela Cartwright, Mark Harmon, 1979, États Unis, 114m

Peu de temps après le sauvetage des quelques survivants du paquebot Poséidon, qui a été renversé par un raz-de-marée, le capitaine d'un petit navire, Mike Turner, arrive sur les lieux de la catastrophe. Il décide avec ses deux partenaires, Celeste Whitman et Wilbur Hubbard, de pénétrer à bord du Poséidon pour y trouver d'autres survivants, mais surtout pour s'emparer des richesses que le navire peut contenir, en égard aux lois de la mer concernant les bateaux en naufrage. Un petit yacht, avec à son bord un certain Stefan Svevo et deux hommes de main, arrive également sur place; Svevo voulant récupérer quelque chose qui lui appartiendrait à bord du Poséidon. Turner et ses deux amis parviennent non seulement à trouver une fortune en argent et en monnaie à bord du paquebot mais aussi quelques survivants qu'ils ont l'intention d'emmener avec eux pour les sauver. Mais Svevo et ses hommes de main n'ont pas des intentions aussi pacifiques et ils ont en réalité l'intention de supprimer Turner et tous ceux qui l'accompagnent. En effet, Svevo est venu spécifiquement à bord du Poséidon pour y récupérer des armes cachées dans la soute à bagages ainsi qu'un chargement secret de plutonium et il ne veut pas laisser de témoins gênants derrière lui. Alors que la lutte est engagée entre Turner, ses amis et les survivants retrouvés contre Svevo et ses complices, le Poséidon est sur le point de couler définitivement ou d'exploser pour de bon. Qui réussira à s'en sortir?

Bien que le film catastrophe fût à son déclin vers la fin des années 70, le producteur et réalisateur Irwin Allen s'est obstiné à étirer l'élastique de ce sous-genre en concevant une suite improbable à l'un de ses succès dans le genre: "THE POSEIDON ADVENTURE". Dire que l'élastique a pété à la figure d'Irwin Allen n'est même pas un euphémisme, tellement le prétexte de départ de l'intrigue et sa ligne dramatique s'avèrent tellement gros qu'il est impossible de croire au récit. Les invraisemblances et les incohérences s'accumulent et s'empilent sans ralentir au point de rendre le film lourd et carrément ridicule, surtout que la mise en scène et les trucages sont complètement démodés comparé à ce qu'un film comme "STAR WARS" diffusé deux ans plus tôt a offert. Au bout du compte, ce long-métrage artificiel dénué de suspense fait beaucoup plus rire le spectateur que de captiver son attention. On peut dire sans se tromper que ce film catastrophe "de trop" est devenu un film "désastre". Seule la musique de Jerry Fielding peut être considérée comme un élément positif à retenir. La distribution comporte des acteurs de talent qui débitent des dialogues insignifiants sans y croire en attendant d'encaisser leur revenu garanti, ce qui contribue à un savoureux décalage dans le ton du film. Michael Caine a d'ailleurs révélé qu'il s'agissait de l'une de ses pires pellicules en carrière dans sa filmographie. On a aucune difficulté à le croire, Michael, mais pourquoi as-tu accepté de revenir avec Irwin Allen après l'échec de "THE SWARM"? Mathieu Lemée

BILLION DOLLAR BRAIN aka Un cerveau d'un milliard de dollars - Ken Russell avec Michael Caine, Karl Malden, Françoise Dorléac, Ed Begley, Oskar Homolka, Guy Doleman, Vladek Sheybal, Donald Sutherland, Susan George, 1967, Royaume Uni, 108m

Ayant démissionné des services secrets britanniques, Harry Palmer s'est recyclé dans la police privé comme détective. Il se voit offrir un montant substantiel pour transporter un mystérieux thermos contenant des oeufs jusqu'à Helsinki en Finlande. Arrivé là-bas, Harry découvre que c'est une vieille connaissance de la CIA, Leo Newbigen, qui l'a engagé. Celui-ci est maintenant au service d'un milliardaire texan farouchement anticommuniste et qui a conçu un super-ordinateur capable de commander un réseau privé d'espions. Plus tard, Harry apprend de son ancien supérieur aux services secrets, le colonel Ross, que les oeufs qu'il a transportés ont été volés à un centre scientifique spécialisé dans la recherche de virus. Harry comprend alors que les oeufs maintenant entre les mains de Leo doivent servir à décimer l'armée russe en Lettonie, mais le chef des services secrets russes, le colonel Stok, avec qui Harry a déjà eu affaire, est déjà au courant de la manoeuvre grâce à la maîtresse de Leo, Anya. Si bien que lorsque le richard Midwinter, manipulé par les faux renseignements de Leo qui a trafiqué le super-ordinateur pour son profit personnel, tente une invasion de la Lettonie avec son armée privée, il est complètement anéanti par les Russes. Palmer réussit cependant à sortir vivant de l'aventure.

Cette troisième aventure de l'agent secret Harry Palmer a visiblement bénéficié d'un budget plus imposant. Le récit se présente sous la forme d'une allégorie géopolitique qui montre le danger du fanatisme, quelque soit l'orientation patriotique à laquelle on adhère. Ironiquement, le personnage du riche et mégalomane anticommuniste texan, incarné magnifiquement par Ed Begley, rappelle parfois l'actuel président des États-Unis par son attitude. Ceci dit, le film contient des éléments fantaisistes qui le compare aux aventures de James Bond et la conception du générique du début par Maurice Binder renforce cette comparaison. Néanmoins, cela s'arrête là car l'on retrouve assez vite à travers ces éléments fantaisistes une intrigue complexe d'espionnage digne des précédentes aventures d'Harry Palmer, où encore une fois les personnages sont des faux-semblants ou des simulacres qui cachent leur jeu. Le début est un peu lent à démarrer, surtout dans l'exposition des données du scénario, et l'humour se fait un peu plus rare que dans les deux films antérieurs de la série. Malgré ces défauts, la mise en scène de Ken Russell est excellente et profite pleinement des extérieurs enneigés et des décors des châteaux de la Finlande. La conception futuriste du super-ordinateur, bien que réussi pour l'époque, apparaît évidemment datée aujourd'hui. La scène finale est spectaculaire sans être tape-à-l'oeil. Dans ce film de très bonne qualité et qui vaut le détour d'être vu, l'interprétation digne de mention est bien entendu dominée par la présence assurée de Michael Caine, en pleine possession de ses moyens dans un rôle maintenant familier pour lui. Mathieu Lemée

The BLACK WINDMILL aka Contre une poignée de diamants - Don Siegel avec Michael Caine, Donald Pleasence, John Vernon, Delphine Seyrig, Clive Revill, Joss Ackland, Catherine Schell, 1974, Royaume Uni, 106m

 Alors qu'il sortait de l'école, le jeune fils d'un officier des services secrets britanniques, le major John Tarrant, est enlevé par les membres d'une organisation terroriste. Ceux-ci exigent comme rançon des diamants dont la négociation doit servir à lutter contre eux. Tarrant essaie d'obtenir de ses supérieurs les diamants en question mais ils refusent de payer la rançon. Tarrant décide alors de voler les diamants lui-même pour libérer son enfant sans savoir que les ravisseurs manigancent un complot en sous-main pour que la police soupçonne Tarrant du kidnapping de son propre fils. Après avoir échappé à la mort et s'être fait ravir les diamants, Tarrant est maintenant certain que l'enlèvement de son fils et le coup monté contre lui pour le faire accuser, a été mis au point par un traître caché parmi ses supérieurs et il s'emploie alors à le démasquer.

Quittant le contexte américain pour aller tourner en sol britannique, le maître de la série B policière Don Siegel n'a pas du tout semblé dépaysé car l'on constate à nouveau l'excellence de sa mise en scène. Il a effectivement su tourner un autre film d'action enlevant aux péripéties habilement imbriquées les unes dans les autres. L'intrigue bien écrite, développe des situations et des rebondissements tellement vigoureux et bien amenés que l'on a même pas le temps de s'apercevoir s'ils sont invraisemblables ou forcés. Le suspense qui en découle s'avère donc soutenu et les auteurs ont su glisser au passage des touches d'ironie subtiles dans la caractérisation des personnages. Derrière la duplicité et la violence qui est de règle dans le film d'espionnage, Siegel a encore su faire ressortir des sentiments humains plausibles, éléments que l'on a tendance à oublier dans son oeuvre. La trame sonore de Roy Budd, habitué à composer pour des films d'action, est dynamique et solide comme il en est capable. Ne reste plus qu'à attendre la sortie en DVD pour que ceux qui ne l'ont pas vu puissent en profiter pleinement. Michael Caine est rien de moins qu'efficace dans le rôle d'un héros aux abois. Mathieu Lemée

BULLET TO BEIJING aka Beijing Express - George Mihalka avec Michael Caine, Jason Connery, Mia Sara, Michael Gambon, Michael Sarrazin, Lev Prigunov, Anatoli Davydov, Burt Kwouk, John Dunn-Hill, Sue Lloyd,  1995, Canada/Royaume Uni/Russie, 122m

Au cours d'une opération de surveillance de l'ambassade de la Corée du Nord par les services secrets britanniques, un scientifique russe est assassiné lors d'une manifestation pour la paix. S'étant couvert de ridicule dans les journaux lors de cet évènement, l'agent Harry Palmer se voit invité à prendre sa retraite sur-le-champ. Palmer reçoit alors une invitation à Moscou d'un certain Alex qui lui confie la mission de récupérer l'Alorax, un gaz binaire mortel qui lui a été volé et qui intéresse fortement la Corée du Nord. Palmer reçoit l'aide de deux agents d'Alex qui le protègent, Nikolai et Natasha, car la Mafia russe s'attaque à lui. De par un vieux contact, Palmer obtient un tuyau lui communiquant que l'Alorax est à bord d'un train, le Beijing Express, se rendant en Chine. Palmer prend donc place à bord du train et apprend beaucoup de choses alors que plusieurs agresseurs cherchent à l'éliminer ou à lui faire quitter le train. Il se rend compte effectivement qu'Alex s'est joué de lui tout comme il s'est joué de d'autres anciens agents secrets impliqués dans cette affaire car c'est Alex qui veut vendre l'Alorax à la Corée du Nord. Avec l'aide des autres agents secrets impliqués, qu'il connaît d'ailleurs fort bien, de la Mafia russe, de Nikolai et de Natasha, Palmer cherche à contrecarrer les plans d'Alex.

Presque trente ans après "BILLION DOLLAR BRAIN", le personnage de l'agent secret Harry Palmer effectue un retour inattendu sur les écrans grâce à l'égide de producteurs britanniques, russes et montréalais. L'on y retrouve une intrigue d'espionnage compliquée à souhait, le caractère anti-James Bond des situations et une bonne part d'humour de bon ton, jusqu'à de multiples clins d'oeil aux trois précédentes aventures de notre espion à lunettes. La mise en scène a été confiée au Québecois George Mihalka qui semble peu inspiré par le scénario et par les acteurs composant les nombreux protagonistes car elle s'avère flasque et sans vigueur. On a l'impression que malgré sa durée de 2 heures, le film semble avoir été tourné pour le marché de la vidéo et de la télévision; les cadrages, le montage et la photographie étant bien trop standardisés à ces deux médiums. Pourtant, l'ensemble bénéficie d'un récit de bonne facture et des extérieurs naturels de Londres et de la Russie, ce qui aurait pu donner un excellent résultat, mais la plate réalisation se contente d'une illustration affadie accompagnée d'une musique bâclée qui rejoue toujours les mêmes airs. Tel quel, cela se regarde sans passion, mais aussi sans ennui grâce à l'interprétation toujours savoureuse de Michael Caine et des quelques vétérans acteurs qui l'entourent. Seul Jason Connery semble manquer d'expérience au sein de la distribution. Mathieu Lemée

FUNERAL IN BERLIN aka Mes funérailles à Berlin - Guy Hamilton avec Michael Caine, Paul Hubschmid, Eva Renzi, Guy Doleman, Oskar Homolka, Hugh Burden, Heinz Schubert, Günter Meisner, 1966, 102m

Le colonel Ross, dirigeant des services secrets britanniques, charge son agent Harry Palmer d'une mission à Berlin. Il s'agit pour lui de faire passer à l'Ouest un colonel russe, Stok, qui veut faire défection. Palmer rencontre Stok pour s'assurer de sa bonne foi, puis met un plan au point pour lui faire franchir le mur. Il est aidé pour cela d'un agent de liaison, Johnny Vulkan. Palmer prend contact avec Kreutzmann, qui est chef d'une bande spécialisée dans des opérations de défection pour l'application de son plan: faire franchir le mur à Stok caché dans un cercueil. Le plan de Palmer est exécuté sans problèmes mais c'est le corps de Kreutzmann qui est retrouvé dans le cercueil. Palmer comprend qu'il a été le jouet de Stok, qui voulait se débarrasser de Kreutzmann depuis longtemps. Par ailleurs, Palmer s'aperçoit que les papiers d'identité prévus pour l'évasion de Stok au nom de Paul Louis Broom suscite une bien étrange convoitise. Il apprend alors que le vrai Broom est un ancien nazi et criminel de guerre qui a détourné une fortune à des Juifs déportés et que celui-ci a besoin des papiers pour récupérer cette fortune dans une banque suisse. Les services secrets israëliens sont d'ailleurs sur l'affaire eux aussi pour reprendre ces papiers à Palmer. Pour régler la question et sauver sa vie, Palmer tend un piège à Broom.

Le film est tellement complexe qu'il est difficile d'en faire le résumé sans en donner tous les rebondissements ingénieux. Ce résumé-ci n'est donc qu'un aperçu de ce film d'espionnage brillant, situé dans une veine réaliste. Étant donné le succès favorable de "THE IPCRESS FILE", son producteur Harry Saltzman décida de faire une suite aux aventures de l'agent secret Harry Palmer, héros du romancier Len Deighton. La mise en scène a été confié à Guy Hamilton, plus connu pour avoir réalisé l'un des meilleurs James Bond, "GOLDFINGER". Hamilton fait preuve de plus de sobriété que son prédécesseur, Sidney J. Furie, afin de mieux jouer sur les apparences du récit avec le spectateur tout en utilisant avec flair les décors naturels de Berlin. L'intrigue se déroule donc avec un doute continuel dans notre esprit sur le rôle des protagonistes et les manigances qu'ils mettent en pratique. Le ton et l'atmosphère baignent donc volontiers dans le cynisme que peut représenter le métier d'espion. En bref, malgré les nombreuses complications et les retournements de situations qui se présentent durant la projection, l'ensemble est tellement fluide que le spectateur ne risque aucunement de perdre le fil de l'histoire et son intérêt sera accru jusqu'à la fin. Michael Caine a toujours autant de charme, d'humour et de flegme dans le rôle d'Harry Palmer et vaut à lui seul le prix d'entrée. Un film vraiment séduisant. Mathieu Lemée

GET CARTER aka La loi du Milieu - Mike Hodges avec Michael Caine, Ian Hendry, Britt Ekland, John Osborne, Tony Beckley, George Sewell, Geraldine Moffat, Petra Markham, 1971, Royaume Uni, 112m

Apprenant que son frère est mort dans un accident de voiture, un gangster londonien, Jack Carter, se rend à Newcastle pour assister aux funérailles. Une fois sur place, Carter se rend compte qu'il n'est pas le bienvenu dans sa ville natale. Il découvre aussi certains détails troublants qui lui amène à croire que son frère n'est pas mort dans un accident, mais qu'il a été assassiné. Des membres de la pègre de Newcastle tentent de lui enjoindre de quitter la ville mais Carter ne s'en laisse pas imposer et est prêt à tout pour découvrir ce qui se cache derrière le meurtre de son frère. C'est dans un climat de mensonge, de chantage et de complot que Carter apprend l'horrible vérité sur la mort de son frère et l'identité de son meurtrier. Carter lui tend un piège tout en envoyant les détails de l'affaire à la police pour faire le grand nettoyage de la pègre de Newcastle. Mais il ignore que ceux-ci planifient son exécution tout comme son patron de Londres, qui a appris que Carter couchait avec sa maîtresse tout en désobéissant aux ordres de rentrer dans la capitale.

Cette adaptation du roman de Ted Lewis a marqué un point tournant dans l'histoire du cinéma britannique car il s'agissait de l'un des premiers films de style néo-noir. Tous les personnages y sont antipathiques, parlent un langage très crû et ont un comportement violent réaliste, ce qui est étrange venant d'un pays très connu pour sa forte censure au cinéma. Le jeune réalisateur Mike Hodges a eu l'intelligente idée de tourner dans une ville industrielle typique de la Grande-Bretagne pour donner plus de force d'impact à la dureté du récit. Il ne s'agit donc pas d'un film d'action à proprement parler puisque le spectaculaire a été évacué au profit d'une ambiance crasse où la violence se présente de façon brute et sans aucun artifice pour la rendre agréable, de quoi dérouter les attentes du spectateur. Tous ces ingrédients renouvellent donc le polar au cinéma avec brio même si l'intrigue navigue en mer connue sur des thèmes comme la vengeance et la mort camouflée en accident. Les rebondissements ne font cependant pas de quartiers et quittent les sentiers battus. Chose certaine, ce film ne laisse personne indifférent avec l'impression contradictoire de plaisir et de dégoût qui nous reste dans la bouche après le visionnement. Pour toutes ces raisons, ce polar est un classique, un film-culte incontournable qui a du punch et de l'originalité. Il a en tout cas déjoué mes attentes les plus profondes quand je l'ai vu pour la première fois. Michael Caine nous offre une interprétation mémorable et solide dans le rôle de Carter et il est magnifiquement entouré d'une bonne distribution. N'oublions pas non plus l'inoubliable musique de Roy Budd dont le thème restera longtemps dans les mémoires. Mathieu Lemée

  HARRY BROWN - Daniel Barber avec Michael Caine, Emily Mortimer, Charlie Creed Miles, David Bradley, Iain Glen, Sean Harris, Ben Drew, Jack O'Connell, 2009, Royaume-Uni, 103m

Suite à la mort de sa femme, L'ex-marine à la retraite Harry Brown s'est retourné vers son ami Leonard afin de combler le vide de son existence solitaire. Mais lorsque ce dernier est assassiné par un gang de dealers de drogue qui harcèlent les habitants du quartier ouvrier où il habite, Brown décide de ressortir les armes pour venger la mort de son ami en retrouvant et en éliminant les coupables. Pendant ce temps, la détective Alice Frampton essaie également de retrouver les meurtriers de Leonard et de les mettre derrière les barreaux tout en restant dans la légalité. Son impuissance la frappera bien vite, comme elle découvrira tout aussi rapidement les actions justicières d'Harry Brown qu'elle cherchera en vain à convaincre d'abandonner.

Il semble que le cinéma anglais reprenne à son compte les codes du "revenge movie" depuis quelques années. Après OUTLAW, voici maintenant HARRY BROWN, et le moins qu'on puisse dire, c'est qu'il prend autant ses distances vis-à-vis des modèles du genre comme DEATH WISH et WALKING TALL qu'il y fait référence. Le réalisateur Daniel Barber a visiblement préféré dans sa mise en images la peinture d'un milieu ouvrier dans un quartier gangrené par les gangs criminels, plutôt que de justifier les actions réactionnaires de son héros vieillissant. Dans cette optique, le rythme du film est délibérément lent, adoptant ainsi la cadence de son principal protagoniste en lien avec son âge avancé; ce dernier exécutant ses actions vengeresses en prenant son temps, tandis que les loubards en face de lui ont tendance à le sous-estimer. Cette lenteur délibérée confère à l'ensemble un style sobre et des effets de tension bien ménagés qui camouflent habilement les quelques invraisemblances disséminées ça et là. Point besoin d'un tempo ultra-rapide, qui est courant dans la plupart des productions tablant sur l'action brutale, pour soutenir l'intérêt du spectateur. HARRY BROWN est un parfait exemple également qu'il ne compte pas uniquement sur des scènes de violence appuyées typiques du genre pour cartonner au box-office, même s'il en comporte un bon lot. En somme, le film est une sorte de version "troisième âge" plutôt fascinante et prenante d'un genre populaire, où le vétéran Michael Caine n'a aucun mal à s'imposer en ex-militaire à la retraite qui veut purger son quartier du mal qui la décompose. Mathieu Lemée

The HOLCROFT COVENANT aka Le Pacte Holcroft - John Frankenheimer avec Michael Caine, Victoria Tennant et Anthony Andres, 1985, Angleterre, 112m

Un général nazi, proche confident d'Adolf Hitler amène dans la tombe avec lui, une énorme fortune appartement à l'armée allemande. Plusieurs années plus tard, son fils en découvre l'existence, mais aussi, une légion d'autres individus qui voudraient bien toucher au magot.

John Frankenheimer est un réalisateur capable de faire de bons films et malgré le fait que sa carrière a été en dents de scie, il était un candidat intéressant malgré tout pour mettre sur écran le roman de Robert Ludlum, bien tortueux. Malheureusement, THE HOLCROFT COVENANT tient difficilement la route, pas parce que son scénario est inintéressant, mais qu'il va dans tous les sens sans attraper le spectateur en passage, de par le rythme ni par les personnages, assez ternes. Frankenheimer insère au passage, des scènes d'action et de flingues plutôt sympathiques et ces scènes s'avèrent les plus réussies de l'entreprise. C'est tout l'aspect touchant aux trahisons, aux personnages, aux nombreux mystères de l'intrigue qui malheureusement vient complètement alourdir un film qui n'avait pas besoin de tant. Michael Caine est à l'aise, joue bien et en donne pour la peine, le reste du casting va de l'ordinaire à mauvais. On sent que Frankenheimer a voulu donner une aura de mystère à tous les personnages sauf celui de Caine, dans le but d'accentuer le mystère de l'intrigue. Si bien que tous les personnages ont l'air louche et chaque angle de caméra avec visage de profil et regard suspect devient risible. Dommage donc, un thriller qui aurait pu être bien meilleur. Abba

The IPCRESS FILE aka Ipcress Danger Immédiat - Sidney J. Furie avec Michael Caine, Nigel Green, Guy Doleman, Sue Lloyd, Gordon Jackson, Frank Gatliff, 1964, Royaume Uni, 107m

Un scientifique, Radcliffe, est enlevé par un espion albanais, Grandby à Londres. Le colonel Ross, responsable des services secrets, envoie un de ses agents, Harry Palmer, au service de contre-espionnage dirigé par le commandant Dalby qui est chargé de retrouver le savant et de négocier sa récupération. Mis au parfum, Palmer retrace Grandby à Londres et entame les négociations achevées par Dalby. Dans sa quête, Palmer trouve également une bande magnétique avec une inscription: IPCRESS. L'échange s'effectue cependant comme prévu dans un stationnement souterrain, mais aussitôt après, Palmer abat un agent américain de la CIA qui espionnait dans les parages. Dès le lendemain, non seulement s'aperçoit-on que Radcliffe est amnésique mais aussi que Palmer à un agent américain chargé de le surveiller et de vérifier s'il est régulier. Les choses alors se précipitent dramatiquement: Un collègue de Palmer parvient à déchiffrer la signification de la bande magnétique IPCRESS et en fait part à Palmer. Il est tué peu après, puis Palmer trouve le cadavre de l'agent américain qui le surveillait dans son appartement et en prime, le dossier IPCRESS volé à son bureau. Persuadé qu'un de ses supérieurs est un agent double, Palmer cherche à le démasquer tout en quittant Londres pour sa sécurité, mais il est capturé par les hommes de Grandby et emprisonné en Albanie pour subir un traitement spécial avec tortures et autres joliesses pour qu'il perde la mémoire sur ce qu'il sait. Palmer parviendra-t-il à résister?

Voilà un film d'espionnage britannique compliqué à souhait qui a du charme à revendre. Produit par Harry Saltzman, co-producteur des James Bond, le film présente un agent secret, Harry Palmer qui est tout l'opposé de 007: Il porte des lunettes, n'utilise pas de gadgets, doit passer par la hiérarchie bien qu'il soit réputé pour son insubordination et doit même remplir de la paperasse pour faire ses rapports de mission. Bref, il n'est pas un surhomme bien qu'il a lui aussi de l'humour et un certain attrait pour la beauté féminine. Ce héros d'espionnage réaliste existe d'abord dans l'univers du romancier Len Deighton, auteur dans la veine sérieuse et critique du milieu des services secrets d'un John Le Carré. C'est dire à quel point l'intrigue présente des personnages à la fois manipulateurs et manipulés qui ne sont pas ce qu'ils semblent être. Sidney J. Furie, réalisateur canadien émigré en Angleterre, a filmé cette histoire de façon originale en employant des prises de vues et des cadrages insolites (angles biscornues, actions des personnages filmées à travers divers objets situés dans le champ) et en réglant chaque scène avec précision. L'ensemble se veut intriguant et retient notre attention grâce aux rebondissements et aux développements adroitement ménagés dans l'intrigue. La création d'atmosphère est bien rendue et est même renforcée par l'excellente musique aux accents psychédéliques de John Barry. La séquence de torture de Harry Palmer s'avère la meilleure du film et la plus fascinante. Le dialogue est brillant et suffisamment clair pour que l'on ne se perde pas trop dans les complexités du récit (les explications ont juste la longueur voulue) tout en ayant quelques pointes humoristiques au ton bien british. Une oeuvre fortement recommandé, à voir absolument. Je l'ai vu pour la première fois il y a 25 ans à la télé et ce film m'a profondément marqué dès mon jeune âge et a contribué à me faire aimer le cinéma. Je le revois toujours avec plaisir aujourd'hui. Michael Caine, devenu célèbre grâce à son incarnation du personnage d'Harry Palmer, offre une composition magistrale et séduisante du héros et le reste de la distribution est suavement délicieuse. Mathieu Lemée

JAWS 4: THE REVENGE aka Les Dents de la Mer 4: la Revanche - Joseph Sargent avec Lorraine Gary, Lance Guest, Michael Caine, Mario Van Peebles, Karen Young, 1987, États Unis, 90m

À Amity Island, pendant la saison hivernale, Sean Brody, fils cadet de Martin Brody, ancien chef de police de l'endroit décédé d'une crise cardiaque, a succédé à son père. Au cours d'une inspection de routine des environs des quais, Sean est attaqué et dévoré par un grand requin blanc. Sa mère Ellen est convaincue que le requin qui a dévoré son fils veut venger ses congénères tués par son mari et régler un compte à sa famille. Son autre fils, Mike, lui suggère d'oublier le passé et de l'accompagner aux Bahamas où il habite pendant sa thèse de doctorat. Elle accepte et une fois sur place, reprend progressivement goût à la vie et tombe même amoureuse d'un pilote, Hoagie. Mais elle ignore que son fils Mike a échappé de justesse à une attaque d'un grand requin blanc pendant une exploration sous-marine de recherches pour sa thèse. Quand le requin s'attaque à la fille de Mike sous les yeus d'Ellen et de sa mère, Ellen a pris sa décision et est bien décidée à mettre fin à ce cauchemar. Elle s'empare d'un bateau et prend la mer, prête à affronter le requin et son destin.

Il est extrêmement difficile d'accorder créance à une telle histoire, qui tient plus d'une imagination gratuite que d'une crédibilité essentielle. En effet, comment peut-on croire un seul instant qu'un requin a des sentiments humains et veut venger les siens en s'en prenant exclusivement à la même famille? Cela tient donc plus de la science-fiction que du réalisme. Un vétéran réalisateur met tout cela en scène sans aucune personnalité. Il est d'ailleurs décevant que les effets d'horreurs aient été considérablement réduits par rapport aux précédents "JAWS" car il y a peu de victimes dans ce film. La technique est inégale (le treuil et les rails faisant bouger le requin sont souvent visibles) mais supérieur à "JAWS 3". Quelques scènes de suspense retiennent néanmoins l'attention, mais c'est bien peu comparé aux possibilités que le requin peut offrir. Malgré le format scope du film, on a l'impression de regarder un produit pour la télévision, tellement la photographie, le montage et le rythme d'ensemble rappelle ce genre de production. Les interprètes s'en tirent cependant assez bien, notamment Lorraine Gary et Michael Caine qui n'a heureusement pas pris le film au sérieux et a su apporter une bonne dose d'humour réjouissant. Mathieu Lemée

The MARSEILLE CONTRACT aka The Destructors aka Marseille Contrat - Robert Parrish avec Michael Caine, Anthony Quinn, James Mason, Maureen Kerwin, Maurice Ronet, Catherine Rouvel, Alexandra Stewart, Marcel Bozzuffi, 1974, France/Royaume Uni, 89m

Steve Ventura est le chef du bureau parisien de l'agence américaine de la lutte anti-drogue. Il voue une haine tenace et carrément personnelle envers un gros trafiquant nommé Brizard, qui a fait abattre deux de ses meilleurs agents. Comme Brizard est intouchable par les voies légales, Ventura engage alors un tueur à gages, Deray, pour le descendre. Le tueur s'immisce dans l'entourage de Brizard et va même jusqu'à tuer un mouchard pour le mettre en confiance. Mais Brizard demeure méfiant et il confie une mission à Deray qui s'avère être un piège. Deray parvient à s'en sortir et se décide finalement à descendre Brizard. Il échoue cependant et est finalement abattu. Ventura décide alors de supprimer lui-même Brizard, mais ira-t-il jusqu'au bout?

L'intrigue de ce thriller d'action typique des années 70 a été volontairement embrouillée et elle semble se situer quelque peu dans la lignée des productions qui ont profité du succès de "FRENCH CONNECTION" et de d'autres films policiers, avec sa vision froide et parfois romantique du monde interlope. Le récit fonctionne comme un chassé-croisé de petites histoires et de traîtrises qui se dénoue bien entendu par la suppression d'une partie des protagonistes. Il n'y a donc pas d'originalité particulière dans le scénario mais la mise en scène professionnelle et efficace de Robert Parrish (qui allait travailler avec Bertrand Tavernier plus tard) donne le souffle nécessaire à ce thriller d'action pour retenir notre attention. Il y a même quelques scènes clés qui sortent un peu le film de la routine comme cette poursuite en voiture à caractère romantique qui a été empruntée par John Woo pour une scène de "MISSION IMPOSSIBLE 2" (le tango des voitures avec Cruise et Newton). Ainsi donc, sans être à la hauteur de "THE BLACK WINDMILL", ce film reste de qualité et bénéficie d'une autre excellente trame sonore de Roy Budd tout comme d'une bonne utilisation du contexte et du décor français. Le trio vedette, sans mettre trop de conviction, joue leurs personnages respectifs consciencieusement et avec retenue. Mathieu Lemée

PLAY DIRTY aka Enfants de Salauds - André De Toth avec Michael Caine, Nigel Davenport, Nigel Green, Harry Andrews, Patrick Jordan, Daniel Pilon, Martin Burland, George McKeenan, Bridget Espeet, Bernard Archard, 1969, Royaume Uni, 118m

Pendant la Deuxième Guerre Mondiale en Afrique du Nord, le colonel Masters de l'Armée Britannique est chargé d'envoyer un commando spécial pour faire exploser les dépôts d'essence de l'Afrika Korps localisés en Libye. Comme ils sont situés profondément en territoire ennemi, Masters désigne pour assurer la réussite de cette mission de sabotage un ex-prisonnier militaire: le capitaine Cyril Leech. Celui-ci commande une bande de mercenaires, tous des criminels déjà condamnés, qui se spécialise néanmoins dans les missions difficiles. Un officier régulier expert en installations pétrolières doit cependant diriger cette petite troupe à la demande du Haut-Commandement militaire. Malgré son manque d'enthousiasme, c'est le capitaine Douglas qui est choisi. Ce dernier devient vite le mouton noir du groupe, surtout lorsqu'il conteste les méthodes brutales et peu orthodoxes de Leech et de sa bande de voyous. Tous ignorent toutefois qu'ils doivent en fait servir d'appât pour attirer l'attention des soldats allemands afin qu'une plus grand unité de l'armée anglaise se fraye un chemin jusqu'aux dépôts pour s'emparer des fûts intacts. Le commando parvient quand même à échapper aux Allemands après une longue randonnée dans le désert, mais c'est pour aboutir sur un site abandonné. Douglas enjoint alors Leech et ses hommes, convaincus que leur mission est terminée, de continuer à chercher le véritable site et de le faire sauter.

L'immense succès de THE DIRTY DOZEN a engendré vers la fin des années 60 toute une panoplie de films de guerre jouant sur le registre du commando anticonformiste composé d'ex-taulards peu scrupuleux chargés d'une mission périlleuse. Si dans la plupart de ces similis, le tintement des sous et l'accumulation de beaux billets verts dans le tiroir-caisse ont constitué l'argumentaire principal qui motiva leur conception chez divers producteurs, il est arrivé parfois que le propos antimilitariste de l'oeuvre originale d'Aldrich ne serve pas que d'atout commercial. D'accord que le titre PLAY DIRTY ne cache pas dans ce cas-ci la source de son inspiration première! Mais pourtant, cette version britannique revampée d'un classique du genre parvient à être bien plus qu'un simple clone. Le vétéran réalisateur hongrois André de Toth, qui s'est fait un nom dans les genres populaires aussi bien aux États-Unis (film noir, western, horreur avec le classique HOUSE OF WAX) qu'en Europe (espionnage, péplum à l'italienne), possède cette capacité de transcender parfois les sujets qui lui sont confiés et à élever la série B au-delà de l'étiquette artisanale et simpliste que certains critiques lui affublent trop facilement. Au travers des conflits qui opposent un officier militaire dit respectable avec la bande de va-nu-pieds sans scrupules qui l'accompagne, les auteurs fournissent quelques développements intéressants à leur intrigue pour souligner la cruelle absurdité et les enjeux discutables de la plupart des missions spéciales pendant la Dernière Guerre. En ce sens, les officiers supérieurs dans ce film sont tout autant des enfants de salauds que ces pieds-nickelés expédiés à l'abattoir où bien les Nazis qu'ils combattent. Le propos antimilitariste s'avère donc volontiers cynique et se nourrit parfois de quelques outrances passagères bienvenues qui ne viennent pas trop en alourdir la portée. Une mise en scène sobre, techniquement fignolée lors des scènes d'actions et nantie d'une belle photographie de divers paysages désertiques, font de ce PLAY DIRTY un film plus réussi qu'il n'en a l'air à prime abord. Il clôt également sur une bonne note la carrière d'un réalisateur à la filmographie sous-estimée. La compétence des acteurs anglais engagés dans l'entreprise avec Michael Caine en tête d'affiche n'est plus à confirmer. Mathieu Lemée

PULP aka Retraite Mortelle - Mike Hodges avec Michael Caine, Mickey Rooney, Lionel Stander, Nadia Cassini, Lizabeth Scott, Dennis Price, Al Lettieri, Leopoldo Trieste, 1972, Royaume Uni, Malta, 95m

Mickey King est auteur de romans policiers de gare. Preston Gilbert, acteur spécialisé dans les films de gangsters, l'engage pour écrire sa biographie. À peine King se met-il au travail que sa route commence à être semé de cadavres. Gilbert est également tué et King décide de faire lui-même l'enquête pour retrouver son assassin. Il en vient à soupçonner un important politicien, Cippola, d'avoir commander le meurtre de Gilbert. Il voulait en fait dissimuler ses magouilles dont l'acteur aurait été témoin et qu'il craignait de voir révélé dans le livre de King. Le romancier cherche alors des preuves pour incriminer Cippola mais il s'aperçoit à la longue qu'être détective n'est pas chose aisée car il n'arrive pas à confondre le politicien.

Attention! Ce film n'est en rien une adaptation du célèbre roman "PULP" écrit par Charles Bukowski. On s'en rend vite compte néanmoins lorsque l'on voit le film. Après le succès de "GET CARTER", le producteur Michael Klinger, le réalisateur Mike Hodges et l'acteur Michael Caine ont de nouveau fait équipe pour tenter de faire un autre polar original et ils ont pratiquement réussi. "PULP" se présente d'abord comme une parodie du roman policier traditionnel de série noire avec de multiples clins d'oeil à des auteurs comme Raymond Chandler et Dashiell Hammett, mais aussi au film noir comme entre autres les films de John Huston avec Humphrey Bogart: "THE MALTESE FALCON" et "BEAT THE DEVIL" pour ne nommer que ceux-là. Mike Hodges nous livre une mise en scène soignée marquée par des effets de style pour exploiter avec humour ces références à des oeuvres maîtresses du genre. L'utilisation de la voix-off du principal protagoniste joué par Michael Caine se veut d'ailleurs une narration au ton fort ironique, allant même parfois jusqu'à créer un décalage avec ce qui se passe à l'écran. On peut donc dire sans se tromper que "PULP" se présente comme la parfaite antithèse à "GET CARTER" mais le spectateur qui ne connaît pas vraiment les romans ou les films de série noire risque de ne pas saisir les blagues du film, présentées souvent comme des "insides jokes", ce qui explique peut-être pourquoi le film n'a pas connu autant de succès. L'ensemble se veut aéré malgré les violences propres au genre et contient de très bonnes idées comiques. Avec un personnage tout à l'opposé du tueur de "GET CARTER", Michael Caine profite de l'occasion pour se montrer désinvolte et amusant et Mickey Rooney se dépense à tout va dans les quelques scènes où il figure. Un film culte d'une étrangeté unique. À redécouvrir, même s'il n'a pas la notoriété de "GET CARTER"! Mathieu Lemée

The SWARM aka L'Inévitable Catastrophe - Irwin Allen avec Michael Caine, Richard Widmark, Katharine Ross, Olivia de Havilland, Ben Johnson, Fred MacMurray, Henry Fonda, Richard Chamberlain, Patty Duke Austin, Bradford Dillman, Lee Grant, Jose Ferrer, Slim Pickens, 1978, États Unis, 155m

Une base de missiles nucléaires situé dans le désert du Texas ne répond plus aux appels du quartier général. Un commando spécial est envoyé et découvre que tout le personnel de la base est mort. Seul un civil est trouvé vivant sur lieux. Les militaires le soupçonnent immédiatement d'être un espion ayant contribué à l'invasion de la base, mais celui-ci se présente comme étant un entomologiste, le docteur Crane, possédant des amis hauts-placés à Washington. Crane parvient difficilement à convaincre le général Slater que la raison de sa présence dans la base est due au fait qu'il suivait à la trace une nuée d'abeilles meurtrières qui ont réussi à y pénétrer et tuer tout le personnel. D'autres incidents amènent finalement à croire que Crane dit la vérité et Slater se voit chargé de permettre à celui-ci de trouver un moyen d'anéantir ces abeilles sans toucher à l'environnement. Crane fait réunir une équipe de scientifiques et aussitôt ils travaillent d'arrache-pied pour trouver ce moyen tout en cherchant un antidote qui empêcherait les victimes de mourir des piqûres mortelles des abeilles. Toutes les tentatives échouent et les abeilles continuent leurs ravages. Elles foncent tout droit vers la grande ville de Houston sans que rien puissent les arrêter, même pas les lance-flammes des militaires. Crane tente alors une manoeuvre désespérée pour les détruire coûte que coûte.

Au début des années 70, Irwin Allen est devenu le producteur par excellence des films catastrophe à gros budgets avec des oeuvres comme "THE POSEIDON ADVENTURE" ET "THE TOWERING INFERNO". Bien que ce sous-genre se soit amenuisé par la suite, Allen persiste et signe avec cette super-production qu'il a lui-même réalisé. Bien qu'inspirée de certaines attaques réelles d'abeilles en Afrique, l'intrigue a bien du mal à tenir la route à cause des conflits trop artificiels entre les principaux personnages. Des scènes mélodramatiques plutôt inutiles tuent dans l'oeuf la possibilité de vraiment s'intéresser à leurs sorts. Les développements de l'histoire relèvent des clichés et des invraisemblances coutumières aux films d'Allen, avec en plus une finale spectaculaire précipitée sans ménagements comme un coup de poing à la figure, ce qui achève de démolir la crédibilité de la narration surtout avec la durée passablement longue du film. Les dialogues sont d'un rachitisme si rare qu'on se marre dès que l'on entend une phrase incongrue ou un échange verbal fabriqué. Restent les séquences d'attaques d'abeilles techniquement réussies et quelques passages visuellement attirants. La réalisation d'Allen manque cependant de punch, si bien que son film n'est plus qu'une grosse série B boursouflée par son budget. Le casting est impressionnant par le prestige des noms sur le générique mais seul Henry Fonda est excellent alors que Michael Caine et Richard Widmark semblent tellement peu naturels que l'on s'imagine qu'ils ont l'air de se demander ce qu'ils foutent là en dehors du chèque de paye. En bref, le film m'a fait beaucoup rire et je vous souhaite d'en faire autant lorsque vous le verrez. Mathieu Lemée

Google
 
Web www.clubdesmonstres.com

CHARLES BRONSON

100 FILMS | INTRODUCTION | ART | ARCHIVES | BESTIAIREBLOG | NOS CHOIX | COURRIER | DICTIONNAIRE VISUEL | EDWIGE FENECH | FIGURINES | FORUM | GAZETTE | LECTURES | LIENS | LUTTE | MP3 - WAV | REPORTAGES | RESSOURCES | PHOTOS | VISIONNEMENTS | VENTE